Janusz Korczak (né le 22 juillet 1878, décédé le 5 août 1942), de son vrai nom Henryk Goldszmit, était en Pologne, avant la Seconde Guerre mondiale, une des personnalités scientifiques les plus en vue et les plus respectées dans le domaine de l’enfance. Ami des enfants, médecin-pédiatre et écrivain, il est en particulier connu pour s'être laissé déporter au camp d’extermination de Treblinka avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’avait pas voulu abandonner (voir le film d'Andrzej Wajda : Korczak, 1989).
« Le fait que Korczak ait volontairement renoncé à sa vie pour ses convictions parle pour la grandeur de l’homme. Mais cela est sans importance comparé à la force de son message », disait Bruno Bettelheim.
L'histoire de la vie de Janusz Korczak a été décrit dans beaucoup de livres. Le Film "Korczak" d'Andrzej Wajda raconte l'histoire de sa vie et en partie sa déportation avec ses élèves par les nazis de l'école juive Dom Sierot à Treblinka.
Né d'une famille juive assimilée à Varsovie ; sa mère, Cecylia Głębicka, était une membre de la communauté juive de Kalisz, son père, Józef Goldszmit, avocat, était un partisan du mouvement progressiste juif Haskala. Lors de sa naissance, sa famille ne prit pas soin de l'inscrire au registre des naissances, d'où la difficulté ultérieure de déterminer son année de naissance. La famille Goldszmit a vécu dans différents endroits de Varsovie : Bielańska 18 (peut-être son lieu de naissance), Krakowskie Przedmieście 77, Miodowa 19, Pl. Krasińskich 3, Nowosenatorska 6 (aujourd'hui Rue Molière). Il passa ses années scolaires (1886-1897) à Augustin Szmur dans la rue Freta. Il alla au Gymnasium dans le quartier Praga (VIIIème Lycée Ladislas IV Vasa). L'école, comme toutes celles du côté de la Pologne occupée par la Russie, était faite en russe, jusqu'aux cours de polonais et de religion. A l'âge de 15 ans, Janusz Korczak devint un passionné de lecture.
Son père mourut en 1896 (peut-être en se suicidant), laissant sa famille sans ressources et dans l'obligation d'abandonner l'appartement spacieux où ils vivaient. Après la mort de son père, vers 17-18 ans, les conditions de vie se dégradèrent significativement et il dut se mettre à travailler en donnant des cours privés pour soutenir sa mère, sa sœur et sa grand-mère.
En 1898, il entreprit des études de Médecine à l'Université de Varsovie. Cette même année, il prit le pseudonyme de Janusz Korczak dans un concours littéraire de Ignacy Jan Paderewski. En 1899, Korczak partit en Suisse, afin de se familiariser avec la pédagogie de Johann Heinrich Pestalozzi. Visitant le pays, il s'intéressa beaucoup aux écoles, hôpitaux pour enfants, ainsi que les salles gratuites de lecture pour les enfants. Le 17 mars 1905, il obtint son diplôme de médecin à la fin de ses cinq années d'études. Pendant la Guerre russo-japonaise de 1905, il fut médecin militaire. Entre 1903 et 1912, il travailla comme pédiatre à l'Hopital pour enfants Berson et Bauman de la Rue Śliska 51. En tant que médecin, il avait droit à un appartement de fonction et recevait 200 roubles par ans en 4 fois, mais se faisait porter malade à chaque échéance. Il travailla avec Samuel Goldflam, avec lequel il soutint de nombreuses causes sociales.
En 1907, il partit pour Berlin, pour parfaire ses études de médecine. Il allait à des conférences (pour lesquels il devait payer lui-même) et travailla dans une clinique pour enfants, il visita aussi différentes institutions d'enseignements. Quand il travailla pour la Société des Orphelins en 1909, il rencontra Stefania Wilczyńska. En 1911-1912, il devint le directeur de Dom Sierot, l'orphelinat qu'il créa pour les enfants juifs de Varsovie. Il prit Wilczyńska comme associée. Il y forma une forme de "République" des enfants avec son propre Parlement, Tribunal et Journal et réduisit en conséquence ses activités de médecin. En 1911, il prit la décision de ne pas fonder de famille.
Entre 1914 et 1918, il fut le plus jeune Lieutenant à la tête d'un hôpital militaire sur le front ukrainien. Il travailla quelque temps à Kiev dans la Maison pour Adolescents Polonais dirigée par Maryna Rogowska-Falska. En 1918, il revint à Varsovie et travailla à l'hôpital épidémique de Łódź puis à Kamion près de Varsovie. En 1920, avec le grade de Major, il participe à la Guerre russo-polonaise comme médecin militaire de nouveau mais est envoyé à Varsovie. Il contracta le Typhus, sa mère est décédée.
En 1898, il prit part à un concours de théâtre organisé par le journal Kurier Warszawski. Korczak envoya son œuvre dramatique intitulé Którędy? sous le pseudonyme Janasz Korczak. Il s'inspire du livre Lekturze powieści Kraszewskiego Historii o Janaszu Korczaku i pięknej miecznikównie, de Józef Ignacy Kraszewski et doit son pseudonyme futur à une erreur typographique (Janusz-Janasz).
En 1900, sous le pseudonyme Hen-Ryk, il travaille dans l'hebdomadaire satirique Kolce en tant que co-auteur d'une histoire à sensation Lokaj. A partir de 1901, il écrit des courts feuilletons, d'abord en épisodes dans Czytelni dla Wszystkich (N.1 à 18) (Les Enfants de la rue), puis par la suite dans un recueil littéraire. Entre 1903 et 1905, il publie des feuilletons dans l'hebdomadaire Głos, dans lequel il dirige la rubrique Na widnokręgach. En 1904, dans les colonnes de Głos, il commence à publier par épisode l'histoire Dziecko salonu. En 1906, il fait publier son livre portant le même titre. Il publie par la suite Pedagogika żartobliwą, Moje wakacje, Gadaninki radiowe Starego Doktora.
En 1926, il met en place Mały Przegląd (1926-1939), qu'il dirige pendant 4 années. Il s'agit d'un supplément au journal Nasz Przegląd et était rédigé par des enfants et adolescents. Il milita activement pour la popularisation de la défense des droits de l'enfant par le biais d'émissions de radio. Igor Newerly fut son secrétaire puis plus tard collaborateur. En Septembre 1939, Korczak est conférencier à la Radio Polonaise.
En décembre 1899, il fut arrêté pour son militantisme (il avait mis en place des salles de lecture dans un orphelinat de Varsovie). Il fut le fondateur du seizième groupe Hachomer Hatzaïr, organisation de scoutisme juive fondé à Vienne en 1916.
Il devint franc-maçon vers 1925 et se trouva initialement dans la loge Gwiazda Morza de la fédération internationale Le Droit Humain mise en place afin de "concilier toutes les personnes, qui sont divisées par des barrières religieuses, et chercher la vérité en maintenant le respect d'autrui."
Dans le Ghetto, il portait son uniforme polonais et refusait de porter l'étoile de David car il considérait que cela désacralisait le symbole. Dans les trois derniers mois de sa vie, à partir de mai 1942, il travailla sur un mémoire (publié à Varsovie en 1958) du ghetto de Varsovie. Sur les deux dernières années de sa vie, il s'occupa presqu'exclusivement des enfants de son orphelinat. Il se demandait en même temps s'il ne devait pas se suicider et euthanasier les nouveau-nés et personnes âgées du ghetto. Dans le même temps, Igor Newerly essaya d'obtenir des papiers à Korczak, mais ce dernier refusa (ce qu'il fit à plusieurs reprises lorsque des occasions de s'échapper seul du ghetto se présentèrent). Il écrivit dans son mémoire pour la dernière fois le 5 ou 6 août 1942, à propos de plantes et d'un soldat allemand posté près du mur du ghetto.
Il disparut en même temps que ses enfants du ghetto en 1942, entre le 5 et le 7 août, décidant de lui-même et insistant même pour pouvoir accompagner ses enfants sur leur route vers les chambres à gaz de Treblinka. Le départ du ghetto a été maintes fois décrit par des témoignages extérieurs comme celui de Joshua Perle ou de Władysław Szpilman (dans le Le pianiste (livre).
Au petit matin du 5 ou 6 août 1942, des soldats SS, ukrainiens et lettons encerclèrent le Petit Ghetto. Selon Abraham Lewin, cela eut lieu le 7 août. Avant que le cortège ne remonte la rue Resursy Kupiecka, près de la rue Śliska, il n'est pas certain de quelle fut la route empruntée pour aller au Umschlagplatz, peut-être de Karmelicka et Zamenhoff à Stawek, ou alors de Żelazna et Smocza. Korczak menait les enfants, sans chapeau, dans des bottes militaires, tenant deux enfants par la main. Il y avait dans le cortège 192 enfants et près de dix de leurs soignants, dont Stefania Wilczyńska. Les enfants marchaient 4 par 4 dans leurs plus beaux habits, portant le drapeau du Roi Matthias Ier. Ce même jour, l'armée nazie déporta d'Umschlaplatz 4000 enfants des orphelinats et leurs aides du ghetto de Varsovie.