Joaquín Albarrán (1860-1912) est un médecin français d'origine cubaine, professeur à la Faculté de Médecine de Paris ; il est l’un des pionniers de la chirurgie urologique.
Joaquin Maria Albarran y Dominguez est né à Sagua La Grande, dans la Province de Villa Clara à Cuba, le 9 mai 1860 ; son père, d’origine espagnole était venu exercer la médecine dans cette ville où il avait épousé une jeune fille du pays. Il commenca sa scolarité jusqu’à l’âge de neuf ans à La Havane et son père pensa le diriger de bonne heure, comme son frère ainé vers la médecine. Orphelin très tôt, il fut envoyé en Espagne, chez l’un de ses parents pour poursuivre ses études à Barcelone : à quatorze ans, il est déjà bachelier et docteur en médecine, en 1877, à dix-huit ans ; trop jeune pour exercer, il vint à Paris pour compléter sa formation.
Il se laissa tout d’abord emporter par le tumulte de la vie parisienne, comme le raconte son disciple Maurice Heitz-Boyer dans le discours qu’il lui consacra au congrès d’ urologie de 1934 ; après quelques mois de vie intense de plaisir, Albarran se remit au travail et un hasard lui fit rencontrer Paul Latteux, qui enseignait l’ histologie : il se passionna alors rapidement pour ces horizons nouveaux et poursuivit sa formation avec Louis Ranvier qui dirigait le laboratoire d’histologie du Collège de France et c’est lui qui le persuada de faire carrière en France. Alors qu’il passait tous ses après-midi sur son microscope, il allait le matin chez Edouard Brissaud à l’Hôtel-Dieu : sur les conseils de ce maître, il soutint une thèse avec pour sujet « Les tumeurs des testicules ».
Externe des hôpitaux à vingt trois ans, il fut reçu major de l’internat des Hôpitaux de Paris en 1884, dans une promotion qui comprenait entre autres Pierre Delbet, Fernand Widal, Louis-Henri Vaquez, Pierre Sebilleau.
Il fréquenta le service d'Ulysse Trélat pour y apprendre la chirurgie, celui de Jacques-Joseph Grancher pour se perfectionner en médecine et en troisième année, il fut l’interne d’Auguste Le Dentu; il termina son internat chez Félix Guyon, dont l’influence fut déterminante dans l’avenir professionnel d’Albarran. Malgré ses activités hospitalières, il trouva néanmoins le temps d’étudier la bactériologie et assista Louis Pasteur dans ses travaux. A la fin de son internat, il obtint la médaille d’or et, c’est dans le service de Guyon, qu’il fit son année supplémentaire et qu’il décida d’orienter sa carrière dans le domaine de l’urologie ; il voua toute sa vie une admiration sans bornes pour son maître.
Alors qu’une épidémie de choléra frappait le sud de l’Espagne, la Faculté de Médecine de Paris décida d’envoyer une mission d’assistance et c’est Joaquim Albarran qui fut choisi comme adjoint à Paul Brouardel et à Albert Charrin, sans doute parce qu’il maîtrisait la langue, mais aussi en raison de ses connaissances approfondies en bactériologie.
Poursuivant sa carrière, il devint Chef de clinique dans le service d’urologie en 1890, professeur agrégé en 1892, deux ans plus tard chirurgien des hôpitaux et resta, comme tel attaché à l’ hôpital Necker où il se vit dans l’obligation de s’occuper de chirurgie générale. En 1906, il succéda à son maître, Félix Guyon comme directeur de la Clinique d'urologie à l'Hôpital Necker : sa clinique eut une réputation mondiale et attira des étudiants de tous pays. Lorsque, le 14 novembre 1906, il prit possession de sa chaire à Necker et inaugura son enseignement, il posait les grandes lignes de ses objectifs, à savoir s’affranchir de la tradition tout en suivant l’exemple de ses prédécesseurs : « C’est suivre l’exemple de nos maîtres que de ne pas les imiter, disait-il ; ils ont acquis de leurs prédécesseurs et nous ont transmis le dépôt sacré des grandes traditions de notre école, à savoir le respect du passé uni à l’indépendance de la critique et de l’audace de la pensée personnelle».
Alors qu’il était au sommet de la hiérarchie et que ses rêves étaient devenus réalités, il dut, en 1908, quitter sa clinique et se reposer quant on découvrit qu’il était atteint de tuberculose ; il ne réapparut jamais à Necker et il se réfugia tout d’abord, en Espagne, au soleil de Malaga, mais réaliste sur l’évolution de sa maladie et désireux de finir sa vie en France, il se retira définitivement à Arcachon avec sa famille : il est décédé à Paris, le 17 janvier 1912, il avait cinquante deux ans. Il est enterré au cimetière de Neuilly-Sur-Seine.
Sa première épouse, décédée de façon dramatique en quelques heures, d’une hémorragie interne, l’avait laissé veuf avec deux enfants en bas âge ; il avait refait sa vie plus tard et de cette union étaient deux autres enfants. Il est le père du bridgeur Pierre Albarran et le grand père du prospectiviste Thierry Gaudin.