Maladie émergente - Définition

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Veille

La bonne gestion de crise sanitaire implique une veille dans le domaine éco-épidémiologique et écologique et une réactivité optimale.

L'OIE, l'OMS et l'ONU soutiennent une veille permanente, et un programme "Glews" (Global early warning system) aidant notamment les 10 pays d'Afrique et 10 pays d'Asie les plus atteints par la grippe aviaire" (virus H5N1).

La Commission européenne a créé un Comité scientifique sur les risques émergents et nouvellement identifiés pour la santé (SCENIHR) et soutient un projet "Eden" (Emerging Diseases in a changing European Environment) avec 48 partenaires dans 24 pays pour étudier, décrire et quantifier les impacts des agents pathogènes/vecteurs et leurs relations avec les modifications écopaysagères et socioculturelles. Eden doit s'appuyer sur la télédétection, la modélisation épidémiologique, mais aussi les sciences de l'écologie et biodiversité) pour décrire, modéliser et surveiller le fonctionnement des maladies émergentes en Europe.

Par ailleurs, les autorités de santé animale de Belgique (CERVA / AFSCA) ont mis en place en 2009, en collaboration avec la recherche agronomique française (INRA), un système d'information épidémiologique (émergences2) dédié à la veille sur les maladies animales émergentes. Ce système, qui peut concerner la faune domestique et sauvage, fonctionne via Internet et permet d'apparenter, automatiquement et en temps réel, les cas cliniques d'origine indéterminée semblant relever d'un même processus étiologique et susceptibles de signer l'émergence d'un maladie. Il s'agit, à travers émergences2, d'instituer une "veille sanitaire ouverte et interactive" aidant à la détection précoce d'une maladie ou d'un syndrome émergent.

Causes et facteurs aggravants

Tout contexte d’instabilité écologique, paysagère, environnementale ou sociale (guerre, déplacements de réfugiés, appauvrissement de populations, etc.) peut favoriser une maladie émergente ou sa diffusion.

Les facteurs suivants semblent compter parmi les premières causes de prolifération des maladies infectieuses.

  • promiscuité ; La promiscuité entre les personnes et les animaux domestiques et/ou sauvages, et la promiscuité entre animaux domestiques et animaux sauvages, qui augmentent avec la mondialisation des transports et des échanges sont un facteur de contagion ;
  • érosion de la biodiversité ; (incluant le recul des prédateurs);
  • Changements climatiques : ils favorisent la propagation des agents pathogènes émergents ou classiques à travers le monde ; des années 1970 à 2000 les isogéothermes (lignes marquant sur les cartes une température moyenne donnée) se sont rapprochées des pôles à raison de 56 kilomètres par décennie, offrant de nouveaux milieux à coloniser pour les pathogènes des zones chaudes. De la même manière certains pathogènes colonisent de nouveaux milieux (moins froids) en altitude. L'OMS et l'OIE craignent une diffusion accrue de zoonoses transmissibles à l'homme. En 2008, les craintes de 126 pays interrogés par l'OIE portaient sur 3 zoonoses (fièvre catarrhale ovine (dite maladie de la langue bleue), fièvre de la vallée du Rift et virus du Nil occidental, mais de nombreux autres pathogènes (grippaux notamment avec H5N1 et H1N1 sont potentiellement concernés).
  • L’'introduction d’espèces exotiques pathogènes ou elles-mêmes porteuses de microbes ou parasites' (ex : rat + peste au Moyen Âge en Europe):
  • Perturbation du cycle de l'eau. Par exemple, la perturbation du rôle hydrique des forêts, ou leur drainage (en modifiant les points d’accès à l’eau pour la faune) intervient également dans la propagation de pathogènes. Le recul ou la disparition des prédateurs carnivores rend les animaux beaucoup plus sensible au parasitisme et aux maladies (les animaux malades ne sont plus mangés en premier comme ils l'étaient autrefois). Assécher une zone humide peut conduire un population animale à émigrer vers un autre habitat, éventuellement avec des pathogènes qui ont profité du stress occasionné par le drainage. Ou parfois ce sont les populations humaines qui doivent aller chercher de l'eau dans des zones plus à risque de contact avec de « nouvelles » maladies.
  • Une modification importante du couvert végétal et de l’utilisation du sol. En particulier la déforestation, mais aussi la fragmentation croissantes des forêts, accompagnées d’une intensification de l’urbanisation et de l’agriculture et d’une modification des usages de l’eau mettent brutalement en contact des pathogènes autrefois isolés en forêt, sans le sol ou les sédiments, etc. avec des groupes humains qui n’y ont avaient jamais été exposés et qui vivent dans des conditions de promiscuité et/ou de déplacement favorisant la contagion. La disparition du couvert forestier est facteur de stress pour certains microbes et organismes (cf. rayonnement UV mutagène, déshydratation de l'air, incendies, etc.).
    Ce processus est connu depuis longtemps en forêt tropicale (ex : SIDA, Ebola, etc.), mais il pourrait également être important en forêt tempérée. Par exemple, l’échinococcose est principalement portée par un campagnol qui pullule en moyenne montagne dans les milieux ouverts non densément bocagés autour des forêts fragmentées où ses prédateurs sont moins nombreux (et en voulant empoisonner les campagnols, on a souvent aussi empoisonnés leurs prédateurs).
    Quand on a pourchassé les renards, ces animaux territoriaux ont profité des "vides" laissés par les campagnes d'éradication pour circuler beaucoup plus loin et plus vite.. en transportant la rage très rapidement à travers l'Europe.
    On a récemment montré que la maladie de Lyme, transmise par les tiques, dans le Nord-Est des États-Unis a énormément augmenté en profitant du morcellement des forêts qui a favorisé le développement de deux espèces qui portent et véhiculent ce parasite, tout en défavorisant leurs prédateurs. La souris à pattes blanches (Peromyscus leucopus) et le cerf de Virginie prolifèrent dans les paysages forestiers fragmentés. On a montré en Amérique du Nord que plus le morcellement est important et plus les fragments sont petits ; plus la souris est présente et plus le taux d’individus porteurs de tiques augmente, et plus le taux de tique porteuses du parasite est élevé. Ces deux espèces sont adaptées aux lisières et elles ont moins de prédateurs dans ces paysages. Dans les grands massifs de forêt non fragmentés par des routes (là où elles ont subsisté), les tiques ne pullulent pas et sont moins porteuses de la maladie de Lyme).

Un des défis de la recherche est une meilleure pluridisciplinarité entre épidémiologistes et écologues et spécialistes des sciences sociales.

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