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Coordonnées | |
Pays | Tunisie |
Région** | États arabes |
Type | Culturel |
Critères | (ii) (iii) (v) |
Numéro d'identification | 36 |
Année d’inscription | 1979 |
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La médina de Tunis est une médina tunisienne, cœur historique de Tunis, inscrite depuis 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco.
Fondée en 698 autour du noyau initial de la mosquée Zitouna, elle développe son tissu urbain tout au long du Moyen Âge, vers le nord et vers le sud, se divisant ainsi en une médina principale et en deux faubourgs au nord (Bab Souika) et au sud (Bab El Jazira). Devenue capitale d'un puissant royaume à l'époque hafside, foyer religieux et intellectuel et grand centre économique ouvert sur le Proche-Orient, le Maghreb, l'Afrique et l'Europe, elle se dote de nombreux monuments où se mêlent les styles de l'Ifriqiya aux influences andalouses et orientales mais qui empruntent également certaines de leurs colonnes ou leurs chapiteaux aux monuments romains ou byzantins.
Avec une superficie de 270 hectares (plus 29 hectares pour le quartier de la kasbah) et plus de 100 000 habitants (109 725 en 1984), la médina représente le dixième de la population tunisoise et le sixième de la surface urbanisée de l'agglomération.
L'urbanisme de la médina de Tunis a la particularité de ne pas obéir à des tracés géométriques ni à des compositions formelles (quadrillage, alignements, etc.). L'organisation complexe du tissu urbain a alimenté toute une littérature coloniale où la médina dangereuse, anarchique et chaotique semblait le territoire du guet-apens. Pourtant, des études entamées dans les années 1930 avec l'arrivée des premiers ethnologues a permis de démontrer que l'articulation des espaces de la médina n'est pas aléatoire : les maisons s'articulent de manière socioculturelle, codifiée selon les types complexes des rapports humains. De nombreuses publications ont détaillé le modèle de développement de la médina et le système de hiérarchisation des espaces collectifs et privés, résidentiels et commerciaux, sacrés et profanes. On peut relever des axes nord-sud et est-ouest assimilables à un cardo et un decumanus romains (rues Sidi Ben Arous, Jemaâ Zitouna et du Pacha) qui s'entrecoupent au niveau de la cour de la mosquée Zitouna, foyer de prière et d'étude. On distingue ensuite les rues principales, les rues secondaires (équipements de quartier) et les impasses (venelles), ensemble de parcours privés parfois réservés aux femmes.
Le domaine bâti est caractérisé en général par l'accolement de grandes parcelles (600 m2 environ) et la mitoyenneté. Il s'en suit un enclavement des lots et des bâtiments les plus éloignés du réseau viaire principal, ce qui justifie les ruelles et impasses d'accès établies par cession ou droit de passage. Une disposition juridique octroie « la propriété de l'air » et permet l'édification de construction formant une voûte sur l'espace de la voie publique sous réserve qu'il n'en résulte aucun dommage pour les passants. Il est d'usage que la hauteur de la voûte permette le passage sans encombre d'une charrue chargée. Architectures domestiques (palais et maisons bourgeoises), officielles et civiles (bibliothèques et administrations), religieuses (mosquées, tourbas et zaouïas) et de services (commerces et fondouks) présentent une grande porosité malgré un zonage clair entre les commerces et l'habitation. Les souks nobles sont situés aux abords directs de la mosquée Zitouna (parfumeurs, libraires, tisserands de soie et bijoutiers) et les souks pauvres (teinturiers et serruriers) au niveau des remparts et dans le quartier méridionale (parfois même extra-muros).
La notion d'espace public est donc ambiguë dans le cas de la médina où les rues sont considérées comme le prolongement des maisons et soumises aux balises sociales. La notion de propriété individuelle est faible et les étalages des souks débordent souvent sur la voie publique. Cette idée est renforcée par la superficie d'une boutique (environ 3 m2) et des chambres à coucher (10 m2 environ).
Dans le cas des architectures domestiques, plus elles sont en retrait des commerces, plus elles ont de valeur. La notion de retrait et d'intimité est donc primordiale. L'introduction tardive du réseau d'égouts induit un écoulement des eaux usées à travers les rues de la médina. Les maisons et lieux nobles sont donc toujours situées en amont ou dans les quartiers hauts (quartier de la kasbah). Les terrasses de la médina sont également un lieu important de la vie sociale, idée illustrée par le film Halfaouine, l'enfant des terrasses de Férid Boughedir. Les rituels et horaires de fréquentations assurent une mixité informelle.
Aujourd'hui, chaque quartier conserve sa culture et les rivalités peuvent être fortes. Ainsi, le faubourg nord supporte le club de football de l'Espérance sportive de Tunis alors que, à l'autre extrémité, c'est le quartier du grand club rival du Club africain. La médina connaît aussi une sectorisation sociale : le quartier du Tourbet El Bey et le quartier de la kasbah sont les deux quartiers aristocratiques, avec une population de juges et de politiciens, tandis que la rue du Pacha est celui des militaires et des bourgeois (commerçants et notables).