La noria désigne originellement une machine hydraulique permettant d'élever l'eau en utilisant l'énergie produite par le courant. Par analogie de fonctionnement, noria a désigné par la suite des systèmes de transports et de gestion de stock.
Une noria est une machine hydraulique qui constitue l'ancêtre des centrales hydrauliques modernes. La noria (mot d'origine arabe) mue par un manège, était connue des Romains car l'irrigation était une nécessité déjà ancienne dans ces régions semi-arides nouvellement conquises.
Elle sert à élever de l'eau et fonctionne suivant le principe du chapelet hydraulique. C'est une grande roue à ailettes installée sur un cours d'eau et actionnée par le courant. Un chapelet de godets fixés à cette roue élève et déverse l'eau dans un aqueduc associé qui la distribue.
Dans les zones sans cours d'eau, les norias étaient aussi utilisées pour remonter l'eau des puits, et ainsi irriguer les cultures. Dans ce cas, c'était le plus souvent un cheval, un mulet ou un bœuf qui, les yeux bandés, faisait tourner la roue.
Manuscrit Al-Jazari, vers 1205 | |||
Noria sur le blason de Balanegra en Andalousie |
Selon les régions et les époques, divers noms ont été employés pour désigner la noria. On parle aussi de moulin ou de roue à eau, termes imprécis car utilisés aussi pour des machines qui ne font que transmettre la force de l'eau.
À Genève dans le quartier de La Jonction, il y avait les « puiserandes » qui assuraient l'irrigation des cultures potagères du XVIe au XVIIIe siècles, prenant l'eau dans le Rhône ou l'Arve.
Par analogie, la noria désigne également, en gestion industrielle, un stock en rotation permanente.
Un produit fini est périodiquement retourné par le client final ou repris sur son site par le producteur pour être retourné en atelier où il subira divers contrôles, évolutions, modifications... avant d'être installé chez un nouveau client, et ainsi de suite. Un lot de produits en perpétuels aller-retours entre les clients et l'atelier est appelé une noria si, d'une part, le retour en atelier est une opération de maintenance préventive et, d'autre part, le produit retourné par le client ou enlevé sur son site est immédiatement remplacé par un produit identique du même lot mais portant un numéro de série différent.
À l'inverse, une opération de maintenance curative à l'issue de laquelle le produit retourné chez le client porte à priori le même numéro de série (sauf échange rendu nécessaire par un produit non réparable) n'est pas constitutif d'une noria mais d'une opération de service après-vente.
Ce mode de gestion permet d'offrir au client la permanence de la disponibilité du produit sans recours à une unité de rechange et l'accès automatique aux évolutions mineures du produit. En revanche, il pose des problèmes certains quant à la propriété du produit dans le cadre d'une vente : le client, acquérant un produit unique identifié par son numéro de série, dont il devient propriétaire, est amené au bout du temps de la première rotation du matériel à recevoir et utiliser un produit identique mais qui n'est plus le sien (numéro de série différent), alors que l'unité qu'il a achetée est utilisée par un autre client. Ce problème est d'autant plus délicat que le numéro de série est rendu obligatoire par un nombre toujours plus important de normes de qualité afin d'assurer la traçabilité du produit.