De retour en France en mai 1911, Garros participe aux trois grandes épreuves de l’année, la course d'aviation Paris-Madrid, le Paris-Rome et le Circuit Européen. Malgré ses indéniables qualités de pilote, il se fera à chaque fois coiffer au poteau et les journalistes, ironiquement méchants, le surnommeront « l’Éternel Second ».
Il ne tardera pas à prendre sa revanche. Il est ensuite engagé pour un meeting à Saint-Étienne, où il retrouve entre autres vedettes de l’aviation l’ami « Bielo » devenu son « frère d’arme ». Mais surtout, il y fait la connaissance de Charles Voisin et de son amie, la baronne de Laroche. La sympathie passe tout de suite entre eux, et Voisin, qui s’occupe déjà des affaires de Bielovucic, accepte de prendre en mains la carrière aéronautique de son nouvel ami. C’est lui qui prépare leur participation au meeting du Mans et, tout de suite après, il va organiser le 1er record d'altitude que Garros arrachera avec 3 950 m au capitaine Félix, le 4 septembre 1911, en décollant de la plage de Cancale. Garros professe alors que les records d’altitude sont les plus utiles pour le développement de l’aviation car les appareils qu’on est obligé de construire pour eux sont les plus ‘‘sûrs’’, les ‘‘moins dangereux’’, les plus ‘‘capables de rendre des services’’.
Ce premier record le place désormais parmi les meilleurs, il est sollicité de toutes parts. À Marseille notamment, où il va renouer ses relations avec son père grâce à la médiation de leur ami commun Jean Ajalbert. Au parc Borély, plus de 100 000 spectateurs enthousiastes assisteront à ses évolutions aériennes, aux côtés de Jules Védrines, l’autre vedette du spectacle.
Puis l’industriel américain Willis Mc Cormick, créateur de la Queen’s Aviation Cy Lted, l’engage, avec René Barrier, Edmond Audemars et Charles Voisin, pour une grande tournée en Amérique du Sud. Avec son Blériot XI, Garros sera le premier à effectuer la traversée aérienne de la baie de Rio, à survoler la forêt tropicale, à prendre des photos aériennes en relief à l’aide de son Vérascope Richard. Il est le premier à voler de São Paulo à Santos en emportant symboliquement un petit sac postal, et c’est de concert avec son ami Eduardo Chaves, l’un des futurs créateurs de l’aviation civile brésilienne, qu’il fait triomphalement le vol de retour Santos/São Paulo.
C’est aussi à Rio, à l’issue d’une démonstration publique, qu’il est abordé par le major Paiva Meira, chef de la Commission militaire du Brésil, et le lieutenant Ricardo Kirk : avec eux, il va organiser une semaine d’aviation destinée aux militaires, donnant le baptême de l’air à de nombreux jeunes officiers qui vont constituer le noyau de la future armée de l’air brésilienne. Le lieutenant Kirk, considéré au Brésil comme le père de l’aviation militaire, fait partie de ceux-ci et il commandera, dès le mois de septembre, la délégation des jeunes officiers brésiliens venus à Étampes passer leurs brevets de pilotes. Le sien portera le numéro 1089. À ce titre, Roland Garros peut être considéré comme l’initiateur de l’aviation militaire brésilienne.
En Argentine, l’aviateur laissera dans la mémoire populaire un nom respecté que beaucoup n’hésiteront pas à associer plus tard à celui de cet autre grand aviateur français, « l’archange » Jean Mermoz.