Saurupt est un quartier de la ville de Nancy, classiquement délimité par le boulevard Georges-Clemenceau, l'avenue du Général-Leclerc, le quai de la Bataille, et les rues de Nabécor et du Maréchal-Oudinot.
Il est réputé pour ses habitations de style École de Nancy (Art nouveau), construites au début du XXe siècle grâce à l'un des premiers projets de lotissement de la ville, dénommé parc de Saurupt et situé dans la partie Sud-Ouest du quartier. Saurupt abrite également l'École des mines ainsi qu'une résidence universitaire gérée par le Crous.
Saurupt (étymologiquement « ruisseau des saules ») est à l'origine un lieu-dit situé à l'écart de Nancy près du ruisseau de Nabécor, où se trouvait un petit bois, avant-poste de la forêt de Haye. Un épisode de la bataille de Nancy s'y déroule en 1477. Dès le XVIe siècle, l'endroit devient un lieu de détente privilégié de la famille ducale qui y reconstruit un château qui sera en grande partie détruit à la Révolution.
En 1898, le domaine de Saurupt est légué aux Hospices de Nancy à la mort de son dernier propriétaire, Alfred Hinzelin. Sa veuve obtient finalement de conserver la propriété, mais elle est bientôt contrainte de se séparer d'une grande partie des terrains pour préserver le château. Son nouveau mari, Jules Villard, se lance alors dans la création d'un ambitieux lotissement de villas : le parc de Saurupt.
À la fin du XIXe siècle, le spectaculaire essor démographique de Nancy est à l'origine d'une grave crise du logement pour la population, qui reste essentiellement concentrée dans les limites de la ville fixées au XVIIIe siècle. Démissionnaire dans le développement urbain, la municipalité laisse à la seule initiative des propriétaires privés le percement des rues, limitant son intervention à l'aménagement d'équipements collectifs. C'est dans cette expérience urbanistique et architecturale privée que s'inscrit la création du parc de Saurupt.
Le concept de la cité-jardin en lisière de ville et destinée à une population aisée s'inspire du modèle anglais et de l'exemple français du lotissement du Vésinet près de Saint-Germain-en-Laye.
Jules Villard fait appel aux meilleurs représentants locaux de l'Art nouveau, notamment Émile André et Henri Gutton, membres de l'École de Nancy, pour la mise en œuvre du projet qui est lancé en 1901. Le parc comporte 88 propriétés sur 18 hectares, il est fermé par des grilles et gardé par un concierge.
Malheureusement, l'entreprise ne remporte pas le succès escompté, et en 1906 seules six villas sont construites, dans la partie Nord du domaine. Le projet est alors modifié pour satisfaire une clientèle plus modeste, et toute une partie du parc est redessinée pour accueillir des maisons mitoyennes, alors que les rues sont intégrées au réseau municipal et les grilles de Louis Majorelle sont déposées vers 1910. Le parc connaîtra dès lors un relatif succès et sera achevé dans les années 1930, l'Art déco ayant pris le relais de l'Art nouveau.
En 1918, le château de Saurupt est légué à la ville qui le démolit en 1936 pour édifier un orphelinat, et finalement l'École des Mines en 1955.
Malgré les vicissitudes de son développement, et notamment la destruction très controversée de la villa témoin à l'entrée du lotissement en 1974, le parc offre encore aujourd'hui un excellent aperçu de l'architecture bourgeoise à Nancy au début du XXe siècle.
On peut entre autres y trouver :
Édifice | Date | Adresse | Architectes | Monument historique | ||
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Date | Protection | Base Mérimée | ||||
loge du concierge | 1902-1903 | 2 rue des Brice | Émile André, Henri Gutton et agrandissement par Joseph Hornecker | 1976 | enquête pour l'inventaire général | IA54000085 |
4 mai 1994 | inscrit (façades et toitures) | PA00132626 | ||||
villa Les Glycines | 1902-1904 | 5 rue des Brice | Émile André | 25 février 1994 | inscrit (écuries et porche) | PA00132627 |
18 juillet 1996 | classé (villa, y compris le mur d'enceinte et ses grilles) | |||||
villa Les Roches | 1902-1904 | 6 rue des Brice | Émile André | |||
villa Marguerite | 1903-1904 | 3 rue du Colonel-Renard | Henri Gutton et Joseph Hornecker | 4 mai 1994 | inscrit (façades, toiture et grilles de clôture) | PA00132629 |
villa Lang | 1905-1906 | 1 boulevard Georges-Clemenceau | Lucien Weissenburger | 4 mai 1994 | inscrit (façades, toitures et clôture) | PA00132636 |
villa Fruhinsholz | 1908-1910 | 77 avenue du Général-Leclerc | Léon Cayotte | 30 mars 1992 | inscrit | PA00106454 |
villa Les Cigognes | 1923-1924 | rond-point Marguerite de Lorraine | Charles Masson | |||
maison Le Jeune | 1902 | 30 rue du Sergent-Blandan | Émile André | 4 février 1988 | inscrit (clôture, garage, façades et toitures) | PA00106302 |
maison Geschwindammer | 1905 | 6ter quai de la Bataille | Henri Gutton et Joseph Hornecker |