Le savon de Marseille est d'abord un produit de propreté dont l'usage corporel quotidien est avéré depuis plusieurs siècles, en particulier pour les mains et le visage. Il sert aussi de nettoyant ménager et au lavage du linge. On trouve des paillettes de savon de Marseille pour la lessive. On l’emploie notamment pour laver le linge des personnes allergiques et des bébés parce qu’il ne contient pas d’ingrédients allergisants.
Le terme « savon de Marseille » n’est nullement une appellation d'origine contrôlée, il correspond seulement à une méthode de fabrication qui est approuvée depuis mars 2003 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes ou DGCCRF, placée sous l'égide du ministère des finances. Cette méthode est issue d'un code validé unilatéralement par l’Association française des industries de la détergence, de l'entretien et des produits d'hygiène industrielle ou AFISE. Ce code définit la méthode de fabrication, basée sur les quatre étapes historiques que sont l'empâtage/cuisson, le relargage de la glycérine, le lavage et la liquidation, afin d'assurer l'obtention d'une phase cristalline lisse à 63 % d’acides gras minimale. Elle définit également des contraintes en matière de chargement de corps gras, exclut les huiles acides exception faite des huiles de grignon d'olives. Elle admet le suif sous réserve d'une qualité conforme au réglement Européen CE 1774/2002 sur les dérivés animaux utilisables en cosmétique.
Enfin, ce "code du savon de Marseille" limite les additifs et exclut en particulier les tensio-actifs de synthèse. Les additifs utilisables doivent être conformes à la directive CE 76/768 relative à la mise sur le marché des produits cosmétiques, d'hygiène et de toilette. Ce code distingue une qualité dite savon de Marseille Brut, sans colorant, sans parfum, sans additifs. Il n'y a donc pas d'obligation de fabriquer un savon à Marseille pour qu'il puisse avoir l'appellation. L'appellation est liée au procédé de saponification dit "marseillais", mis au point suite à la découverte de fabrication chimique de la soude caustique, le procédé Leblanc.
Ce code est très large et permet à une grande quantité de savons d'origines diverses de bénéficier de l'appellation Savon de Marseille.
Dans la région marseillaise, seules quatre savonneries continuent à fabriquer du savon comme il se fabriquait il y a trois siècles : la Compagnie du savon de Marseille, la savonnerie du Sérail, la savonnerie Marius Fabre et la savonnerie de la Licorne.
Beaucoup de sociétés se disent savonnerie ou revendiquent la notion Maître Savonnier. Ce ne sont en fait que des "conditionneurs" de savon. La base savon provient essentiellement d'Asie du Sud-Est et le travail consiste uniquement à colorer, parfumer et mouler cette base savon fabriquée selon un procédé moderne qui peut bénéficier de l'appellation Marseille selon le code de l'AFISE.
La Savonnerie de l'Atlantique ([1]), installée à Rezé, dans l'agglomération nantaise, produit depuis plus de 60 ans du savon, dont du savon de Marseille, selon le procédé historiquement reconnu. Nantes est également un site majeur de production de savon en France, avec plus de 30 savonneries qui ensemble emploient 300 personnes à temps plein.
Un savon de Marseille traditionnel se présente sous la forme d’un gros cube de 600 grammes, sur lequel est gravé « 72% d’huile » et le nom de la savonnerie.
Le savon artisanal dit à l’huile d’olive est aujourd'hui composé d’huile d’olive, d’huile de coprah et d’huile de palme. La couleur du savon à l’huile d’olive oscille entre le marron et le vert.
On trouve aussi du savon de Marseille blanc, composé d’huile d’arachide, d’huile de coprah et d’huile de palme.
Le savon de Marseille vendu en grande surface est un savon de ménage ou de toilette qui contient différents acides gras, provenant de la saponification de différentes matières grasses. Les principales matières grasses utilisées et les acides gras obtenus sont mentionnés dans le tableau ci-dessous.
matière grasse (huile ou graisse) | nom INCI de la matière grasse | nom INCI des molécules de savon obtenues | acide gras dominant |
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suif (graisse de bœuf) | Adeps bovis | Sodium Tallowate | acide hexadécanoïque |
huile d'arachide | Arachis hypogaea | Sodium Peanutate | acide octadécène-9-oïque |
huile d'olive | Olea europaea | Sodium Olivate | acide octadécène-9-oïque |
huile de coprah (noix de coco) | Cocos nucifera | Sodium Cocoate | acide dodécanoïque |
huile de palme | Elaeis guineensis | Sodium Palmate | acide hexadécanoïque |
huile de palmiste | Elaeis guineensis | Sodium Palm Kernelate | ? |
Le savon de Marseille industriel contient également des additifs variés : agents anticalcaires, conservateurs, colorants, parfums... Ces additifs sont souvent polluants, c'est-à-dire difficilement biodégradables ou ayant un potentiel toxique à terme dans l'environnement fluvial ou limnique.
Le savon de Marseille, quel qu'il soit, conserve une image positive qui évoque naturel, simplicité et propreté « à l'ancienne ». En plus des savons, les industriels proposent donc d'autres produits à base de savon de Marseille comme des produits nettoyants et des lessives.