La philosophie grecque de la matière se fonde essentiellement sur la théorie des Quatre éléments (eau, air, terre et feu), illustrée notamment par Empédocle, reprise et complétée par Platon et Aristote.
Platon associe les quatre éléments à quatre polyèdres réguliers (les solides de Platon) : le feu au tétraèdre, la terre au cube, l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre. La caractéristique des métaux est qu'ils puissent fondre et se solidifier, ce qui en fait une variété de l'élément eau. L'or (incorruptible, c'est-à-dire inoxydable) est le plus parfait, alors que les différentes sortes de cuivre sont imparfaites du fait des interstices plus importants entre leurs parties (d'où leur densité plus faible), et de la présence de l'élément terre qui apparaît avec le temps (oxydation en vert-de-gris dans le langage moderne). Mais la caractéristique de fusibilité n'est pas limitée à ce que nous appelons métaux et s'applique aussi aux verres aux cires et aux résines. Il n'y a d'ailleurs pas à l'époque de terme grec pour catégoriser les métaux, le mot metallon désignant les mines (d'or, de cuivre, mais aussi de sel). C'est chez Aristote qu'apparaît la distinction des métaux (metalleuta) des autres minerais, en tant que corps « fusibles ou malléables, comme le fer, l'or, le cuivre ». Aristote explique la formation des métaux dans le cadre de sa théorie des exhalaisons, l'exhalaison sèche provenant du feu, et l'exhalaison humide provenant de l'eau. Les métaux sont le produit de la compression par la masse des roches terrestres de l'exhalaison humide, qui se solidifie sans passer par le stade intermédiaire de l'eau, et sous l'influence de l'exhalaison sèche, il s'y mèle de la terre qui va distinguer les différents métaux.
C'est probablement à partir du IIIe avant notre ère, après les conquêtes d'Alexandre, et sous l'influence de l'astrologie chaldéenne, que s'est établi progressivement l'idée de l'influence des astres sur la formation des métaux. Elle se trouve développée chez Proclus au Ve de notre ère : « Or, argent, chacun des métaux, comme chacune des autres choses, naissent dans le sol sous l'action des dieux célestes et de l'effluence d'en haut. Il est sûr du moins que, à ce que l'on dit, l'or appartient au soleil, l'argent à la lune, le plomb à Saturne, le fer à Mars. Ces métaux sont donc engendrés d'en haut, mais se forment dans la terre, non pas dans ces astres qui envoient ces effluves. »
Cette liste est reprise et complétée par le philosophe Olympiodore le Jeune, dans son commentaire des Météorologiques d'Aristote : « Mais il faut aussi savoir que le divin Proclus dans ses commentaires sur le Timée, fait correspondre les métaux au sept planètes : il dit que d'une part le plomb est consacré à Saturne à cause de sa nature lourde sombre et froide, de l'autre l'electrum est consacré à Jupiter, à cause de la nature productive et tempérée de la vie de l'astre. De même pour le migma. Le migma est en réalité plus noble que l'or et mieux tempéré. À Mars est consacré le fer de par sa nature coupante et aiguisée ; l'or au soleil comme à ce qui est source de lumière. Et à Vénus est consacré l'étain parce qu'il est translucide et brillant, et en même temps proche de la Lune, de même que l'étain est proche de l'argent. Et la Lune est consacrée à l'argent, puisque l'argent aussi, lorsqu'il est placé auprès de l'or, semble recevoir la lumière de celui-ci, et devenir plus resplendissant, comme la Lune est éclairée par le soleil. » Aux propriétés de ductilité et de fusibilité énoncées par Aristote, Olympiodore ajoute celle de l'éclat métallique
L' electrum désigne ici l'or blanc (alliage or-argent- le terme désignant aussi l'ambre dans l'antiquité. Le migma est probablement une variété d'or blanc, distingué de l'elektrum soit par le taux d'argent, soit par l'opposition artificiel/naturel.
La liste de correspondance d'Olympiodore se retrouve dans le Marcianus (daté du X° ou du XI° siècle) du recueil byzantin des alchimistes grecs
Cette correspondance apporte une unité théorique au métaux, qui allant au delà des aspects métallurgiques (fusibilité et malléabilité), permet au concept alchimique de transmutation des métaux de se développer (cette idée n'apparaît pas dans la philosophie grecque classique)
Il en ressort ainsi un « lapidaire astrologique », dont la première mention serait à trouver dans le Damigéron-Evax.
Métal ou divinité | Pierre précieuse | Signe zodiacal |
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Mercure ou vif argent noble | diamant | Gémeaux |
vif-argent vulgaire | cristal de roche | Vierge |
Mars (fer) | rubis | Bélier |
Vénus (Cuivre) | émeraude | Taureau |
Jupiter (étain) | topaze | Sagittaire |
Saturne (plomb) | grenat | Capricorne |
Lune/ Séléna (argent) | saphir | Cancer. |