Signalisation routière bilingue - Définition

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Introduction

La signalisation bilingue (ou, par extension multilingue) consiste en la représentation sur un même panneau de signalisation d'inscriptions en deux langues ou plus. Son utilisation est réglementairement réservée à des situations locales où est en vigueur le bilinguisme administratif (régions bilingues ou frontalières) ou bien où il existe un important trafic touristique ou commercial (aéroports, gares, ports, points-frontières, villes touristiques, itinéraires internationaux, sièges d'autorités internationales) ; on en trouve parfois aussi dans les quartiers où la proportion d'immigrés originaires d'une même zone linguistique est élevée. Dans un sens plus extensif, elle inclut, dans les régions où coexistent des langues transcrites en alphabets non latins, la translittération des toponymes et l'éventuelle traduction des textes complémentaires. La tendance générale est plutôt de remplacer les informations qui devraient être fournies en plusieurs langues par des symboles et des pictogrammes standardisés au niveau international et représentatifs du contenu de l'information. L'emploi de la signalisation bilingue est sans doute le principal instrument symbolique de perception et d'institutionnalisation de la réalité bilingue d'un territoire.

Signalisation bilingue anglais/chinois à Hong Kong
Signalisation bilingue français/breton à Quimper (Bretagne)
Panneau de signalisation à Hay-on-Wye (Pays de Galles).
Signalisation bilingue à l'entrée de Kidal (Mali). Sur le côté gauche du rocher, Kidal est transcrit en caractères tifinagh

Évolution

Panneau de bienvenue à Newry (en Irlande du Nord) en irlandais et en anglais.

L'utilisation de la signalisation bilingue a augmenté considérablement au cours des dernières années, en particulier dans le monde occidental et démocratique, étant donné les forts mouvements migratoires, ainsi que grâce à l'augmentation de la protection des droits des minorités ethniques et linguistiques et également grâce à la non-correspondance entre les frontières administratives des États et les divisions ethno-linguistiques. Les premiers cas de signalisation bilingue s'appliquaient à des situations comme celle de Bruxelles en Belgique, où au début du XXe siècle l'utilisation du modèle du siècle précédent (assumant un État formé d'une nation culturellement homogène) a mené à des revendications de protections linguistiques importantes pour la langue néerlandaise (pourtant majoritaire dans le pays, en dépit du plus grand prestige du français) ce qui a déclenché un long processus de reconnaissance officielle de l'utilisation des deux langues. Un deuxième exemple est celui du Tyrol du Sud (aujourd'hui nommé Haut-Adige) d'expression allemande, mais annexé à l'Italie à la suite de la Première Guerre mondiale et qui fut ensuite la cible de politiques d'assimilations (comme l'italianisation des toponymes). Pour respecter les traités internationaux, on procéda à l'application de mesures de protection et de reconnaissance officielle des deux langues. Ces deux cas concernent cependant des territoires stratégiques où les habitants parlent une langue reconnue et pleinement officielle dans les pays voisins. Les seules alternatives à la protection officielle seraient donc l'annexion plus ou moins forcée à l'autre État (comme l'invasion allemande des régions Sudètes en Tchécoslovaquie, ou les multiples tentatives de reprise de l'Alsace) ou alors l'accès à l'indépendance (comme dans le cas de l'Irlande), ou encore l'assimilation plus ou moins forcée à la culture nationale (comme dans le cas de la francisation de l'Alsace en France). Le premier exemple de revendication d'une langue « régionale » remonte à l'expérience de revitalisation de la langue Catalane en Espagne, avant la période franquiste, et habilement reprise à la fin de cette dernière, pour ensuite devenir un modèle de protection linguistique qui sera imité dans la plupart des régions autonomes d'Europe et qui servira de point de départ pour la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (Conseil de l'Europe).

L'emploi de la signalisation bilingue est souvent représentatif du niveau de protection et du niveau de multilinguisme effectif sur un territoire donné, ou du moins de la phase d'évolution des revendications de protection :

  1. La forme la plus élémentaire de protection est l'emploi de simples indications toponymiques dans les panneaux de signalisation (habituellement pour les noms des villes et des routes, ou les indications touristiques et culturelles), parfois sans aucun contrôle officiel et en utilisant un lettrage plus petit que la version « officielle ». Dans ces cas, les indications ne sont jamais transcrites dans les documents officiels, et la langue nationale conserve une plus grande visibilité et un plus grand prestige par rapport à la langue locale, qui est reléguée au rang de dialecte. On retrouve dans cette catégorie, par exemple, les communautés frisonnes de l'Allemagne.
  2. Une forme plus avancée de protection consiste en l'utilisation généralisée de panneaux bilingues affichant la langue nationale en premier et la langue locale en deuxième, tant sur les signalisations de lieux que sur les panneaux de direction. On utilise normalement des caractères de même taille mais des polices d'écritures différentes. Les indications complémentaires sont habituellement inscrites dans la langue nationale seulement, afin de ne pas alourdir le texte affiché sur les panneaux. Il s'agit ici d'une solution de compromis entre l'opportunité de donner une visibilité semblable aux deux langues et le désir de maintenir la prévalence officielle de la langue nationale. Cette forme correspond au cas de la Corse, par exemple.
  3. La troisième forme de protection est l'évolution naturelle de la deuxième. Elle consiste en l'application du bilinguisme signalétique intégral, qui affiche les deux langues de façon égale, incluant les informations complémentaires, sur tous les types de panneaux, d'après un ordre de priorité habituellement basé sur la prévalence linguiste des habitants pour une région donnée. Dans ce cas, les langues ont la même importance réelle, ou on remarque une légère dominance de la langue locale. Cette catégorie représente l'application effective du bilinguisme dans la signalisation. Cette forme correspond au cas de la Province autonome de Bolzano, par exemple.
  4. La forme la plus extrême de protection se manifeste par le passage à l'affichage monolingue utilisant la langue locale comme seul véhicule de transmission des informations, reléguant la langue nationale au second plan (au moins en termes de visibilité). Cette forme correspond au cas de la Catalogne en Espagne.
  5. La majeure partie des autres cas possibles représente des situations hybrides, s'insérant parmi les catégories décrites ci-dessus.

Il existe également des cas où l'on remarque que les différentes autorités en charge des routes appliquent différents standards. Habituellement ces réseaux locaux et urbains affichent une forme plus avancée de bilinguisme (mais souvent, sinon toujours avec comme résultat un manque d'uniformité et de standardisation, aux limites de la conformité normative), alors que le réseau routier national révèle des difficultés majeures d'application du même niveau de bilinguisme (bien qu'il soit plus conforme et mieux standardisé, lorsque présent).

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