Théorème des restes chinois - Définition

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Système de congruences d'entiers

Théorème

Soient n1, ..., nk des entiers deux à deux premiers entre eux (ce qui veut dire pgcd (ni , nj) = 1 lorsque ij). Alors pour tous entiers a1, ..., ak, il existe un entier x, unique modulo n=\prod_{i=1}^k n_i et tel que

 \begin{matrix} x \equiv a_1\pmod{n_1}\\  \ldots \\  x \equiv a_k\pmod{n_k}\\ \end{matrix}

Une solution x peut être trouvée comme suit:

Pour chaque i, les entiers n_i\, et \hat n_i = \frac{n}{n_i} sont premiers entre eux, et d'après le théorème de Bachet-Bézout, on peut trouver des entiers u_i\, et v_i\, tels que u_in_i + v_i\hat n_i= 1 . Si on pose e_i =  v_i\hat n_i , alors nous avons

e_i \equiv 1 \pmod{n_i} \,

et

e_i \equiv 0 \pmod{n_j}\, pour ji.

Une solution de ce système de congruences est par conséquent

 x = \sum_{i=1}^k a_i e_i\

Plus généralement, toutes les solutions x de ce système sont congrues modulo le produit n

Exemple

Le problème des soldats se réduit à

x \equiv 2 \pmod{3}\,
x \equiv 3 \pmod{5}\,
x \equiv 2 \pmod{7} \,

on obtient alors

  • n = 3 \times 5 \times 7
  • n1 = 3 et \hat n_1 = 35 , or 2\hat n_1\equiv 1 \pmod{3} donc e1 = 70
  • n2 = 5 et \hat n_2 = 21 , or \hat n_2\equiv 1 \pmod{5} donc e2 = 21
  • n3 = 7 et \hat n_3= 15 , or \hat n_3\equiv 1 \pmod{7} donc e3 = 15

une solution pour x est alors x = 2 \times 70 + 3 \times 21 + 2 \times 15 = 233

et les solutions sont tous les entiers congrus à 233 modulo 105, c'est-à-dire à 23 modulo 105.

Généralisation à des nombres non premiers entre eux

Quelquefois, les systèmes de congruences peuvent être résolus même si les n_i\, ne sont pas premiers entre eux deux à deux. Le critère précis est le suivant : une solution x existe si et seulement si a_i \equiv a_j \pmod {Pgcd(n_i,n_j)}\, pour tous i et j. Toutes les solutions x sont congrues modulo le PPCM des ni .

Exemple : résoudre le système

x \equiv 3 \pmod{4} \,
x \equiv 5\pmod{6} \,

équivaut à résoudre le système

x \equiv 3 \pmod{4} \,
x \equiv 1 \pmod{2} \,
x \equiv 1 \pmod{2} \,
x \equiv 2\pmod{3} \,

équivaut au système

x \equiv 3 \pmod{4} \,
x \equiv 2\pmod{3}\,
  • n1 = 4 et \hat n_1 = 3 , or 3\hat n_1\equiv 1 \pmod{4} donc e1 = 9
  • n2 = 3 et \hat n_2 = 4 , or \hat n_2\equiv 1 \pmod{3} donc e2 = 4

Une solution est donc x = 3 \times 9 + 2 \times 4 = 35 ou tout autre nombre congru à 11 modulo 12

La méthode des substitutions successives peut souvent fournir les solutions des systèmes de congruences, même lorsque les modules ne sont pas premiers entre eux deux à deux.

Interprétation mécanique

La résolution du système suivant :

   \left\{\begin{array}{l}     x\equiv r \pmod a \\   x\equiv s \pmod b \end{array}\right.

d'inconnue x passe par le calcul du PPCM de a et b.

Ce problème mathématique est une modélisation d'un problème sur des engrenages: une roue dentée comportant a dents s'engrène dans une tringle horizontale. Combien de dents doivent passer pour que sa r-ième dent vienne en coïncidence avec la s-ième dent d'une autre roue dentée comportant elle b dents ?

Le PPCM des deux nombres a et b est ce qui permet de comprendre le comportement périodique de ce système : c'est le nombre de dents séparant deux contacts de même congruence. On peut donc trouver la solution , s'il y en a une, dans l'intervalle [1,PPCM(a,b)]. Il y a une solution si PGCD(a , b) divise r - s. GeoplanPpcm.png

On peut comprendre simplement pourquoi le calcul sur des roues dentées fait intervenir de l'arithmétique modulaire, en remarquant que l'ensemble des dents d'une roue en comptant n peut être paramétré par l'ensemble des racines nèmes de l'unité, qui a une structure de groupe naturellement isomorphe à celle de Z/nZ.

Utilisations

Le théorème des restes chinois est utilisé en particulier dans l'algorithme RSA en cryptographie, il intervient aussi dans L'algorithme de Silver-Pohlig-Hellman (en) pour le calcul du logarithme discret.

Il permet de représenter de grands nombres entiers comme n-uplets de restes de divisions euclidiennes. Sous cette forme, des opérations comme l'addition ou la multiplication peuvent se faire en parallèle en temps constant (pas de propagation de retenue). Par contre, la comparaison ou la division ne sont pas triviales.

Exemple des polynômes

Un cas fréquent illustrant le paragraphe précédent est donné par l'anneau \mathbb K[X] des polynômes. Si x0, x1, ..., xn sont n+1 éléments de \mathbb K distincts deux à deux, alors on peut prendre Ui = X - xi . Les polynômes Ui sont premiers entre eux deux à deux, et le théorème des restes chinois s'applique. On prend pour Ei les polynômes interpolateurs de Lagrange, définis par : E_i = {(X-x_0)(X-x_1)...(X-x_{i-1})(X-x_{i+1})...(X-x_n) \over(x_i-x_0)(x_i-x_1)...(x_i-x_{i-1})(x_i-x_{i+1})...(x_i-x_n)} .

Pour j différent de i, Ei est divisible par Uj , de sorte que Ei ≡ 0 modulo Uj . Par ailleurs, modulo Ui , X ≡ xi , de sorte que Ei ≡ 1 modulo Ui .

Dire qu'un polynôme P est tel que P(xi) = yi pour tout i, est équivalent à dire que P ≡ yi modulo Ui . Un tel polynôme P est donné par P = \sum_{i=0}^n y_i E_i , ce qu'on peut vérifier par un calcul direct.

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