En mathématiques, le théorème du redressement d'un flot est un résultat de géométrie différentielle qui s'applique à un champ vectoriel. Il est l'un des théorèmes usuels en géométrie différentielle. Le théorème indique qu'un champ vectoriel suffisamment régulier se comporte localement comme un champ vectoriel constant.
Il est utilisé pour l'étude d'un système dynamique autonome, c'est-à-dire à une équation différentielle du type p' = X(p). Si X est localement lipschitzienne, alors il existe un fonction α(t, p) telle que les applications t -> α(t, p) soient les solutions qui, en 0, valent p. L'application α est appelée flot, d'où le nom du théorème.
Ce résultat donne une information locale sur le flot. Il interdit même une certaine forme de chaos : localement un flot ne bifurque pas et est homéomorphe à une fonction affine. En dimension deux, si une orbite se trouve dans un compact contenu dans l'ensemble de définition de X, toute forme de chaos est impossible. Ce résultat, connu sous le nom de théorème de Poincaré-Bendixson, se démontre à l'aide de ce théorème.
Selon le contexte, le théorème prend une forme différente. Une première version se formalise de la manière suivante. Soit E un espace de Banach réel, Ω un ouvert de E, X une application de classe C1 de Ω dans E et p0 un point de Ω tel que X(p0) ne soit pas le vecteur nul.
Ce théorème possède un équivalent pour les variétés différentielles :
La démonstration se fonde essentiellement sur l'usage du théorème d'inversion locale et des propriétés d'un flot d'une équation différentielle. La démonstration se fait en deux temps. Tout d'abord, une fonction affine q est composée à X de manière à ce que le champ de vecteurs q *X ait pour différentielle l'identité au voisinage du vecteur p0. Comme le champ X est de classe Ck et q infiniment différentiable, le nouveau flot est de classe Ck-1 et le théorème d'inversion locale s'applique. Il existe un ouvert V contenant p0 tel que le flot soit inversible. Ce flot permet la construction de la fonction f recherchée.
La démonstration sur un espace vectoriel permet d'en déduire immédiatement celle associée à une variété.
Soit λ1 la forme linéaire définie sur R.X(p0) qui à a.X(p0) associe a, λ un prolongement linéaire continu de λ1 sur E, qui existe d'après un corollaire du théorème de Hahn-Banach et H l'hyperplan noyau de λ, qui est fermé car λ est continue. Soit π, la projection de E sur H, qui à x associe π(x) = x - λ(x).X(p0). On définit la fonction q, de RxH dans E par :
On remarque que q est bien un difféomorphisme infiniment différentiable, car q est une application affine. On dispose des égalités :
On en déduit l'égalité, si Y désigne le champ de vecteurs q* X :
Soit αY le flot associé à l'équation différentielle (τ, x)' = Y((τ, x)). C'est l'application qui à (t, (τ, x)) associe αY(t, (τ, x)), l'image de t par la courbe intégrale s de condition initiale s(0) = (τ, x). Comme X est de classe Ck, Y l'est aussi (q est infiniment différentiable) et le flot αY est de classe Ck-1. On considère alors l'application Ψ, qui à (t, x)) associe Ψ(t, x)) = αY(t, (0, x)). Cette application est de classe Ck-1 et est définie sur un ouvert V1 contenant (0, 0).
Il est aisé de calculer les deux différentielles partielles :
On en déduit que la différentielle de Ψ est égal à l'identité au point (0, 0). Ce qui montre qu'il existe ouvert V contenant (0, 0) et inclus dans V1 et tel que Ψ soit un difféomorphisme sur V, d'après le théorème d'inversion locale. On définit f comme la fonction définie sur V, égale à qoΨ.
Soit (t, x) un élément de V, Calculons la différentielle de DΨ(t,x) appliquée au vecteur (1, 0) :
On en déduit l'égalité, en appliquant l'inverse de DΨ(t,x) à l'égalité précédente :
Calculons l'inverse de la différentielle de f au point (t, x) :