Thoughts on the Education of Daughters - Définition

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Résumé de l'œuvre

Adressé aux mères, aux jeunes femmes et aux professeurs, Thoughts on the Education of Daughters explique comment éduquer une femme, de sa petite enfance à son mariage. Le livre est divisé en vingt-et-un chapitres qui ne suivent pas un ordre particulier et couvrent une grande variété de sujets. Les deux premiers chapitres, « The Nursery » et « Moral Discipline », donnent des conseils sur la manière de former la « constitution » et le « tempérament » d'un enfant, ajoutant que la formation d'un esprit rationnel doit commencer tôt. Ces chapitres donnent également des informations spécifiques sur les soins à donner aux nourrissons et encouragent l'allaitement maternel (un sujet de violents débats au XVIIIe siècle). Une grande partie du livre critique ce que Mary Wollstonecraft considère comme une « éducation dommageable » habituellement dispensée aux femmes : les « manières artificielles », les jeux de cartes, le goût du théâtre et de la mode. Elle se plaint par exemple que des femmes « gaspillent » leur argent en vêtements alors que « s'il était gardé dans des buts charitables, [il] pourrait alléger la détresse de nombreuses familles pauvres, et adoucir le cœur de la jeune fille confrontée à de telles scènes de malheurs ». Elle oppose à cette éducation courante mais inefficace une autre, basée sur l'apprentissage tôt dans l'enfance de la lecture, la bienveillance et l'amour. Elle aborde également la description de problèmes sociaux, comme « Unfortunate Situation of Females, Fashionably Educated, and Left without a Fortune » (« Situation malheureuse des femmes éduquées à la mode et laissées sans fortune ») ainsi que « Treatment of Servants » (« Traitement des domestiques »). La foi religieuse joue un rôle important dans le projet éducatif de Mary Wollstonecraft : elle préconise l'observance du sabbat, et décrit dans un chapitre, « Benefits which arise from Disappointments », les bénéfices que l'on retire des souffrances envoyées par Dieu.

Dans d'autres ouvrages qu'elle écrit par la suite, comme A Vindication of the Rights of Men (1790) et A Vindication of the Rights of Woman (1792), Mary Wollstonecraft se réfère plusieurs fois à des sujets évoqués dans Thoughts on the Education of Daughters, en particulier la vertu du travail acharné et la nécessité pour les femmes d'acquérir des compétences utiles. Elle affirme que la vie sociale et politique du pays s'améliorerait largement si les femmes avaient des compétences utiles au lieu de n'être que des ornements de la société.

Thèmes

Thoughts on the Education of Daughters définit plusieurs buts à l'éducation des femmes : pensée indépendante, rationalité, discipline, crédibilité, acceptation de sa position sociale, compétences utiles, foi en Dieu.

Éducation des femmes

Mary Wollstonecraft suppose que les filles dont parle son livre deviendront un jour des mères et des enseignantes. Elle ne propose pas que les femmes abandonnent ces rôles traditionnels, car elle croit que les femmes peuvent améliorer plus efficacement la société en tant que pédagogues. Comme d'autres femmes-écrivains, la moraliste évangélique Hannah More, l'historienne Catharine Macaulay et la romancière féministe Mary Hays, elle affirme que, puisque les femmes sont les premières à prendre soin des familles et à éduquer les enfants, elles doivent recevoir une bonne éducation. Thoughts on the Education of Daughters affirme avec insistance, suivant en cela John Locke et l'associationnisme, qu'une éducation bâclée et un mariage trop rapide ruinent la vie d'une femme. Mary Wollstonecraft ajoute que, si les filles ne font pas l'objet d'une attention quand elles grandissent, elles se développeront mal et se marieront alors qu'elles sont encore intellectuellement et émotionnellement des enfants. De telles épouses, selon elle, n'ont aucun rôle utile dans la société, et contribuent même à son immoralité ; elle développera cet argument cinq ans plus tard dans A Vindication of the Rights of Woman.

Scène domestique d'une mère instruisant quatre enfants, entourés par quatre domestiques. Le mère et ses enfants sont au centre de l'image tandis que les domestiques forment un cercle autour d'eux. La mère détourne le regard du public pour le porter sur ses enfants, et les enfants regardent vers elle et vers le public. Un des enfants est élégamment vêtu d'un manteau rouge et semble être un adolescent ; les trois autres semblent avoir moins de 10 ans, l'un est un bébé, et ils sont tous habillés en blanc.
Illustration de Joseph Highmore, dans le volume quatre de Paméla ou la Vertu récompensée de Samuel Richardson : Paméla instruisant ses enfants. Paméla suit largement le programme éducatif de Locke, tout en revendiquant un nouveau rôle pour les mères, celui d'éducatrice.

Mary Wollstonecraft et d'autres critiquent l'éducation traditionnelle donnée aux filles et fondée seulement sur les accomplishments (« talents d'agrément ») ; elles affirment qu'une telle éducation, basée sur l'acquisition de talents d'agrément comme la danse ou le dessin, est inutile et décadente. La femme idéale de Thoughts on the Education of Daughters, telle que la décrit le spécialiste de Mary Wollstonecraft, Gary Kelly, est « rationnelle, prévenante, réaliste, disciplinée, consciente d'elle-même et critique », une image qui se rapproche de celle de l'homme dans l'exercice de son métier. Mary Wollstonecraft affirme d'ailleurs que les femmes devraient recevoir toute l'instruction intellectuelle et morale donnée aux hommes, bien qu'elle ne leur donne pas d'autres endroits que le foyer pour mettre cette instruction en application.

Les critiques féministes de Mary Wollstonecraft l'accusent d'envisager un rôle masculin pour les femmes, un rôle conçu pour la sphère publique, mais que les femmes ne peuvent pas jouer dans la sphère publique, ce qui les laisse sans position sociale spécifique. Elles décrivent ce rôle comme finalement contraignant, car il offre aux femmes une éducation plus large mais sans véritable moyen de l'utiliser.

La partie la plus passionnée de Thoughts on the Education of Daughters traite du manque d'opportunités de carrière pour les femmes, un thème que Mary Wollstonecraft reprend par la suite dans Maria: or, The Wrongs of Woman (1798). Dans le chapitre « Unfortunate Situation of Females, Fashionably Educated, and Left without a Fortune », elle écrit, peut-être d'après ses propres expériences :

«  [Être] l'humble compagne d'un riche et vieux cousin [...] Il est impossible d'énumérer les nombreuses heures d'angoisse qu'une telle personne doit passer. Au-dessus des domestiques, et pourtant considérée par eux comme une espionne, et toujours rappelée à son infériorité dans les conversations avec ses supérieurs [...] Une enseignante dans une école est seulement une domestique un peu supérieure, qui a plus de travail que les domestiques ordinaires. Être une gouvernante de jeunes filles est également désagréable [...] la vie s'échappe, et l'esprit avec ; « et quand la jeunesse et les belles années se sont écoulées », elles n'ont plus rien pour subsister ; ou peut-être, par un hasard extraordinaire, un petit geste peut être fait pour elles, ce qui est considéré comme une grande marque de charité [...] Il est difficile pour une personne qui a des liens avec la société polie de se rapprocher du peuple, ou de condescendre à se mêler à ceux qui sont en fait ses égaux alors qu'elle est vue par eux sous un éclairage différent [...] Que le mépris qu'elle rencontre doit être blessant ! Un jeune esprit recherche l'amour et l'amitié ; mais l'amour et l'amitié fuient la pauvreté : ne les espérez pas si vous êtes pauvre ! »

La difficulté à trouver un emploi satisfaisant pour une femme de bonne éducation est un trait durable de la société de l'époque, auquel les sœurs Brontë seront elles-mêmes confrontées, plusieurs dizaines d'années plus tard, comme l'atteste l'ouvrage en partie autobiographie d'Anne Brontë, Agnes Grey. On a parfois parlé d'une « incongruence de statut » (status incongruence), lié à la définition de la gouvernante en tant que « needy lady » (« dame dans le besoin »), c'est-à-dire lady obligée de gagner sa vie, ce qui porte en soi sa propre contradiction. Ainsi, outre les difficultés rencontrées avec les enfants, l'ambiguïté du statut de gouvernante se traduit par le fait qu'elles sont systématiquement haïes par les domestiques conscients que, salariée comme eux et au service de leurs maîtres, la gouvernante est cependant hiérarchiquement leur supérieure.

Religion

Bien que les commentaires de Mary Wollstonecraft sur l'éducation des femmes constituent ses arguments les plus radicaux dans A Vindication of the Rights of Woman, le ton religieux du texte, que l'on retrouve dans son premier roman Mary: A Fiction, est généralement considéré comme conservateur. La religion présentée dans Thoughts on the Education of Daughters célèbre les « plaisirs de la résignation », la croyance que l'au-delà sera accordé et que le monde est ordonné au mieux par Dieu. Wollstonecraft écrit ainsi :

« Lui qui nous entraîne à la bénédiction éternelle, sait quelles épreuves nous rendront (vertueux) ; et notre résignation et notre amélioration nous rendront respectables à nous-mêmes et à cet Être, dont l'approbation a plus de valeur que la vie elle-même. »

Mary Wollstonecraft s'éloigne par la suite de ces croyances pour adopter une théologie plus permissive, mais Thoughts on the Education of Daughters est « campé dans des attitudes orthodoxes, défend des « principes fixes de religion » et avertit des dangers de la réflexion rationaliste et du déisme ». Mary Wollstonecraft affirme même, comme Rousseau, que les femmes devraient être instruites du dogme religieux plutôt que de la théologie ; selon elles, des règles claires limitent leurs passions.

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