Une espèce menacée
La plupart des zones de peuplement par les tortues sont souvent sous le contrôle direct de la Direction Générale des Forêts. Pourtant, les graeca de Tunisie sont menacées pour trois raisons :
- Les chèvres, les moutons et les vaches sont des concurrents alimentaires potentiels et ils détruisent leurs cachettes végétales les laissant sans protection contre leurs prédateurs (oiseaux par exemple).
- L’activité humaine liée au développement du tourisme avec des hôtels proches de la côte, liée à la construction de nouvelles routes plus longues et plus larges, et liée au défrichement par le feu et à une agriculture de plus en plus intensive, contribue à rétrécir encore et encore leur biotope.
- De manière plus significative, il y a le ramassage et le commerce des tortues sur les marchés hebdomadaires et dans les souks (Hammamet, Nabeul, Sousse, Djerba…). Les animaux sont ramassés par des bergers et rassemblés par des paysannes, puis ils sont revendus à des commerçants pour un prix dérisoire aux jours de marché. Il s’agit principalement de très jeunes spécimens, d’adultes mâles mais rarement de femelles. Les touristes achètent parfois ces tortues par pitié et ils les ramènent souvent comme souvenir de vacances ou pour faire plaisir à leurs enfants. Malheureusement, il manque dans la plupart des cas aux nouveaux propriétaires les compétences nécessaires pour maintenir ces animaux dans des conditions correctes, de sorte que beaucoup d’entre eux (de l’ordre de 90 %) meurent rapidement.
La demande détermine l’offre. Chaque tortue achetée est aussitôt remplacée par au moins un nouvel animal. Il faut s'attendre à ce que le maintien logistique des stocks continue d’être assuré et que de nouveaux animaux soient prélevés diluant plus encore les populations naturelles. Parallèlement, sur des souks sans afflux touristique, on ne trouve ni tortues, ni autre reptile. Tout ceci invite à penser qu’aucun achat d'animaux ne peut être justifié pour des raisons pratiques (difficultés de maintenance), éthiques (déportation d’animaux) et juridiques (vente et exportation en provenance de Tunisie interdite depuis 1978).