L’usine marémotrice de la Rance est une centrale électrique tirant son énergie de la force de la marée. Elle se trouve à l’estuaire de la Rance, en France. C’est la première usine marémotrice au monde.
Un premier chantier d’usine marémotrice commence à l’Aber-Wrac'h (Finistère) en 1925, mais est abandonné en 1930 faute de financement. Les plans de cette usine serviront d’ébauche pour ceux de la suivante. L’utilisation de l’énergie des marées n’est cependant pas nouvelle, puisque de longue date des moulins à marée ont existé en des lieux touchés par la marée, et en particulier le long de la Rance.
L’idée de construire une usine marémotrice sur la Rance revient à Gérard Boisnoer, en 1921. Les premières études visant à la conception d’une usine marémotrice sur la Rance remontent à 1943, par la Société d’étude pour l’utilisation des marées (SEUM). Cependant, les premiers travaux ne commencent qu’en 1961. Louis Arretche, architecte de la reconstruction de Saint-Malo, en est l’architecte-conseil.
Les deux premières années, les travaux visent à créer une zone sèche où l’usine pourra être construite. Pour cela, deux barrages sont créés de part et d’autre du site actuel de l’usine. La construction de l’usine proprement dite peut alors débuter le 20 juillet 1963, lorsque la Rance est entièrement coupée par les deux barrages.
Les travaux durent trois ans et s’achèvent en 1966. Charles de Gaulle, alors Président de la République, inaugure l’usine le 26 novembre de la même année. L’inauguration de la route franchissant l’usine a lieu le 1er juillet 1967 et le raccordement au réseau EDF, le 4 décembre 1967.
Chaque groupe bulbe (24 en tout) comprend une turbine et un alternateur de 10 000 kW.
Ces turbines utilisent à la fois la force des marées et celle du courant de la rivière. Elles tournent donc dans les deux sens. Elles peuvent fonctionner en pompage-turbinage : turbinage (le mouvement créé par le courant est transformé en électricité) ou en pompage (la turbine est alimentée par le réseau afin de compléter le remplissage du bassin à marée montante).
Orientables, les pales des turbines peuvent ainsi fonctionner à marée montante ou descendante.
Le barrage s’étend sur 750 mètres, entre la pointe de la Brebis à l’Ouest et la pointe de la Briantais à l’Est, au Sud de Dinard et Saint-Malo, à l’embouchure du fleuve côtier de la Rance.
Au total, l’usine a coûté à l’époque 620 millions de francs (ce qui correspond à environ 740 millions d’euros de 2007).
Le barrage de l’usine mesure quant à lui 332,5 mètres.
L’électricité est produite par 24 groupes bulbes (turbines).
Elle constitue en 2005 un peu moins de 60 % de la production électrique de la Bretagne, qui ne produit que 5 % de l’électricité qu’elle consomme, le reste est importé des régions voisines, principalement d’origine nucléaire.
Le marégraphe de Saint-Suliac, situé devant la pointe de Grainfolet, donne les hauteurs d’eau pour l’ensemble de l’estuaire de la Rance, en amont du barrage.