La bibliothèque d'Amiens détient plusieurs manuscrits exécutés dans le scriptorium de l'abbaye de Corbie, qui fut, avec celui de l'abbaye de Fulda, l'un des plus importants du Moyen Âge. Les moines y mirent au point une écriture fameuse, la minuscule caroline de Corbie. Un nombre important de manuscrits semble avoir été produit sous la direction du bibliothécaire de l'abbaye, Hadoard. Parmi les textes de l'Antiquité préservés par le travail des moines de Corbie, on trouve :
Le scriptorium a également joué un rôle important dans la diffusion des connaissances mathématiques, car on y a recopié les géométries de Boèce et de Cassiodore.
L’abbaye de Corbie fut mise à sac et incendiée par les Vikings en 881 mais fut bientôt reconstruite ; elle bénéficia par la suite de plusieurs privilèges royaux, sans toutefois retrouver le rayonnement politique et culturel qui était le sien dans la première moitié du IXe siècle.
En 1638, 400 manuscrits sont transférés à la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Puis sous la Révolution l'abbaye ferme ses portes et sa congrégation est dispersée ; suite au décret de confiscation de la Convention nationale, les 300 manuscrits qui restaient à Corbie prennent la direction de la bibliothèque d'Amiens. Quant aux manuscrits de Saint-Germain-des-Prés, ils sont pillés et mis en vente : quelques rares manuscrits seront rachetés par la suite par un diplomate russe, Piotr Doubrovsky, et sont aujourd'hui consultables à Saint-Pétersbourg. D'autres manuscrits de Corbie appartiennent à la Bibliothèque nationale de France. Au total, plus de deux cents manuscrits du scriptorium de Corbie ont survécu jusqu'à aujourd'hui.