L'alchimie est une discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en rapport avec la transmutation des métaux. L'un des objectifs de l'alchimie est le grand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles, l'argent, l'or. Un autre objectif classique de l'alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie. La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles.
Des pensées et des pratiques de type alchimique ont existé en Chine dès le IVe siècle av. J.-C. et en Inde dès le VIe siècle. L'alchimie occidentale prend, elle, vraisemblablement ses origines dans l'Égypte hellénistique des Ptolémées entre -100 (avec Bolos de Mendès) et 300 (avec Zosime de Panopolis). Elle s'est ensuite développée dans le monde arabe puis européen durant le Moyen Âge et jusqu'à la Renaissance. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle les mots alchimie et chimie sont synonymes et utilisés indifféremment. Ce n'est qu'au cours du XVIIIe siècle qu'ils se distinguent, et que l'alchimie connaît une phase de déclin sans toutefois disparaître totalement, alors que la chimie moderne s'impose avec les travaux de Lavoisier.
Le mot "alchimie" vient de l'arabe: الكيمياء, al-kīmiyāﺀ. Le terme apparaît dans le vocabulaire français au XIVe siècle, par le latin médiéval alchemia. Les mots alchimie et chimie sont restés synonymes jusqu'à l'apparition de la chimie moderne au XVIIIe siècle.
Différentes hypothèses ont été avancées pour l'origine du mot en arabe. Le mot arabe proviendrait du mot grec khemeia, désignant également l'alchimie dans son acception moderne. Le philologue Hermann Diels dans son Antike Technik (1920) y voyait la "fusion" (du grec ancien chumeia/chêmeia signifiant "art de fondre et d'allier les métaux"). kimiya pourrait également venir du mot copte kēme (ou son équivalent en dialecte bohaïrique, khēme), lui-même dérivant du démotique kmỉ, correspondant au moyen égyptien Km.t, désignant l'Égypte.
Les termes alchimie et chimie (en latin alchemia et chemia, ou alchymia et chymia) sont strictement synonymes jusqu'au début du XVIIIe siècle, avec notamment l'ouvrage polémique de Étienne-François Geoffroy Des supercheries concernant la pierre philosophale (1722)
La recherche des remèdes d'immortalité fait partie de la culture chinoise antique depuis la période des Royaumes combattants. Les souverains font confiance à la voie des magiciens et des immortels, et ces « magiciens » ont souvent des pratiques s'apparentant à l'alchimie. Sur un plan strictement historique, un savoir de type alchimique est établi, pour la Chine, à partir du IIe siècle avant l’ère chrétienne. On retrouve la trace, dans les Mémoires historiques de Se-ma Ts’ien, d'un récit parlant de transmutation en or et d'allongement de la vie par des pratiques alchimiques lors du règne de Wu Di de la dynastie Han en 133 av J.-C.. D'autres proposent une origine antérieure, Serge Hutin avance que l'alchimie était déjà pratiquée en Chine dès 4500 av. J.-C. et, dans le cadre de la Chine légendaire, René Alleau envisage l’analogie entre Hermès Trismégiste et l’empereur jaune, au III° millénaire avant JC.
Un texte fondateur, bien qu'il soit plus un traité de cosmologie que d'alchimie, est le Cantongqi (Tcheou-yi san-t'ong-ki. Triple concordance dans le livre des mutations des Tcheou), attribué à Wei Boyang (Wei Po-yang), un Immortel légendaire situé en 142. Le premier traité alchimique chinois connu est le Baopuzi neipian écrit par Ge Hong (283-343 apr. J.-C.). Les alchimistes chinois font une distinction entre "alchimie extérieure" (waidan, wai tan) et "alchimie intérieure" (neidan, nei tan). L’alchimie exterieure, telle que pratiquée par Ge Hong par exemple, cède la place à l’alchimie intérieure qui domine dès la fin des Dynastie Tang en 907. Les premières traces écrites de cette alchimie intérieure qui s'inscrit dans le cadre du taoïsme datent du VIIIe siècle.
L'équivalent de l'alchimie se nomme Rasâyana (littéralement "voie du mercure", l'une des huit branches de l'Ayurveda), et amène vers un élixir de longue vie nommé Ausadhi.
Des rapprochement entre l'alchimie et les pratiques shivaïques et tantriques ont été effectués par plusieurs auteurs: Shiva, qui s'apparenterait au principe actif du soufre, féconde Çakti, qui s'apparenterait principe passif du mercure. Dans la tradition tantrique, le corps devient un Siddha-rûpa, littéralement corps de diamant-foudre se rapprochant du concept de corps de gloire de l'Ars Magna en occident.
Les origines de l'alchimie en Inde sont amplement débattues.
Le sujet a été étudié par A. Leo Oppenheim et Mircea Eliade. "R. Eisler a suggéré l'hypothèse d'une alchimie mésopotamienne. En réalité, les tablettes dont Eisler faisait état sont soit des recettes de verrier, soit des rituels accompagnant les opérations de métallurgie". Les Mésopotamiens utilisent, dans leurs recettes pour fabriquer de la pâte de verre coloré, un langage secret, mais cela relève davantage du secret de métier que de la discipline de l'arcane.
Dès le XIVe siècle av. J.-C. en Babylonie et le VIIe siècle av. J.-C. en Assyrie il y a fabrication de gemmes de four (artificielles). Ce sont, à peu près, les mêmes recettes qu’on retrouvera à Alexandrie au IIIe siècle : imitation des métaux précieux, coloration des pierres, production de la pourpre.
L'étape mésopotamienne est un moment capital dans l'histoire de l'alchimie, car les métaux sont mis en correspondance avec les planètes. Ainsi se place le fondement ésotérique de l'alchimie, à savoir la mise en place de corrélations entre des niveaux différents de réalité dans un monde conçu sur base d'analogies (a est à b ce que c est à d).
La Lune est liée à la couleur argentée, au métal argent, aux dieux Sîn (dieu Lune) et Anum ; le Soleil est lié à la couleur dorée, au métal or, aux dieux Shamash (dieu Soleil) et Ellil ; Jupiter : bleu lapis, étain, Mardouk et Nin-ani ; Vénus : blanc, cuivre, Ishtar déesse de la fécondité et des combats) et Éa ; Mercure jaune-vert, vif-argent (?), Nabou (dieu de l'écriture) ; Saturne : noir, plomb (?), Nirurta ; Mars : brun-rouge, fer (?), Erra (Nergal).