Mircea Eliade - Définition

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Introduction

Mircea Eliade
Activité(s) Historien des religions
Mythologue
Philosophe
Romancier
Naissance 13 mars 1907
Bucarest
Roumanie Royaume de Roumanie
Décès 22 avril 1986
Chicago
États-Unis  États-Unis
Langue d'écriture Roumain
Français
Anglais
Genre(s) Poésie, Nouvelle, Roman, Essai
Œuvres principales
  • Le Mythe de l'éternel retour (1949)
  • Mythes, rêves et mystères (1957)

Mircea Eliade (13 mars 1907 à Bucarest - 22 avril 1986 à Chicago) est un historien des religions, mythologue, philosophe et romancier roumain. Il parlait et écrivait couramment huit langues (roumain, français, allemand, italien, anglais, hébreu, persan et sanskrit), mais la majeure partie de ses travaux universitaires a été écrite d'abord en roumain, puis en français et en anglais.

Mircea Eliade est considéré comme l'un des fondateurs de l'histoire moderne des religions. Savant studieux des mythes, Eliade élabora une vision comparée des religions, en trouvant des relations de proximité entre différentes cultures et moments historiques. Au centre de l'expérience religieuse de l’homme, Eliade situe la notion du « Sacré ».

Sa formation comme historien et philosophe l'a amené à étudier les mythes, les rêves, les visions, le mysticisme et l'extase. En Inde, Eliade étudia le yoga et lut, directement en sanscrit, des textes classiques de l'hindouisme qui n'avaient pas été traduits dans des langues occidentales.

Auteur prolifique, il cherche à trouver une synthèse dans les thèmes qu'il aborde (excepté dans son Histoire des religions, qui reste purement analytique). De ses documents est souvent souligné le concept de « Hiérophanie », par lequel Eliade définit la manifestation du transcendant dans un objet ou dans un phénomène de notre cosmos habituel.

Vers la fin du vingtième siècle, quelques textes d'Eliade nourrissent la vision gnoséologique de mouvements religieux, apparus avec la contre-culture des années 1960.

Biographie

Jeunesse

Mircea Eliade a grandi dans une famille chrétienne orthodoxe. En 1921, à l'âge de 14 ans, il publie son premier article Comment j’ai découvert la pierre philosophale. Il s'intéresse très tôt à la philosophie, la philologie et l'étude des langues étrangères. Vers 1925, il maîtrise déjà l'allemand, l'anglais, le français et l'italien.

Études et engagements politiques

Il s'inscrit à la faculté de philosophie de l'université de Bucarest en 1925. C'est alors qu'il subit l'influence de Nicolae C. Ionescu (mieux connu en Roumanie sous le nom de Nae Ionescu), qui était alors assistant professeur de logique et de mathématique et journaliste. L'engagement de ce confrère à l'extrême-droite fut critiqué et cette fréquentation a contribué à ternir la réputation d'Eliade.

Il consacre son mémoire de maîtrise à la Renaissance italienne et, en particulier, aux philosophes Marsile Ficin et Giordano Bruno. L'humanisme de la Renaissance est demeuré une influence majeure dans les travaux d'Eliade.

De récentes recherches sur l'engagement politique d'Eliade telles celles d'Alexandra Laignel-Lavastine et de Daniel Dubuisson ont mis au jour qu'Eliade était chef de file de la Jeune Génération roumaine dès 1927, que ses articles dans la revue Vremea et le quotidien Cuvintul ont contribué à donner une assise philosophique au « Mouvement Légionnaire » (Garde de fer) de Codreanu. On le voit alors ennemi des Lumières, des franc-maçons, des régimes démocratiques « d'importation étrangère », du bolchévisme, partisan de « l'insurrection ethnique » contre les minorités locales et « l'invasion juive ».

En 1928, il fait la connaissance, à l'Université de Bucarest, d'Émile Cioran et Eugène Ionesco, prélude à une longue amitié qui se poursuit par la suite en France.

Après l'obtention d'une licence de philosophie en 1928, il part pour l'Inde à l'âge de vingt et un ans. Il séjourne durant trois ans à Calcutta (Bengale occidental, Inde) où il prépare son doctorat. Ce voyage est pour lui une véritable initiation qui marquera ses travaux ultérieurs. Il rentre en Roumanie en décembre 1931 et commence la rédaction sa thèse sur le yoga qui deviendra Le Yoga, immortalité et liberté.

Parallèlement, il poursuit une carrière d'écrivain. Son roman Maitreyi. La Nuit bengali (trad. franç., Gallimard, 1950) obtient un prix au printemps 1933. La même année, il devient docteur en philosophie. De 1933 à 1940, il enseigne la philosophie indienne à l'Université de Bucarest.

Dans la revue Vremea (« Le Temps » en roumain) du 10 septembre 1936, publie des écrits antimaçonniques. Il suggère un rapprochement entre la « mentalité » des franc-maçons et celle des communistes russes qu'il juge « monovalente » et « abstraite ».

En 1937, il rencontre Julius Evola – admirateur de Codreanu, alors en voyage en Roumanie – chez Nae Ionescu. Ce sera le début d'une correspondance régulière entre les deux hommes..

En mars 1940, lorsque les « Chemises vertes » arrivent au pouvoir sous la dictature militaire et antisémite de Ion Antonescu (l'État national légionnaire, Statul Naţional Legionar), Eliade est nommé attaché culturel du régime auprès de la légation royale de Roumanie à Londres. Il remplit la même fonction de janvier 1941 jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale à l'ambassade du Portugal, à Lisbonne. Il rédige alors un livre à la gloire de « L'État chrétien et totalitaire » de Salazar (Salazar şi revoluţion în Portugalia, 1942).

Après-guerre

À l'automne 1945, il s'installe à Paris et Georges Dumézil l'invite à la Ve section de l'École pratique des hautes études pour présenter les premiers chapitres de ce qui deviendra plus tard son Traité d'histoire des religions.

La même année, il rédige en roumain Les Prolégomènes à l'histoire des religions, qui paraîtront par la suite en français sous le titre de Traité d'histoire des religions (1949) avec une préface de Dumézil. En 1949, il se fait particulièrement connaître du public français avec la parution de son essai sur Le Mythe de l'éternel retour (Gallimard).

En 1956, il fait paraître son ouvrage le plus célèbre, Le Sacré et le Profane (Gallimard, 1956). Durant ces années, il fréquente régulièrement les rencontres d’Eranos (fondées par Carl Gustav Jung) à Ascona (Suisse).

À partir de cette période, Eliade et son épouse Christinel Cottesco voyagent en Europe et aux États-Unis, poursuivant leurs recherches, tout en étant sollicités de part et d'autre pour des conférences et des colloques.

Carrière aux États-Unis

En 1959, l'université de Chicago lui confie la chaire d'histoire des religions, ce qui ne mettra pas fin à son exil qu'il considère comme partie intégrante de son œuvre et de sa personnalité.

Théories et histoire des religions

En 1953 Eliade publia « Les mythes du monde moderne », un essai très remarqué qui expliquait que la lecture quotidienne de l'homme du vingtième siècle prolonge les activités mythologiques de l'ère des religions déistes. Il note aussi que les grandes idéologies (nazisme, communisme...) de notre temps sont des créations mythologiques. Mais ces idées n'ont pas été poursuivies, ni par Eliade, ni par l'histoire des religions. Dans les premiers volumes de son « Histoire des croyances et des idées religieuses » on promet une suite comportant l'analyse des « théologies athéistes (sic) contemporaines », mais un deuxième volume parut, puis un troisième sans parvenir aux temps présents. Eliade ne désirait probablement pas « transférer » les idéologies dans le domaine religieux. Deux lectures sont possibles de l'essai: Pour beaucoup de lecteurs, notamment de l'édition en anglais, Eliade prend ses distances avec tout ce qui est « séculaire » (« secular »). En traitant le communisme de mythe, il le diminue et le met devant ses propres contradictions. Les mythologies modernes seraient des fragments ou des survivances de la créativité d'autrefois. Mais selon une autre lecture de l'essai, Eliade voulait, au contraire, souligner la continuité dans l'évolution. En conclusion de l'essai il dit : « Il est indispensable de reconnaître qu'il n'existe plus de solution de continuité entre le monde « primitif » ou « arriéré » et l'Occident moderne. Il ne suffit plus, comme il suffisait il y a un demi-siècle, de découvrir et d'admirer l'art nègre ou océanien ; il faut redécouvrir les sources spirituelles de ces arts en nous-mêmes, il faut prendre conscience de ce qui reste encore de « mythique » dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi, consubstantiel à la condition humaine, en tant qu'il exprime l'angoisse devant le Temps. »

La première lecture focalise sur le marxisme anti-religieux comme l'« adversaire » des religions. La deuxième considère que beaucoup des pionniers du mouvement social français ont revendiqué l'étiquette religieuse pour le mouvement et cela jusqu'à Léon Blum en 1945 (A l'échelle humaine). Dans son essai Eliade s'empare de l'idée de l'absence de « solution de continuité » dans l'histoire des idées, mais ensuite il l'abandonne.

Carrière littéraire

Engagements et postérité

À partir de 1970, il est membre du comité de patronage de la revue Nouvelle École du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRECE) aux côtés notamment de personnalités comme Jean Mabire et Roland Gaucher, mais aussi des représentants de l'ésotérisme et du mysticisme tels Raymond Abellio ou Louis Pauwels. Eliade fait également partie des maîtres à penser de la Nouvelle Droite avec Julius Evola et divers auteurs allemands appartenant à la mouvance de la Révolution Conservatrice. Cependant les intellectuels de ce réseau d'extrême droite ont aussi tenté de récupérer la notoriété de bon nombre d'autres savants réputés comme Georges Dumézil, Christian J. Guyonvarc'h, Martin Heidegger, etc. Leurs diverses citations de Mircea Eliade ne permettent pas de réduire l'apport scientifique et érudit de l'historien des religions aux seules interprétations du GRECE. Ces informations, livrées sans mise en perspective, signalent un discours tendancieux dans la lignée des apologistes chrétiens comme Guillebaud, qui ne supportent pas que l'on réhabilite d'autres religions que les monothéismes et tentent d'assimiler au nazisme tout intérêt pour des spiritualités préchrétiennes. Au contraire, les travaux de Johan Chapoutot sur le « national-socialisme et l'Antiquité » et de Daniel J. Goldhagen sur le « rôle de l'Eglise catholique dans l'holocauste » relancent le débat sur la continuité idéologique entre les antisémitismes chrétiens et nazis. Ils permettent ainsi de ne plus occulter les religions des peuples dits « primitifs » étudiées aussi par Claude Lévi-Strauss, le père de l’antiracisme moderne, ceci dans la perspective d’un humanisme ne se limitant plus aux civilisations du bassin méditerranéen mais s’ouvrant, comme les travaux d’Eliade, à toutes les traditions.

Dans Occultisme, sorcellerie et modes culturelles (1978), Eliade n'hésite pas témoigner de son admiration pour René Guénon, ce qui a contribué à ranger ses travaux du côté de l'ésotérisme.


Le film « L'homme sans âge » de Francis Ford Coppola avec Tim Roth est tiré d'un de ses livres.

Il décède 25 avril 1986 à Chicago.

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