Arbre creux - Définition

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Les arbres creux dans la culture

Arbres creux renommés

Le chêne d'Allouville en avril 2006.
Chênes

Le plus vieux chêne de France serait un chêne pédonculé d'Allouville-Bellefosse en Seine-Maritime. Planté durant le IXe siècle, il se creuse avec le temps. En 1696 l'abbé du Détroit, le curé du village, parvient à faire rentrer 40 enfants à l'intérieur de l'arbre et réussit à aménager celui-ci pour y établir une chapelle pour la vierge Marie ainsi qu'une cellule ermitale pour un ami, le père du Cerceau. Le chêne gagne en renommée, apparaissant sur des gravures, faisant l'objet de poèmes et se voyant attribuer de soit-disants pouvoirs magiques. Bien qu'il fut victime de la foudre en 1912, il produit encore aujourd'hui feuillage et glands, l'aubier, la partie la plus active de l'arbre où la sève circule, étant intact. Il est néanmoins soutenu par une structure métallique. Classé monument historique en 1932, il est l'objet d'un film en 1981, Le Chêne d'Allouville, et est visité par plus de 30 000 visiteurs chaque année.

D'autres « chênes-chapelle » existent, comme à Saint-Sulpice-le-Verdon ou à Villedieu-la-Blouère. À Liernu, un gros chêne par ailleurs jumelé à celui d'Allouville, s'est également vu servir d'abri, accueillant tour à tour outils de cultivateurs, joueurs de cartes, atelier de rétameur et pèlerins.

Robinier du square Viviani
Robinier du square Viviani avec au fond l'église de Saint-Julien-le-Pauvre.

Dans le 5e arrondissement de Paris, un robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) a été planté en 1601 par le botaniste Jean Robin dans le square René-Viviani. Il mesure aujourd'hui 15 m de haut et est considéré comme le plus ancien de Paris. Il ne tient aujourd'hui debout que grâce au béton qui a comblé le profond creux du tronc.

Base du platane creux dans le jardin botanique de Padoue.
Platane creux du jardin botanique de Padoue

Dans l'arboretum du jardin botanique de Padoue, pousse un arbre à forte valeur historique : un platane d'Orient (Platanus orientalis) planté en 1680. Aujourd'hui gigantesque, il a subi les attaques de la foudre et un trou béant parcourt son tronc, notamment visible à la base de l'arbre.

Le baobab-prison.
Boab Prison Tree

Le Boab Prison Tree est un baobab australien (Adansonia gregorii, appelé « Boab » par les anglophone) au tronc très renflé (14 m de circonférence) et entièrement creux, situé à 900 km au sud de Derby, en Australie-Occidentale, et ayant servi dans les années 1890 à enfermer les Aborigènes d'Australie en chemin pour être jugés à Derby. On le dit plusieurs fois centenaire, et encore debout aujourd'hui, il est devenu une attraction touristique, parfois la cible de vandalisme. Le Prison Tree de Derby n'est pas un cas isolé et la pratique est survenue en plusieurs du Kimberley.

Pratiques autour des arbres creux, rites, superstitions

« Arbres à vierges »

Un culte dendrolâtre existant sous le christianisme est celui des arbres dits « à vierges », dans lequel on creusait une niche, un trou non naturel donc, où l'on plaçait une statuette de la vierge Marie. L'arbre finissait par cicatriser en engloutissant la statuette dans ses fibres.

Récolte du miel dans un arbre creux il y a six mille ans.
« Ruches-tronc »

Les « ruches-tronc » étaient utilisées dès la préhistoire par les humains pour s'approvisionner en miel, au moins depuis 6 000 ans avant Jésus-Christ comme l'atteste une peinture rupestre dans la grotte de l'araignée, en Espagne. Les arbres creux (ou creusés) constituèrent donc les premières ruches pour l'Homme, et leur usage se serait perpétré localement jusqu'au Moyen-Âge, même si des techniques d'enruchage plus sophistiquées s'étaient ailleurs développées dès l'Égypte antique. Aujourd'hui certains essaims nichant dans les arbres sont délocalisées vers des ruches modernes afin d'être facilement exploités par l'humain ; par ailleurs l'emploi d'enclos-apiers en Côte d'Azur, appelés « bruscs » en patois cévenol ou « bournios » en patois occitan, et notamment les ruches-tronc traditionnelles des Cévennes, est perpétré encore aujourd'hui.

Baobabs creux

Les baobabs creux, qu'il soient d'Australie, du continent africain ou de Madagascar ont été l'objet d'utilisations particulières ; pouvant vivre plus de 2 000 ans ils se creusent profondément avec l'âge. En plus des baobabs-prisons, ces arbres, une fois aménagés, servaient de réserve d'eau remplis par les pluies et pouvant accueillir des milliers de litres du liquide souvent rare à la saison sèche. De manière plus insolite et isolée, les cavités des baobabs ont déjà servi d'arrêt de bus, d'emplacement pour un bar, de toilettes…
Côté superstition, en Afrique on pensait qu'une personne réfugiée au creux d'un baobab ou dans ses branches était protégée par l'arbre, ne pouvait être victime de qui ou de quoi que ce soit.

Arbres de vie, arbres de mort

Une pratique des contrées germaniques consistait à planter un arbre à la naissance d'un enfant. À la mort de l'individu, cet arbre appelé « arbre de mort », « arbre-tombe » ou « Todtenbaum » était évidé afin de recevoir la dépouille du défunt, puis enseveli ou abandonné au fleuve. Pour Jung l'arbre est alors un fort symbole maternel, offrant protection, refuge, d'autant plus quand il est creux, pouvant aller jusqu'à représenter le sexe féminin. Il en est également ainsi de l'eau, ici celle du fleuve où le « cercueil » végétal est placé. Selon le psychanalyste, « le mort est remis à la mère pour être ré-enfanté ». Cette utilisation des arbres creux qui se retrouve dans d'autres culture, comme au Cameroun, et est peut-être l'ancêtre du cercueil menuisé. Au Sénégal, les griots étaient parfois enterrés dans des baobabs creux, comme reporté depuis le Saloum par André Alvares d'Almada, auteur portugais, en 1594.

Dans les récits, contes et légendes

Les « arbres géniteurs » comme analysés par Jung trouvent plusieurs échos dans les récits folkloriques. Un conte indien narre qu'un vieillard aurait retrouvé sa jeunesse en passant à travers un chêne creux. Un rite païen consistait à guérir un enfant en le faisant passer entre les racines ou dans le creux d'un chêne. L'exemplum 2661 de Frédéric C. Tubach raconte qu'une hostie placée dans le creux d'un arbre se métamorphosa en enfant.

Représentant également l'abri, la cachette, les arbres creux interviennent dans un certain nombres de contes folkloriques. Il servent ainsi parfois dans les légendes de domicile aux korrigans, ou de lieu de sabbat pour les sorcières, comme dans la légende du Creux-Chêne. Légendes mises à part, aux Épesses on raconte qu'un prêtre réfractaire à la constitution civile du clergé, l'abbé Chapelain, s'était caché dans un chêne creux avant d'être découvert puis exécuté par des révolutionnaires. Un vitrail de l'église de Saint-Hilaire-de-Mortagne où il était vicaire rappelle le souvenir de ce prêtre martyr ainsi qu'une plaque sur le-dit arbre, toujours debout. Une histoire similaire a rendu célèbre le chêne à Guillotin.

Dans la nouvelle Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête, adaptée au cinéma par Tim Burton par un film éponyme, le cavalier maudit et meurtrier jaillit du tronc d'un vieil arbre aux formes torturées, dit « arbre des morts ».

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