Le système pinia calata hiérarchique chinois engendra un système très restrictif de réglementations architecturales. Toutes les constructions étaient contrôlées par un code de construction détaillé qui différenciait clairement le rang et le statut.
Ce code appliqué comme loi dès le VIIe siècle après J-C, régissait tous les aspects de la conception et de la construction, depuis l’échelle à respecter, le plan, jusqu’aux formes du toit et la décoration. Les transgressions de ce code étaient considérées comme un crime et passibles de peine de mort dans certains cas. L’architecture devint l’un des symboles les plus reconnaissable de la société féodale chinoise fondée sur la classe sociale.
Les lions de pierre sont communs en Chine. On en voit à l’entrée des restaurants et des hôtels, accueillant les clients dans un symbole de culture traditionnelle chinoise. Dans le passé, pourtant, seuls les fonctionnaires du cinquième rang et plus étaient autorisés à placer les lions de pierres somptueux devant les portes de leur maisons. Le nombre de rangées de crinières de lions donnait de plus amples informations sur la position sociale du propriétaire de la maison. Les lions de l’Empereur en avaient treize, les ducs et les princes, douze, et celles des fonctionnaires variaient selon leur rang.
Les constructions traditionnelles chinoises ont souvent des figurines de céramique représentant des créatures légendaires placées le long des avant-toits. La première fonction de ces figures était de protéger les clous sous les tuiles du toit. Plus tard, elles furent utilisées comme décorations et pour signifier la position sociale des occupants. Durant la dynastie des Qing (1636-1911), les règles furent établies en reliant le nombre et le type de figures aux fonctions des bâtiments. Seulement le Palais de l’Harmonie Suprême, dans lequel l’empereur réalisait des rituels sacrificiels, possédait tous ces types de créatures, de même que des statues de dieux. On exigeait de tous les autres bâtiments qu’ils en aient moins.
La Cité interdite représente l’expression architecturale suprême de l’idéologie confucéenne. Ce complexe de cours massif représente clairement l’importance confucéenne accordée à la stricte division des classes et la position de l’individu pris dans un système hiérarchique.
Cette Cité Interdite de Pékin, fut conçue par l’architecte Kuai Xiang de la Dynastie Ming (1368-1644), qui vécut de 1397 à 1481. La construction du complexe commença en 1406. Le palais impérial représente la plus grande construction en bois de complexe royal au monde.
La Cité Interdite servit de résidence impériale et de siège du gouvernement durant les règnes des vingt-quatre empereurs des dynasties Ming et Qing, de 1368 à 1911. Ce complexe inclut des salles de cérémonie, des bureaux, des logements pour les domestiques et le personnel, ainsi que les palais et les cours intérieures dans lesquels vivaient les membres de la famille royale. Ces derniers y travaillaient aussi, y vouaient leur culte, s’y divertissaient.
La Cité Interdite couvre une surface de 720 000 m² et contient 9999,5 chambres. Il fallut 300 000 travailleurs et quatorze années pour compléter ce gigantesque/massif projet de construction. La Cité Interdite représente les distinctions confucéennes entre le souverain/chef et le fonctionnaire/employé, l’homme et la femme, les épouses principales/officielles et les concubines. L’endroit où l’empereur traitait les affaires officielles était localisé à l’avant du complexe de la Cité Interdite. Les importantes cérémonies et le public constitué de militaires et de civils étaient reçus dans trois grands halls construits sur une terrasse élevée du sud au nord le long de l’axe central de la Cité Interdite. La somptuosité de leur construction, de même que leur situation centrale, étaient l’expression du respect au pouvoir impérial.
Derrière ces trois hall principaux se trouvaient les palais des empereurs et impératrices, ainsi que les nombreux auxiliaires des cours centrales. Cette configuration était l’expression du concept confucéen du « public devant, privé derrière ». La classe dirigeante de la chine ancienne pratiquait la polygamie, avec une femme principale et de multiples concubines dans une même famille. Seulement l’impératrice, en tant que seule et unique épouse officielle de l’empereur, avait ses quartiers situés sur l’axe central vénéré de la Cité Interdite. Les résidences des concubines impériales se trouvaient dans douze cours intérieures à l’est et l’ouest de la ligne centrale. Cet aménagement était la représentation graphique de la supériorité de l’épouse principale dans ses relations avec les concubines.