L'architecture ecclésiastique se réfère à l'architecture de bâtiments religieux chrétiens. Elle a évolué en plus de deux mille ans de chrétienté, en partie par innovation et en partie par imitation d'autres styles architecturaux, mais aussi en répondant aux changements de croyances, aux pratiques et aux traditions locales. Les influences à la fois théologiques et pratiques sur l'architecture religieuse se sont inspirées des bâtiments païens ou séculiers ainsi que ceux des autres fois. Les bâtiments ont d'abord été adaptés de ceux originellement prévus pour d'autres programmes, puis, avec la montée d'une architecture ecclésiastique spécifique, les bâtiments chrétiens vinrent à influencer les bâtiments séculiers qui ont souvent emprunté à l'architecture religieuse. Au XXe siècle l'utilisation de nouveaux matériaux comme le béton, ainsi que le goût pour des styles plus dépouillés eurent non seulement un impact sur la conception des églises, mais on peut aussi affirmer que l'architecture religieuse cesse alors d'être un modèle et se laisse influencer par d'autres types de constructions emblématiques.
L'histoire de l'architecture ecclésiastique se divise elle-même en périodes, mais aussi géographiquement entre pays ou régions, ou par affiliation religieuse. Elle est aussi complexifiée par le fait que les bâtiments construits pour un programme peuvent avoir été réaffectés à un autre usage et que les nouvelles techniques de construction peuvent permettre des changements stylistiques et de proportions.
La première période est celle durant laquelle la foi chrétienne était interdite et, en principe, les églises en tant que bâtiments n'existaient pas. Au tout début les chrétiens priaient Dieu au côté des Juifs dans les synagogues ou dans des maisons privées. Après la distinction entre juifs et chrétiens, ceux-ci continuèrent à célébrer leur rites dans des maisons particulières. Quelques unes d'entre elles se trouvaient au dernier étage d'immeuble de plusieurs niveau, d'autres étaient des cours couvertes. Une des premières de ces résidences transformées se trouve à Dura Europa, construite peu après l'an 200 après J.-C., où deux pièces furent réunies en abattant une cloison et où un dais fut tendu. À droite de l'entrée une petite pièce servait de baptistère.
La participation au rituel qui avait conduit aux églises à porche ou à narthex, commença à décliner à mesure que l'église institutionnalise le clergé. Le développement des églises monastiques transforma aussi cette architecture religieuse. L'église scindée en deux espaces devint la norme en Europe. Le premier espace, la nef, accueillait les fidèles, le deuxième, le sanctuaire, était réservé au clergé et était l'endroit où la messe était célébrée. Celle-ci ne pouvait être entr'aperçue qu'à travers les arches séparant les deux espaces, à distance, par les fidèles. L'élévation de l'hostie, pain de la communion, devint le moment crucial de la cérémonie. Le latin étant la langue de la liturgie, les fidèles se satisfaisaient de leurs propres dévotions jusqu'au moment de la communion (parce que les vues étaient difficiles, certaines églises avaient des trous stratégiquement disposés dans les murs et l'iconostase, des lorgnettes par lesquelles l'élévation pouvait être devinée depuis la nef). Encore une fois, à cause du double principe qui voulait que chaque prêtre devait célébrer une messe quotidiennement et que l'autel ne devait être utilisé qu'une seule fois par jour, on eut besoin dans les communautés religieuses d'un grand nombre d'autels pour lesquels de l'espace dut être trouvé, et finalement à l'intérieur même des églises monastiques.
À l'écart des changements de la liturgie, l'autre influence majeure sur l'architecture ecclésiastique fut l'emploi de nouveaux matériaux et le développement de nouvelles techniques. Au nord de l'Europe, les premières églises furent souvent construites en bois, et pour cette raison ont rarement survécu jusqu'à notre époque. Avec l'utilisation plus largement répandue de la pierre par les moines bénédictins au xe et XIe siècles, des structures plus importantes furent érigées.
L'église en deux volumes, surtout si c'était une abbaye ou une cathédrale, se dotait de transepts, véritables bras d'une croix, ce qui alors constitua le plan de base de ce type de bâtiment. Celui-ci exprimait sa fonction de façon plus clairement symbolique. Parfois cette croix, devenue dans le programme de l'église le centre de toutes les attentions, pouvait être surmontée de sa propre tour, en plus des deux tours occidentales ou à la place de celles-ci (ces structures fragiles étaient réputées s'écrouler — comme à Ely — et devaient souvent être reconstruites). Les sanctuaires, devenus l'espace où les moines ou les chanoines chantaient lors des offices, s'agrandirent et devinrent le chœurs, séparés de la nef par une cloison. Les fonctions pratiques et le symbolisme furent à l'œuvre ensemble dans le processus de transformation progressive des lieux de culte.
En Angleterre, l'architecture saxonne se maintient en quelques endroits, mais avec la conquête normande les nouvelles églises romanes, souvent qualifiées d'architecture normande, devinrent de plus en plus la règle. Elles sont massives par rapport à l'espace qu'elles contiennent et leurs murs sont percés de fenêtres à arches semi-circulaires. La voûte interne reprenait la même forme d'arche. Les toits, fragiles, étaient rarement très larges, cependant certains de ces édifices étaient spacieux et d'une extraordinaire beauté. L'abbaye de Sainte-Marie-Madeleine à Vézelay en Bourgogne et la cathédrale de Durham en Angleterre sont deux exemples très différents de cette forme architecturale.
Le stade suivant résulte de la mobilité des maîtres maçons dont c'était l'œuvre. Ils suivaient les Croisades et construisaient leur propres églises en Terre sainte, et notamment l'église de Sainte-Anne à Jérusalem. Cependant ils remarquèrent aussi que l'architecture musulmane locale déployait des arches plus flexibles sur deux appuis, appelé par la suite arc gothique. Ces arches semi-circulaires étaient lourdes et malgré cela il en résultait une faiblesse quand deux voûtes en berceau se croisaient. L'« arc gothique », lui, était plus solide et pouvait être utilisé pour couvrir des espaces bien plus larges.
Ensuite ces techniques arrivèrent en Europe, d'abord l'étroite fenêtre lancéolée puis la large arche sur deux appuis, appelée en Angleterre le style anglais précoce avec ses simples nervures en Y. La période est décrite par Pevsner comme allant d'environ 1190 à 1250. Malgré son nom, ce style était plutôt qualifié de style français à un moment donné et on le retrouvait sur toutes les îles britanniques. Un des monuments les plus remarquables de cette époque est la cathédrale de Salisbury.
Jusqu'à la fin du XIIIe siècle des styles aux nervures plus audacieusement surchargées furent tentés - ainsi la fameuse période décorée ou curviligne, allant de 1290 à 1350. Là les ouvertures devinrent plus larges, multipliant le nombre des meneaux (les barreaux verticaux divisant les fenêtres), au-dessus d'elles dans l'arc de la fenêtre, les nervures prenaient des formes stylisées de stylets, de mouchettes, de trilobes et de quadrilobes. Des fenêtres complètement circulaires, des rosaces furent dessinées, incorporant toutes les formes précitées. Des colonnes formant des arcades à l'intérieur des églises de cette période devinrent plus élancées et élégantes, les feuillages des chapiteaux plus fournis.
Finalement, le style perpendiculaire (appelé ainsi à cause des meneaux transverses et montants perpendiculaires) autorisa les fenêtres de grandes dimensions, le plus souvent des vitraux. Ce style-là va de 1350 à 1530. Parfois critiqué comme trop formel, les espaces entre la corniche et l'arc du portail, étaient décorés avec des quadrilobes, etc. Les plafonds en pierres travaillées, utilisant ce qu'on appelle des voûte en éventail, avaient une grande portée. La chapelle du King's College à Cambridge en est la quintessence. Au même moment, la Lady Chapel de la cathédrale d'Ely avait un plafond en pierre d'une surface de 9 mètres par 24 mètres, utilisant tiercerons et bossages.
La période allant la conquête normande à l'avènement de la Réforme au XVIe siècle vit un développement sans équivalent de l'architecture ecclésiastique. Les murs devinrent plus fins ; les contreforts devinrent des arcs-boutants plus élégants surmontés de pinacles ; des tours souvent surmontées de flèches en pierre, devinrent plus hautes et à l'ornementation plus riche, avec des redents ; les piliers intérieurs devinrent plus élancés, les portés plus grandes ; les toits, auparavant à forte pente pour des questions de stabilité, deviennent plus plats, souvent décorés par des angelots et un bestiaire en bois sculpté ; les surfaces vitrées font disparaître les murs ; les ciselures décoratives s'entremêlent plus librement ; les figures se multiplient, particulièrement sur les façades ouest des cathédrales et des abbayes. Finalement avec la fin des guerres avec les Français et la fin manifeste de la guerre des Deux-Roses lors du retour d'Édouard IV en 1471, il y eut plus d'argent à contribution ce qui permit de bâtir et d'agrandir les constructions existantes.