Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Polskie Koleje Państwowe (les chemins de fer polonais eurent le même problème que toutes les compagnies de chemin de fer des pays dévastés par la guerre, remettre en état le réseau et renouveler le parc roulant. L'économie polonaise était en ruine et les possibilités financières insuffisantes.
Pendant l'occupation allemande d'abord et soviétique ensuite, des usines modernes et leur outillage avaient été démontées et transférées chez les pays occupants. Les voies ferrées avaient été démontées pour récupérer l'acier puis souvent bombardées.
La priorité absolue des chemins de fer était reconstruction dans des délais brefs des infrastructures pour les voyageurs. Ne pouvant pas financer un réseau électrifié, les polonais décidèrent de faire appel à la technologie des autorails diesel, beaucoup plus économiques à l'achat comme en service et rapidement disponibles.
Les chemins de fer polonais connaissaient fort bien ce type de matériel pour avoir disposé du constructeur Hipolit Cegielski à Poznan et Lilpop, Rau e Loewenstein de Varsovie. Il s'agissait d'une flotte de 20 autorails rapides Luxtorpeda, avec une vitesse de pointe de 130 km/h, qui étaient en service de 1934 à 1939 entre Varsovie, Katovice, Cracovie et Poznan. Plus tard, elles assurèrent aussi la liaison entre Lwow et Boryslaw, représentant le meilleur du trafic rapide polonais.
L'Italie, malgré les importants dommages de guerre avec une multitude de sites industriels détruits, pouvait toujours compter sur une technologie et un savoir faire de premier plan dans le domaine ferroviaire. Le plan décidé par le nouveau gouvernement en faveur de la reconstruction de l'industrie du pays avait permis de reconstruire rapidement l'outil industriel lourd. Un des résultats fut la reprise de la production des autorails du groupe ALn 772.
Par contre, l'Italie se trouvait grandement pénalisée par le manque de matières premières et de combustible en particulier. Le charbon national était de mauvaise qualité, et celui importé des balkans n'était pas meilleur et impossible à utiliser pour la traction ferroviaire et très peu sûr à cause des fumées dangereuses (cf accident du train 8017).
L'ingénieur Franciszek Tatara, directeur de l'agence d'Etat qui gérait l'usine de Poznan, défendit l'idée d'acheter quelques exemplaires des nouveaux autorails italiens et de les payer en charbon fossile, matériau dont la Pologne abondait. Le choix se portera sur les ALn 772, parce que semblables aux unités polonaises d'avant guerre, ce qui devait faciliter la fabrication dans les usines polonaises.
L'Italie ayant accepté ce troc, dans le groupe ALn 772, il fut commandé à OM exclusivement, un modèle dérivé renommé SD80, en trois exemplaires, destiné aux chemins de fer polonais. Ces trois unités furent livrées en 1949 et effectuèrent le trajet à travers les voies des différents pays traversés Autriche et Tchécoslovaquie. Les unités étaient identifiées par les numéros de série 09051, 09052 et 09053.
Le gouvernement polonais s'était trompé (ou avait été trop ambitieux) et peu après dû abandonner ce projet. En effet une fois les unités italiennes livrées elles devaient servir de modèle fini pour la fabrication locale. Aucune usine ne fut capable de fabriquer les moteurs conformément aux plans et notices fournies, l'acier disponible n'étant pas de qualité suffisante, les caisses ne sortaient pas des ateliers par manque de tôles, les soudures ne tenaient pas etc…
Les trois unités OM italiennes furent alors mises en service en 1951, sur des lignes intercity et immatriculées MsBx. Elles seront renommées en 1956 MsAx : signifiant "M= autorail s= moteur thermique B=seconde classe et x=4 essieux. La redéfinition du matricule faisait suite à la suppression de la troisième classe. La première ligne servie par ces unités fut Varsovie-Cracovie, et en 1953 elles seront transférée sur la ligne Varsovie-Gdynia, jusqu'en 1959, puis remplacée sur cette ligne très chargée par des trains traditionnels à vapeur beaucoup plus lents.
A partir de 1960 elles seront réimmatriculées SD80-01, SD80-02 et SD80-03 et furent affectées au centre de Varsovie Est. Deux unités furent utilisées sur la ligne de la capitale à Bydgoszcz et Poznan, tandis que la SD80-03 assura le trafic du train express Blekitna Fala (l'Onde Bleu) entre Miedzyzdroje et Varsovie, pendant la saison d'été et retournait le reste de l'année sur la ligne de Gdynia. Le train express Blekitna Fala était, dans les années 60, le train le plus rapide de Pologne avec 100,9 km/h de moyenne.
Les "SD80" restèrent en service sur le réseau polonais jusqu'en 1967 et seront ensuite remplacées par les autorails d'origine hongroise SN61.
Retirées du service actif voyageurs en 1967, les SD80 seront reconverties en SR70 et serviront de modules d'inspection et de service jusqu'en 1974, basée au sud de Danzig. La numéro 01 sera radiée le 1er janvier 1969, la numéro 03 le 31 décembre 1972 et la numéro 02 restera en service jusqu'au 30 avril 1974, après avoir été utilisée pour le transport des cheminots.
Lors de son retrait, la numéro 03, la seule pour laquelle les documents de service ont été conservés, avait parcouru seulement 904.218 km, avec des vitesses moyennes comprises entre 75 et 100 km/h, selon la ligne desservie.
Des trois exemplaires originaux, un seul a été conservé au Musée des Transports Ferroviaires de Varsovie, la numéro 02. Pour une raison jamais élucidée, cette unité a été abandonnée à l'extérieur et vandalisée.