Le canon anti-grêle est un système utilisé par les agriculteurs pour protéger leurs exploitations contre la grêle. Le canon anti-grêle est supposé empêcher la formation de la grêle en limitant la croissance des grêlons grâce à l'onde de choc créée par la détonation. Ils tomberaient ainsi, au niveau du sol, avec une densité qui ne leur permettrait pas de détériorer les cultures ou même sous forme de pluie.
L'efficacité des canons anti-grêle n'a pas été démontrée scientifiquement et ce système n'est pas reconnu par les autorités dans la plupart des pays. Cependant, au Mexique les agriculteurs sont subventionnés à hauteur de 50 % pour l'installation de canons anti-grêle reliés à des radars de détection d'orages dans le cadre du programme Alianza para el campo.
Les premiers canons anti-grêle sont apparus à la fin du XIXe siècle en Autriche. En 1896, Albert Stiger, le maire de la ville de Windisch-Fejstritz et un producteur de vin renommé, a effectué les premières expériences. Le succès allégué des premières années de test a engendré des ventes de canons dans l'Europe voisine : Italie, Allemagne et France. En Italie, la ferveur a été si importante que 2000 canons ont été mis en service en 1899.
En 1901, année du 3e congrès international de la grêle, de nouveaux courants de pensée apparaissent et émettent des doutes sur l'efficacité du canon. En 1903 et 1904, les gouvernements autrichiens et italiens ont commencé une étude basée sur les résultats de l'installation de 222 canons dans les provinces de Windisch-Fejstritz et de Castelfranco-Veneto. Les 2 régions ayant eu des dommages suite à des orages de grêle pendant ces 2 années, l'expérience a été jugée comme un échec. Après 1905, l'utilisation des canons a été largement abandonnée en Europe.
Le concept a refait surface autour des années 1970, grâce à des agriculteurs de la région de Manosque même si aucune recherche scientifique n'appuie les affirmations d'efficacité de ces derniers. Depuis, on note son utilisation dans quelques endroits en Europe et en Amérique du Nord et du Sud.
Les grêlons se forment dans les orages au-dessus du niveau de congélation, et en général à des températures plus basses que -20 °C , lorsque la vapeur d'eau se congèle sur un noyau de congélation. Les orages peuvent avoir plus de 10 kilomètres entre leur base et leur sommet. Les grêlons vont donc se former à plusieurs kilomètres au-dessus du sol et lorsqu'ils atteignent un poids plus importants que le courant ascendant dans l'orage vont commencer à tomber. Cette chute, d'une altitude de 5000 à 9 000 mètres du sol, va leur faire traverser une couche d'air où la température augmente et passe finalement au-dessus de zéro degré Celsius. Lorsque le grêlon se retrouve dans cet air au-dessus du point de congélation, il se met à fondre et diminue de diamètre. À la limite, lorsque les grêlons sont assez petits et la hauteur du point de congélation suffisante, ils fondront complètement avant d'atteindre le sol.
L'onde sonore émise par un canon anti-grêle se disperse dans l'atmosphère. Si l'air est instable et turbulent, comme c'est le cas dans une situation orageuse, l'onde va se dissiper sur quelques kilomètres. Comme l'onde est supposée agir sur la formation ou la fragmentation de la grêle, elle doit agir à très courte portée sur les grêlons en formation ou sur ceux en chute.
Une étude scientifique publiée dans le Journal of Applied Meteorology en 1967 démontre qu’une onde de choc peut fragiliser un cube de glace et suggère que des ondes de choc explosives puissent affaiblir, de la même façon, des grêlons réels. Cependant, les auteurs parlent dans la partie conclusion de lancer des fusées explosives dans le nuage pour produire l'onde de choc près des grêlons et ne suggèrent pas qu'une onde venant du sol, comme celle d'un canon, puisse être suffisamment puissante pour les déstabiliser. On peut s'interroger à ce propos sur le fait que la foudre des orages produit le tonnerre, une onde de choc beaucoup plus puissante, qui ne semble pas perturber la production de grêle même si elle est toujours émise, par définition, près du nuage.
Finalement, l’Organisation météorologique mondiale, dans un document de 2007 sur les méthodes de modification du temps, dit «qu'il n'y a aucune base scientifique, ni hypotèse crédible» à l'utilisation de forts bruits pour la suppression de la grêle.