Le caoutchouc est un matériau qui peut être obtenu soit par la transformation du latex naturellement sécrété par certains végétaux (par exemple, l'hévéa), soit de façon synthétique. On utilise aussi le nom d'élastomère.
Histoire
Peinture aztèque : Offrande de balle en caoutchouc au dieu Xiuhtecuhtli.
La véritable histoire du caoutchouc débute bien avant la fin du XVe siècle, lorsqu'à la suite des grandes découvertes, les Européens commencent à observer, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, l’usage séculaire que font les populations autochtones d'une matière alors inconnue en Europe. Provenant du latex (assimilé au sperme ou au sang humain selon la variété, il jouissait d'un grand prestige) issu de différentes plantes - dont l’hévéa et le guayule - , les amérindiens confectionnent des objets courants, fabriqués par moulage sur argile : balles, bottes, toiles enduites, torches, bouteilles, préservatifs qu'ils rendent étanches en les passant à la fumée. Ils en consomment aussi comme médicament et l'associent aux mythes de création, de la course du monde : dans le « juego de pelota » (jeu de balle précolombien), la balle en caoutchouc (appelée « ulli de ollin » -mouvement en nahuatl - et « kik » en maya - liquide séminal), avec son rebondissement incessant, mime la course du soleil. La matière caoutchouc devient ainsi sacrée. Les conquistadors, plus intéressés par l'eldorado ramènent quelques échantillons en Europe, mais ils sont relégués dans les cabinets de curiosité, faute d'applications car le latex est collant lorsqu'il est exposé au soleil, fond par température élevée et devient cassant par température froide, enfin il brunit et durcit à l’air.
1736-1747 : Les naturalistes français Charles Marie de La Condamine et François Fresneau de la Gataudière redécouvrent le caoutchouc naturel au Pérou, en Équateur et en Guyane. La Condamine effectue la première description scientifique de cette matière appelée caotchu — en quechua Cao signifie bois et tchu qui pleure —, et par rapprochement phonétique il francise son nom ; Fresneau en fait de même pour l'hévéa.
1770 : Le chimiste anglais Joseph Priestley découvre que l'on peut effacer des marques d'encre en les frottant avec du caoutchouc. Cette découverte sera à l'origine des premières gommes à effacer.
1783 : Le chimiste français Jacques Charles — lancé dans une compétition avec les frères Montgolfier pour réaliser le premier vol habité — fait construire un ballon — on disait alors un « globe » — fait d'une étoffe de soie imperméabilisée par un vernis à base de caoutchouc.
1790 : Samuel Peal, un industriel britannique, brevète une méthode permettant, en mélangeant de la térébentine avec du caoutchouc, d'imperméabiliser des tissus.
1811 : L'Autrichien Johann Nepomuk Reithoffer(de) (1781-1872) fabrique les premiers produits en caoutchouc (tissus, lacets).
1820 : L'Anglais Thomas Hancock découvre que la plasticité du caoutchouc est augmentée suite à son broyage (dans sa machine le « masticator ») et son pressage, ce qui permet la mise en forme du produit ultérieurement.
1823 : La découverte du procédé d’imperméabilisation des tissus par dissolution du caoutchouc dans un solvant (du naphte porté à ébullition) permet au chimiste écossais Charles Macintosh (1766-1843) de confectionner les premiers imperméables. La matière brevetée prit le nom de son inventeur et devint même en Grande-Bretagne synonyme du mot « imperméable ».
1835 : Charles Dietz invente un « remorqueur à chaudière » dont il garnit les roues d'une couche de liège puis de caoutchouc boulonnée sur la jante. Il invente sans le savoir l’ancêtre du pneumatique.
1842 : Charles Goodyear découvre la vulcanisation, qui permet de stabiliser le caoutchouc afin qu'il résiste mieux aux écarts de température (il fond à température haute et devient cassant à température basse).
10 décembre 1845 : l'écossais Robert William Thomson invente la roue aérienne (le premier pneumatique) qui, ne s'adaptant pas aux chariots lourds, tombe dans l'oubli.
1853 : L'Américain Hiram Hutchinson achète les brevets de Charles Goodyear et adapte le caoutchouc aux bottes.
1854 : Hiram Hutchinson ouvre la première usine utilisant le caoutchouc en France, dans l'usine de Langlée, à Châlette-sur-Loing (Loiret).
1868 : Invention des pneus pleins pour vélocipèdes.
1870 : Apparition des premiers préservatifs à base de caoutchouc de latex.
1876 : Henry Alexander Wickham rapporte du Brésil 70 000 graines d'hévéa replantées ensuite dans toutes les colonies britanniques d'Asie (notamment à Ceylan), brisant ainsi le monopole brésilien.
1887 : A Belfast, le vétérinaire John Boyd Dunlop imagine un tube souple gonflé pour remplacer les pneus pleins.
23 juillet 1888 : John Boyd Dunlop dépose un brevet qui permettra d'utiliser le caoutchouc pour la fabrication de pneumatiques. C'est la naissance du pneu à valve. L'invention des pneumatiques (appuyée plus tard par l'explosion de la production automobile) et le succès des bicyclettes provoqueront le boom de la production du caoutchouc à la fin du XIXe siècle.
1892 : Les frères Michelin présentent les premiers pneus démontables pour vélos et autos.
24 juillet 1904 : Création d’une commission internationale pour enquêter sur les pratiques utilisées dans la production du caoutchouc.
1909 : Première synthèse du caoutchouc.
Réclame Goodrich de 1923 (L'Illustration)
1915 : L'Allemagne produit environ 2 500 tonnes d'un autre caoutchouc synthétique.
1929 : L'Allemagne réussit à produire un polymère de butadiène et du styrène (en présence de sodium comme catalyseur).
1939 : L'Allemagne et les États-Unis améliorent le caoutchouc synthétique car, l'Allemagne est soumise au blocus, et les États-Unis sont privés du caoutchouc naturel de l'extrême-Orient.
1958 : Entrée de la France dans la production synthétique.
1980 : Le guayule naturel mexicain peut être mécanisable avec un rendement supérieur à l'hévéa.
2003 : Amerityre Corporation développe les pneus increvables (no-flat, air-no-air), basés sur le polyuréthane.