Château de Rochebaron | |||
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Période ou style | Gothique | ||
Type | Château fort | ||
Début construction | XIIe siècle | ||
Fin construction | XVe siècle | ||
Propriétaire initial | Pons de Rochebaron | ||
Protection | Classé MH depuis 1951 | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région | Auvergne | ||
Département | Haute-Loire | ||
Commune française | Bas-en-Basset | ||
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Le château ruiné de Rochebaron coiffe le sommet d’un éperon rocheux situé dans la commune de Bas-en-Basset, à environ 1,5 km au nord-ouest de cette localité, dans l’extrême nord-est du département français de la Haute-Loire, aux confins du Velay et de l’ancien comté du Forez.
Les ruines actuelles sont les vestiges d’un vaste ensemble érigé au début du XVe siècle sur les fondations d’un château plus ancien, et comprennent en particulier la façade méridionale d’une chapelle, la porterie à tourelles que la jouxte, et deux hautes tours, connues sous le nom de tour circulaire et triangulaire. La forteresse, relevant du comté de Forez et inféodée tour à tour à différentes familles nobles, fut l’un des enjeux de la rivalité entre les évêques du Puy et les comtes de Forez.
Progressivement abandonné à partir du XVIIe siècle, n’ayant même plus de propriétaire depuis le début du XIXe siècle, le château ne put que se délabrer rapidement. Une association de bénévoles s’attache depuis 1972 à le sauvegarder et à le mettre en valeur, et à organiser des visites.
Le château de Rochebaron fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis décembre 1951.
Le château de Rochebaron, qui est mentionné pour la première fois en 1173, dans le cartulaire du prieuré de Chamalières, était à l’époque féodale le siège d’un fief seigneurial occupant une position stratégique à la lisière sud du comté de Forez. Le territoire de juridiction (le mandement) de Rochebaron comprenait la totalité de la grande paroisse de Bas-en-Basset, qui comptait plusieurs villages et hameaux. Il est possible que le château ait été construit à l’emplacement d’un ancien oppidum gallo-romain.
Le château de Rochebaron appartint tour à tour à différentes familles nobles, la première en date étant celle des Rochebaron, laquelle cependant n’apparaît dans les textes, à travers la figure de Pons de Rochebaron, qu’à partir de 1169. Tout porte à admettre que le château de Rochebaron fut fondé par les comtes de Forez au milieu du XIIe siècle, et que ceux-ci l’inféodèrent à une famille du même nom.
Au cours des XIIIe et XIVe siècles, la mouvance féodale de Rochebaron se trouvait partagée entre deux puissances suzeraines, qui entrèrent en concurrence à plusieurs reprises : le comté de Forez, et l'évêché du Puy, dont relevait la paroisse de Bas-en-Basset. D’autre part, le château fut l’un des objets, avec d’autres châteaux du Velay, d’une lutte d'influence entre la couronne de France et les comtes de Forez. En témoigne en particulier un acte pris par le roi Philippe-Auguste ― qui, face à la montée en puissance du comte, entend s'assurer du contrôle de certains châteaux du Velay dépendant du comte de Forez ― acte par lequel Brocard de Rochebaron, élu évêque du Puy en 1213, fut destitué par le roi, qui désigna ensuite à ce poste un sien cousin, Robert de Mehun. De plus, en 1215, Philippe-Auguste gratifia son cousin de la suzeraineté de six châteaux du Velay, dont Rochebaron, relevant en principe du comte de Forez. Toutefois, Robert de Mehun ne réussissant pas, comme obligation lui en avait été faite, à acquérir de droit le château, celui-ci ne fut en réalité jamais soustrait à la suzeraineté du comte de Forez, à telle enseigne qu’en 1325, celui qui était alors le seigneur de Rochebaron, Érail (ou Héracle), rendit des aveux au comte de Forez, excepté pour le village de Bas-en-Basset, qui continuait de relever de l’évêque du Puy.
C’est à cet Érail, figure ambitieuse, que l’on doit, selon toute probabilité, l’initiative de reconstruire le château de Rochebaron. Non content d’augmenter ses apanages, pourtant enrichis déjà d’un certain nombre de terres dans le Gévaudan, Érail nourrissait en outre des ambitions politiques, se faisant notamment, en pleine Guerre de Cent Ans, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne Jean sans Peur, et s’opposant à Armand de Polignac. Le tempérament d’Érail, qui le portait à mettre le château davantage au service de ses intérêts personnels qu’à ceux de ses suzerains, ne laissera pas d’ailleurs de mettre à mal aussi son allégeance au comte de Forez.
Cette personnalité particulière du seigneur de Rochebaron est un élément propre à rendre plausible le fait que le château de Rochebaron ait pu, au début du XVe siècle, faire l'objet d'une campagne de modernisation, tant résidentielle que défensive, et ce en un temps où l’architecture seigneuriale développe de nouvelles formes, inspirées notamment des chantiers royaux de Charles V ou des constructions des ducs de Bourgogne. Des textes du début du XVe siècle viennent corroborer cette thèse : ils indiquent en effet qu’en 1402, le château comportait une maîtresse tour carrée, dont on peut supposer que l’actuelle tour dite triangulaire constitue le vestige, et qu’une seconde tour d'importance architecturale équivalente, correspondant assurément à l'actuelle grande tour ronde, y aurait été construite à neuf peu avant 1419. D’autre part, jusqu'au début du XVe siècle, aucune source historique ne fait état de ce que tel seigneur de Rochebaron, ou tel comte de Forez, ait entrepris, depuis la fondation initiale du château, des travaux de reconstruction de quelque envergure à Rochebaron.
La mort prématurée de Guigue de Rochebaron, fils d'Érail, qui périt en 1424 à la bataille de Verneuil, fait douter que les travaux de reconstruction se soient poursuivis au-delà de 1419, cela d'autant plus qu'avec lui vint à s’éteindre la branche aînée des Rochebaron. Son unique descendance en effet, une fille mineure, épousera dix ans plus tard Louis de Chalencon, lequel fut appelé ainsi à fonder la branche Chalencon-Rochebaron. La première charte désignant Louis de Chalencon seigneur de Rochebaron n’apparaît qu’au cours de la décennie 1460.
Dans la première moitié du XVIe siècle, le château, chef-lieu du riche mandement de Rochebaron, fut un foyer de peuplement. Outre les maisons possédées par des chevaliers, petits tenanciers de fiefs, maisons situées près de la basse-cour du château ou dans la basse-cour même, et dont certaines sont citées dès 1484, c’est tout un village qui se constitua autour du château.
Les La Rochefoucault, qui obtinrent la seigneurie par voie d'alliance au milieu du XVIIe siècle, n’habitaient plus guère le château que par intermittence, lequel est alors pratiquement abandonné par ses possesseurs. Les aveux de Louis de la Rochefoucault cependant décrivent encore le château comme se composant de « deux grandes tours, d’appartements et d’offices ordinaires, entouré de fortes murailles, dans l'enceinte desquelles il y a des habitants qui y résident et les justiciables d'icelle terre, obligés de faire les réparations des murailles... ». Laissés sans entretien, les bâtiments résidentiels se délabrent, tandis que la chapelle et deux des tours (ce qui désigne sans doute les deux grandes tours) font l'objet encore d'un entretien minimal, peut-être en raison du fait qu’elles avaient du moins conservé une fonction : celle de bâtiment carcéral. L’acte de foi rendu en 1743 par Pierre-Francois de Giry, récent acquéreur de la seigneurie, fait état déjà d’un « château en ruines, avec tous les matériaux y étant, une maison pour un fermier, une grange à foin, des greniers et caves pour fermer les denrées, une chapelle avec tous les ornements anciens ; il y a deux tours pour les prisons... ». Il ressort donc que la ruine partielle du château remonte au moins à la première moitié du XVIIIe siècle.
Si lors de la Révolution, la chapelle castrale Saint-Antoine fut pillée méthodiquement par deux ouvriers dépêchés sur les lieux par les membres du district, c’est après la Révolution, et jusqu'au milieu du XIXe siècle, qu’eurent lieu, en vue de récupération de matériaux, les démolitions délibérées les plus importantes. Deux sources graphiques nous renseignent sur l’état du château au milieu du XIXe siècle : d’une part le plan cadastral de Bas-en-Basset de 1841, où la chapelle, les deux tourelles de la porterie attenante, les deux grandes tours et la troisième tour d'angle (ronde, au nord) sont figurés comme du bâti couvert ; et d’autre part, une gravure publiée vers 1850 par les frères Rouargue représentant le château doté encore de combles sur les deux tourelles de la porterie, et où la grande tour circulaire a encore des superstructures (parapet, couronnement) au-dessus du niveau des mâchicoulis, mais où la chapelle apparaît déjà ruinée.