Oppidum - Définition

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Un oppidum (du latin n. oppidum, pl. oppida : lieu élevé, fortification. À noter le pluriel français recommandé: oppidums) est un lieu élevé (généralement situé sur une colline ou sur un plateau) dont les défenses naturelles ont été renforcées par la main de l'homme au temps des Celtes.

Les oppida sont connus notamment grâce aux descriptions de Jules César, dans La Guerre des Gaules. Ils se caractérisent par des murs de terre et de pierres, renforcés par des traverses de bois assemblées perpendiculairement par de longues fiches de fer (20 à 30cm) comme à Bibracte. Ce type de mur particulier aux oppida gaulois est nommé murus gallicus. À l'inverse, dans les îles britanniques, où de nombreuses enceintes fortifiées sont connues, de simples levées de terre ou murs de pierres étaient utilisés.

Le nom oppidum est couramment utilisé pour désigner des sites de taille très différente, allant de quelques dizaines à plusieurs centaines d'hectares : l'enceinte de l'oppidum de Manching, près d'Ingolstadt en Bavière (Allemagne), a ainsi pu entourer jusqu'à 350 hectares de terrain. D'autre part, les sites connus sous ce nom ont pu être utilisés comme forts depuis le début du premier âge du fer jusqu'au premier siècle de l'ère chrétienne, la dénomination d'oppidum ne s'appliquant qu'à partir du IIème siècle av.J.-C. Dès lors, cette diversité se retrouve dans le rôle qu'ont pu jouer les oppida.

Définition

Dans La Guerre des Gaules, César utilise le terme d'oppidum aussi bien pour des habitats ouverts (Geneva) que fortifiés (Bibracte). Il rapproche même certaines places fortes du terme urbs. On apprend selon les termes de César que l'oppidum est donc un lieu économique, d'échange dans lequel il a pu ravitailler ses légions. Cependant, il ne définit jamais clairement ce terme dans son oeuvre. Toujours est-il que l'on applique ici un terme latin à une autre civilisation En celte, on a un terme qui s'accorde bien à ces lieux, c'est dunon(dunum en latin que l'on retrouve par exemple dans Uxellodunum, Augustodunum) qui signifie forteresse, enceinte fortifiée; celui-ci a donné en vieil irlandais dún, le fort, la forteresse. C'est aussi un site fortifié qui évolue vers la ville comme le justifie le terme gallois din ou le germanique tuna qui a donné town en anglais. Il existe donc bien une ambiguïté dans la définition de ce terme, tantôt usité pour désigné un fort, d'autres fois pour une ville. Cependant, comme l'explique Stefan Fichtl, l'oppidum comprend la notion d'espace clos. Doit-on prendre en compte alors les frontières symboliques, le pomerium latin en plus des frontières matérielles que forment les remparts pour définir l'oppidum? La question reste toujours ouverte à l'heure actuelle.

En archéologie, le terme d'oppidum, a pris un sens de plus en plus précis depuis les grands travaux de fouilles entrepris sous Napoléon III. Il est utilisé pour un cadre précis: la fin de la civilisation continentale pendant la période de la Tène (IIème et Ier av. J.-C) et une aire de répartition précise qui s'étend du sud de l'Angleterre jusqu'en Europe centrale, excluant toutefois les villes du pourtour méditerrannée qui diffèrent de par leur architecture et leur histoire. Dans ce contexte précis, un oppidum se définit par des données morphologiques précises de superficie, d'architecture et de tracé du rempart ainsi que du type de portes. Les définitions divergent selon les archéologues et les régions, mais elles tendent à s'uniformiser. Ainsi, un site d'une superficie supérieure à quinze hectares peut être considéré comme un oppidum et de moindre taille comme un castellum.

Le rôle des oppida

Maquette reconstituant la construction d'un mur gaulois
Maquette reconstituant la construction d'un mur gaulois

Sur le continent et tout particulièrement en Gaule, certains oppida ont pu être considérés comme les premières formes de " villes ", ou comme des " centres proto-urbains " de l'Europe barbare, ce qui a donné lieu à la dénomination de " civilisation des oppida " pour désigner la réalité socio-économique qui prédominait à la veille de la guerre des Gaules. Les difficultés d'interprétation sur la question sont nombreuses : on ne connaît des infrastructures du réseau des oppida que ce que l'archéologie nous laisse entrevoir. Aussi, les avis des archéologues divergent quant à l'importance exacte que ces lieux pouvaient avoir dans la civilisation celtique, et en particulier dans la civilisation gauloise à la veille de la conquête romaine.

Comme le montrent des fouilles accomplies sur les sites de Manching, sur un mont du Luxembourg (Titelberg), ou encore à Bibracte (sur le mont Beuvray, en France), il est acquis que les oppida les plus importants ont connu une répartition régulière et dense de constructions sur leur site, au plus tard à partir du IIe siècle avant l'ère chrétienne.

L'organisation de certains oppida durant la période finale de La Tène a pu être rapprochée dans une certaine mesure du modèle des cités archaïques du monde classique. Il semble qu'à l'origine, en effet, le développement particulier de certains sites ait été lié à l'existence d'un lieu de culte important (Entremont, au nord d'Aix-en-Provence ou l'Alésia des Mandubiens).

Pour Stéphane Fichtl, (Les peuples gaulois, Paris, 2004), le terme de civitas employé par César dans ses Commentaires a pu aussi correspondre dans certains cas à une réalité politique au cœur de laquelle l'oppidum, véritable chef-lieu, pouvait concentrer le pouvoir politique d'un peuple ou d'une fédération de peuples sur ses " clients " et dans un territoire délimité : la meilleure illustration de cette hypothèse est l'exemple des Éduens, dont la magistrature suprême (des Vergobrets) s'exerçait à l'intérieur de ce territoire.

Porte du Rebout, oppidum de Bibracte
Porte du Rebout, oppidum de Bibracte

Des concentrations d'importations méditerranéennes découvertes dans plusieurs oppida ont quant à elles révêlé l'importance que pouvaient avoir certaines de ces " places fortes " dans les réseaux commerciaux reliant le monde " barbare " au monde méditerranéen, dès avant la période laténienne.

Certains oppida, en effet, purent jouer un rôle politique majeur à l'époque des principautés celtes du premier Âge du fer en permettant à une aristocratie locale de contrôler les voies de passage et d'asseoir son pouvoir sur un territoire pouvant aller jusqu'à 80 kilomètres de diamètre (comme dans le cas de Hohanesperg, en Allemagne, cf. Patrice Brun, Princes et princesses de la Celtique, Paris, 2000).

L'oppidum du Mont Lassois, dans la Côte-d'Or, qui est associé à la découverte de la tombe princière de Vix, est un exemple de ces forteresses de la fin de la période de Hallstatt.

Fortifications

Typologie

Plusieurs formes de remparts d'oppida existent, mais deux grandes catégories prédominent : les "fortifications de barrage" et les "enceintes de contour".

¤les fortifications de barrage s'appuient sur un élément topographique qui protège naturellement le site. On peut distinguer différentes dénominations pour ces structures selon la nature de l'élément naturel:

  • les éperons barrés où l'on renforce par un rempart le côté non protégé par l'éperon rocheux(ex:
  • les méandres barrés (ex: Besançon), où le méandre d'une rivière, d'un fleuve, ... est fermé par un barrage.
  • les confluences barrées, où la ville se situe entre deux bras d'eau se rejoignant ; le barrage protègeant l'ouverture de l'oppidum sur la terre.
  • les bords de falaise ou de fleuve, où le barrage protège, de la même manière que pour les confluences barrées, l'ouverture de la ville sur la terre.
  • les segments de crête où l'on protège par deux remparts les voies d'accès à la crête.

¤les enceintes de contour(ex: le Mont Beuvray, ou "Bibracte" du temps de César,...), quant à elles, n'ont pas véritablement de formes différentes. Un rempart encercle la ville, "posée" sur un mont (tel qu'une colline,...) ou à même la plaine(Manching) et suit généralement une même ligne de niveau.

Pendant la Tène Finale, de nombreuses oppida avec une fortification de barrage se dotent d'une enceinte complète qui revêt un aspect purement symbolique (et non militaire), délimitant la ville de la campagne. De même, les enceintes de contour ne suivent plus une ligne de niveau et peuvent dévaler des pentes. Ceci ne revêt donc pas un aspect militaire puisque ceci les affaiblit en ces points. Sur d'autres site enfin, on voit apparaitre des tracés de remparts géométriques comme des cercles (Manching).

Fouilles archéologiques sur le plateau de Gergovie (Puy-de-Dôme, France) : mur de l'oppidum.
Fouilles archéologiques sur le plateau de Gergovie (Puy-de-Dôme, France) : mur de l'oppidum.

Architecture du rempart

On distingue deux types deux remparts dans le monde celtique: le talus massif et le rempart avec des poutrages internes, plus complexe. Bien entendu, le talus et le parement en pierre diffèrent selon les régions puisque les celtes ont du s'adapter aux matériaux de leur environnement, mais, elles ne correspondent pas à des différences dans la construction du mur. Les principales divergences architecturales différenciant les régions proviennent du poutrage interne en bois. O. Buchensenschutz et I. Raltson ont proposé une classification des remparts en fonction de ce poutrage.

  • Les remparts à poutrage horizontaux
    • Le rempart de type Ehrang

Il tire son nom du site allemand de Ehrang dans l'Eifel où il fut décrit pour la première fois. Celui-ci se compose d'un assemblage interne de poutres horizontales régulièrement espacées, superposées en grilles et calées à l'aide de pierres, ainsi que d'un parement extérieur en pierre. L'espace entre les poutres est remblayé avec de la terre et des pierres.

    • Le murus gallicus

Baptisé ainsi par César dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules, ce mur se construit de la même façon que le rempart de type Ehrang, auquel on a ajouté de grandes fiches de fers et des clous permettant de relier les poutres entre elles. Le parement interne à l'oppidum est quand à lui remplacé par une pente de terre qui permet d'accéder au sommet du rempart.

  • Les remparts à poutrage verticaux(pfostenschlitzmauern)
    • Le rempart de type Altkönig-Preist

Du nom de deux sites allemands, ce type de rempart possède des poteaux verticaux espacés de quelques mètres dans le parement interne et externe. Les poteaux internes et externes sont reliés par des poutres horizontales à l'intérieur du rempart. Comme les autres type de mur, il est rempli de remblai.

    • Le rempart de type Kelheim

Il porte le nom d'un site bavarois. Son parement externe est identique au type Altkönig-Preist et il possède la même rampe que les murus gallicus. Des poutres horizontales fixent alors les poteaux dans la terre.

  • les remparts à talus massifs sont de grandes élévations de terres précédées d'un fossé.

Les portes

Les portes jouent un rôle capital dans la fortification puisqu'elles sont un lieu de passage obligatoire pour entrer dans l'oppidum. Ouverture dans le rempart, ce sont les points faibles de l'enceinte qui nécessitent une protection toute particulière. Malheureusement, ces constructions en bois ne se sont pas conservées. Ainsi, les archéologues n'ont retrouvé aucune trace du système de fermeture de la Porte du rebout sur l'oppidum de Bibracte. En revanche, des trous de poteaux et quelques échantillons de bois ont pu être retrouvés sur d'autres sites tels que Manching ce qui a permis d'émettre des hypothèses sur ces portes. Si l'aspect général de la porte est certain, la forme et la taille des tours qui la surmontent ne sont que des hypothèses qui s'appuient sur la taille des poutres porteuses.

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