Comment rédiger la citation d'auteurs ?
Il y a trois catégories d'auteurs :
- L'auteur du taxon d'origine.
- L'auteur d'une nouvelle combinaison à partir de un basionyme (changement de genre ou changement de rang taxinomique). Chaque recombinaison créant autant de synonymes homotypiques.
- L'auteur sanctionnant un nom invalide.
Les parenthèses signalant un transfert
Lorsqu'un systématicien estime que le genre choisi n'est pas le meilleur pour cette espèce (notamment suite à la création d'un nouveau genre), il peut décider de transférer l'espèce dans un autre genre. Dans ce cas, le nom de l'auteur de la combinaison princeps demeure, mais il est placé entre parenthèses.
En botanique et en mycologie, chaque fois qu'une espèce été transférée dans un autre genre, on doit obligatoirement mentionner à la suite de la parenthèse fermante, le nom de celui qui, le premier, à publié cette nouvelle combinaison.
Autrement dit, chaque fois que le taxon auquel le nom (supposé publié de manière valide) s'applique initialement a été changé de genre et que l'épithète du basionyme est conservée (ce qui n'est pas toujours possible), on procède comme suit :
- Le nom de l'auteur initial (ou son abréviation) est cité entre parenthèses et l'on fait suivre cette parenthèse du nom de l'auteur du transfert au genre d'accueil.
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- exemple: Sequoia sempervirens (D. Don) Endl., l'abréviation « D. Don » indique que David Don a publié le basionyme Taxodium sempervirens D. Don; le transfert dans le genre Sequoia ayant été effectué par Endlicher.
- Ceci s'applique aussi s'il y a changement de rang (transfert entre les rangs d'espèce, de sous-espèce, de variété etc.)
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- exemple: Castanopsis (D. Don) Spach (1841), l'abréviation « D. Don » indique que David Don a publié le basionyme Quercus [unranked] castanopsis D. Don (1825); le transfert et la recombinaison dans le genre Castanopsis a est effectuée par Édouard Spach.
La règle s'applique même si la publication ou le transfert est le fait de plusieurs auteurs conjointement.
Auteur sanctionnant signalé par « : »
Le symbole des deux points encadrés d'un espace « : » , entre deux noms d'auteurs, ne se rencontre qu'en mycologie dans le cas de noms sanctionnés ((Art 13.1(d)) pour des groupes de champignons bien précisés, tels qu'ils sont adoptés dans deux ouvrages sanctionnants :
- Synopsis fungorum 1801, de Persoon, pour les Gastéromycètes, Urédinales et Ustilaginales ;
- Systema mycologicum 1821-1832, de Fries, pour tous les autres champignons, myxomycètes exclus.
Par exemple, la trompette des morts, Craterellus cornucopioides (L. : Fr.) Pers. (1825).
Craterellus cornucopioides (L.) Pers. (1825).
La mention de « : Pers. » et « : Fr.», non obligatoire mais unanimement utilisée, signifie que l'auteur cité à gauche du signe est bien l'auteur du nom d'origine, mais que la typification du taxon était jugée insuffisante avant d'être adopté (sanctionné) par Fries ou Persoon (Art 13.1(d)). Ce signe s'applique à la fois aux noms sanctionnés et à ceux qui sont simplement « dans le système de sanctionnemment ». Il signale que le nom du taxon bénéficie :
— d'un statut de typification privilégié, qui stipule que le « matériel associé » de l'ouvrage sancionnant devient matériel éligible pour la désignation du type (en plus du matériel original du protologue).
— d'une protection modulée, pour les noms spécifiques et infraspécifiques selon trois catégories de noms (précisions introduites par le Code St Louis quant au statut des combinaisons de tous rangs d'un nom sanctionné) :
- les noms ainsi sanctionnés sont protégés contre leurs synonymes et homonymes concurrents (sauf conservation, ou « rejet spécial »). Par exemple, Agaricus decolorans Fr. : Fr. est un nom sanctionné, prioritaire sur son homonyme Agaricus decolorans Pers., pourtant plus ancien mais non sanctionné ;
- les combinaisons de même rang n'étant pas sanctionnées, elles bénéficient du symbole « : » pour les protéger contre leur synonymes, mais pas contre les homonymes concurrents ;
- les combinaisons de rang différent de ces noms sanctionnés ne bénéficient d'aucune protection, bien que bénéficiant du symbole « : ».
Que signifient « ex » et « in »?
Bien qu'elles se soient multipliées ces dernières années, il faut savoir que les notations « ex » et « in », insérées entre deux noms d'auteurs, sont toujours facultatives. La décision de leur application éventuelle repose sur l'analyse de la publication originale. Ils signalent que le nom de taxon publié dans l'article d'un auteur doit être attribué à un autre auteur, ou que l'auteur a publié ce taxon à l'intérieur de la publication d'un autre auteur. Il y a deux cas possibles :
Cas de taxons nouveaux
Depuis le Code « Tokyo », la mention de « ex » dans une citation de type « Auteur X ex Auteur Y », répond désormais à des critères précis qui font appel à deux notions (assez délicates à interpréter) qui ont été redéfinies à cette occasion :
- l'attribution (actuelle) du nom de taxon (plante ou champignon) à un auteur
- l'imputation de ce nom, ou de la description originale, à un auteur.
La mention de « ex » peut s'appliquer quand, dans la description originale, au moins deux parmi les trois catégories d'auteurs possibles sont des personnes différentes et entrent en concurrence dans l'attribution du nom de taxon. Ce sont :
- l'auteur (A) de la publication (du livre ou article);
- l'auteur (B) à qui est imputé le nouveau nom de taxon, par l'auteur (A);
- l'auteur (C) à qui est imputée l'ensemble de la description, par l'auteur (A).
Les règles pratiques d'application sont les suivantes :
- . Si la description (au sens large) est imputable en partie à B et en partie à C (cas fréquent d'un auteur B qui reproduit tout ou partie d'une description reçue personnellement de C, en la complètant avant de la publier), elle est imputée à C seul : Rosa nova C.
- . Si A et B sont un même auteur (appelé A), le nom lui est attribué (peu importe que l'auteur C, à qui est attribué la description, soit éventuellement différent) : Rosa nova A.
- . Si les trois auteurs sont différents (A, B, C), ou si A et C sont le même auteur (A), différent de B, le nom est attribué à A : Rosa nova A. Mais le nom de B peut être cité facultativement, suivi de « ex A » : Rosa nova B ex A.
- . Si B et C sont un même auteur (B), différent de A, le nom est attribué à B : Rosa nova B. Mais dans une citation avec bibliographie on écrira : Rosa nova B in A, suivi de la référence bibliographique. NB. Dans les textes anciens, « in » a parfois été remplacé par son équivalent « apud » ou « per », termes aujourd'hui caducs.
- . Cas particulier ou A et C sont un même auteur (A) et le nom est imputé à « B ex A ». Que B soit l'auteur d'un nom précédemment invalide ou pas, le nom sera de toute manière attribué « B ex A ». Comme la mention « B ex » est toujours facultative, on peut supprimer l'auteur cité à la gauche de « ex ». Du point de vue nomenclatural, les deux façons d'écrire suivantes sont équivalentes :
- Magnoliophytina Frohne & U.Jensen ex Reveal (1996)
- Magnoliophytina Reveal (1996)
Mais dans la pratique, la déontologie veut que l'on s'efforce de respecter la première, car c'est l'expression d'une claire volonté de l'auteur A (Reveal), qui veut rendre hommage aux auteurs de la publication originale (même invalide) même si le nom nouveau est imputé à B. Ainsi : « Hebeloma edurum Métrod ex Bon », ainsi publié, est donc à maintenir sous cette forme.
Cas des transferts
(ébauche à poursuivre)
- Ce peut être dû à une publication trop ancienne (par exemple une planche accompagnée d'une description trop succincte) nécessitant la validation d'un autre auteur qui la reprend en considération, en la complétant (il la récupère). Mais aussi le nom peut être dérivé d'un herbier. Il peut en rester l'auteur si un autre scientifique (ou lui-même) opère la validation par la suite (par exemple fournit la diagnose latine manquante dans la description, ou l'indication obligatoire de l'holotype, etc).
Que signifie « sensu X » ou « non sensu Y »?
On peut rencontrer aussi à la suite d'un nom de taxon, la mention sensu (ou une de ses abréviations, s. ou ss.) suivie du nom d'un botaniste autre que l'auteur du taxon;
par exemple : Boletus lupinus Fr. sensu Romagnesi, non sensu Bresadola
Elle indique simplement que le Bolet de loup nommé par Fries, auquel on se réfère ici est pris dans la conception particulière qu'en avait Romagnesi, et qu'elle est différente de celle qu'en avait Bresadola. Ces deux mycologues ayant donc désigné sous ce même nom des espèces différentes.
Il ne s'agit que de l'indication taxinomique facultative d'une interprétation divergente, sans valeur nomenclaturale.
Que signifient « sp. nov. » , « gen. nov. » , « comb. nov. », « stat. nov.» et « nom. nov. » ?
Ces abréviations ne font pas partie de la citation d'un taxon. On ne les rencontre que dans la publication originale, et ils ne sont pas repetés par la suite, sauf dans les discussions et analyses nomenclaturales.
Elles indiquent laquelle de plusieurs situations possibles s'applique au nom que l'on publie:
- sp./gen./fam./ord./etc. nov. (chaque rang possédant son abréviation propre) indique que l'on décrit un taxon entièrement nouveau.
- comb. nov. est employé lorsque qu'un nom inférieur au genre où à l'espèce est placé sous un genre ou un espèce différente. Par ex. lorsqu'une sous-espèce est transférée à une autre espèce.
- stat. nov. apparaît si est déjà existant et placé à un rang où il ne s'est jamais trouvé précédemment: par exemple si on élève une tribu au rang de famille. Il est souvent utilisé conjointement avec "comb.": "comb. et stat. nov.".
- nom nov. désigne un nom de remplacement pour un taxon dont tout les noms précédents étaient illégitimes.