Clos-masure - Définition

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Un patrimoine menacé

Une menace ancienne

Bâtiment caché derrière un talus.

Dès la fin du XIXe siècle, le géographe Vidal de la Blache s'inquiète du devenir du paysage cauchois :

« Dans un paysage apparemment classique de grande culture, les clos-masures, constitués de hêtres, de chênes ou de fresnes plantés sur talus, structurent le paysage et l'enrichissent par le contraste des échelles de perception qu'ils permettent : à l'intimité des cœurs des clos-masures succède la respiration de l'ouverture du plateau agricole. En constituant la clôture de chaque corps de ferme, le clos-masure crée l'architecture du Pays de Caux. Arasez les talus et le paysage sera complètement bouleversé. »

Déjà, en effet, sous l'influence de multiples facteurs, démographiques et économiques en particulier, le paysage rural traditionnel était en danger. La disparition lente mais constante du clos-masure s'accélère dans la seconde moitié du XXe siècle.

Un espace mal adapté à l'exploitation agricole moderne

À partir des années 1970, l'apparition de la graphiose qui attaque spécifiquement les ormes, oblige à l'abattage de nombreuses haies. Des coupes ponctuelles ou massives se multiplient par la suite. De plus, l'entretien et la coupe de tels alignements se heurtent à la perte de leur intérêt économique face à l'apparition de nouvelles énergies (fioul et gaz), et à la baisse de la main d'œuvre agricole. Enfin, le talus peut s'avérer gênant pour construire un hangar ou une stabulation modernes.

Les replantations effectuées se font souvent avec des essences à croissance plus rapide, comme le peuplier, ou à feuillage persistant comme le thuya, ce qui modifie fortement la perception des clos.

Un terroir urbanisé

Parallèlement, depuis les années 1960, les nouvelles pratiques agricoles délaissent les clos-masures et les prairies qui sont alors soumis à une forte pression foncière.

De nombreux clos-masures perdent leur vocation agricole et sont divisés voire lotis. Les arbres trop proches des habitations sont alors coupés pour plus de confort ou de sécurité.

Les lotissements et les zones d'activités s'implantent en périphérie des bourgs et des villages, sans prise en compte du paysage, imposant leurs propres logiques (voiries en impasses, stéréotypes architecturaux, clôtures artificielles, haies de persistants…). Ces nouvelles formes bâties s'inscrivent en décalage avec les formes paysagères pré-existantes.

Les franges vertes qui ceinturaient les villages se réduisent rapidement. Constituées de prairies ouvertes, plantées de pommiers, bordées de talus plantés ou closes de haies basses, elles formaient des zones tampons entre les espaces habités et les espaces cultivés. Aujourd'hui, zones agricoles et zones urbanisées se juxtaposent. Les villages perdent leur caractère boisé, offrant un paysage désorganisé où l'arbre n'a plus sa place.

Ainsi, la Seine-Maritime a perdu plus de la moitié de ses alignements entre 1976 et 1989, passant de 7822 km de haies à 3289 km. En réaction, le conseil général de Seine-Maritime subventionne depuis 1991 le renouvellement de plus de 850 km de haies sur talus par les communes et les particuliers. Pourtant, si la population semble prendre conscience du risque d'une disparition des alignements, ces replantations restent trop rares pour marquer l'arrêt d'une régression qui, si elle persiste, pourrait faire rapidement du pays de Caux un plateau complètement ouvert.

Panoramique d'un clos-masure dans la région de Fécamp.
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