Collège Cévenol Lycée International | |
Nom original | Collège Cévenol |
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Localisation | |
Localisation | Le Chambon-sur-Lignon, France |
Informations | |
Fondation | 1938 par André Trocmé, Édouard Théis |
Directeur | Fabien Larroque |
Type | École privée |
Particularités | Protestant |
Niveau | Collège-lycée d’enseignement général |
Site web | www.lecevenol.org |
Le Collège Cévenol, aujourd'hui Collège-Lycée Cévenol International, est un établissement privé sous contrat d'association de notoriété internationale. Il accueille aujourd'hui en externat et internat des élèves d'origine locale, régionale, nationale et internationale. Fondé par des protestants, marqué par les traditions locales de la résistance à toutes formes d'oppression, le Collège Cévenol s'est toujours efforcé de promouvoir une éducation à la non-violence et au respect de l'autre au sein d'une collectivité diversifiée.
C’est en 1938 que, pour la première fois, le pasteur André Trocmé parla de la création d’un collège secondaire au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire au cours d’un synode régional de l’Église réformée, à Montbuzat (Araules) les 23 et 24 mai. Dès sa conception initiale le projet s’appuie sur quelques fondamentaux : lutter contre l’exode rural et le dépérissement du Chambon, permettre aux enfants des paroisses protestantes du Plateau de faire de bonnes études secondaires, expérimenter de nouvelles voies pédagogiques dont les écoles publiques pourraient profiter, fonder un établissement où des élèves et des enseignants de pays divers se rencontreraient et apprendraient à se connaître. Avec le soutien d'Édouard Théis, la première rentrée a lieu en septembre 1938 avec 4 professeurs et 18 élèves dans une salle annexe du temple.
En 1941, le Chambon semble relativement protégé sur sa montagne. De nombreuses institutions s’employaient à faire sortir les enfants des camps de réfugiés espagnols du midi de la France. Pour les accueillir, une première pension d’enfants réfugiés, les Grillons, est ouverte à l’initiative d’André Trocmé. Puis s’ouvrent la Maison des Roches (Fonds Européen de Secours aux étudiants), la Guespy et Faïdoli (Secours Suisse aux enfants) et le Coteau Fleuri (Cimade). D’autres réfugiés suivirent bientôt, et notamment de nombreux enfants juifs qui y furent cachés et protégés parmi les autres. André et Magda Trocmé, Édouard et Mildred Théis (tous professeurs ou directeurs du collège), Roland Leenhardt (futur directeur alors pasteur à Tence), seront consacrés bien plus tard « Juste parmi les nations ». Par ailleurs, la notoriété de l’École Nouvelle Cévenole et sa situation protégée, y attirèrent de nombreux élèves issus de zones plus tourmentées. Le nombre d’élèves passe ainsi de 40 en 1939 à 150 en 1940, 250 en 1941, 300 en 1942, 350 en 1943.
En 1945 est créée l’Association du Collège Cévenol. À l’initiative de Carl et Florence Sangree est parallèlement fondée aux États-Unis l’association des Amis Américains du Collège Cévenol dont les fonds contribueront grandement à la création du site définitif du Collège. En 1946, la ferme de Luquet est acquise avec ses terrains. Sur le modèle des camps du service civil international, des camps de travail de jeunes s’y installent chaque été. Ils bâtissent les premières « baraques » de l’internat, chalets préfabriqués démontés et offerts par la Suède. En 1951 et 1952, ils effectuent les travaux de terrassement du futur bâtiment scolaire, le Batisco, inauguré à la Pentecôte 1953. À l’été 56, ils sont encore très nombreux à bâtir le stade, quasiment à la main et dans des conditions de vie toujours très modestes. En 1957, sont bâtis les ateliers pour l’enseignement scientifique, technique et artistique. Et à la Pentecôte 1959, l’internat des filles, le Milflor, est inauguré à son tour.
Porté par des idéaux de paix et de non-violence, le Collège Cévenol fut bien différent des autres. Mixte, trente ou quarante ans avant beaucoup d’autre, il avait également pour caractéristique de n’avoir ni portes, ni murs, ni grilles. Les élèves étaient invités à se responsabiliser eux-mêmes. La disponibilité et la motivation des professeurs et du personnel permettaient un dialogue constant, en cours, mais aussi en activités extra-scolaires. Conseil d’élèves, journal interne, radio locale, foyer, furent mis en place bien avant les revendications lycéennes de 1968. Le débat politique interne était sollicité et d'éminentes personnalités sont venus y enseigner ou y conférer : Paul Ricœur, Lanza del Vasto, ... «C’est ainsi que j’enseignai la philosophie au Collège Cévenol qui avait abrité tant d’enfants juifs et qui restait marqué par les idéaux internationalistes et pacifistes de ses fondateurs. Ainsi se trouva relancé pour longtemps mon vieux débat intérieur concernant «l’homme non violent et sa présence dans l’histoire» - débat dont l’origine remontait aux découvertes que j’avais faites comme enfant concernant les injustices et les mensonges de la Première Guerre Mondiale. Mon enseignement au Collège Cévenol s’étendit de 1945 à 1948… L’achèvement de mes deux thèses au printemps 1948 annonça notre départ du Chambon-sur-Lignon. J’y avais beaucoup travaillé en dépit de la modestie des moyens de recherche ; nous avions partagé l’existence simple d’une communauté fraternelle. La naissance d’un quatrième enfant avait mis pour nous le sceau de la vie sur un après-guerre qui hésitait encore sur le seuil de la Guerre froide.»
Le Collège Cévenol est membre de la Coordination française pour la Décennie pour la promotion de l’éducation à la non-violence.
En 1971, l’établissement passe sous contrat d’association avec l’État. Sa situation financière ne lui permet plus d’assumer sa situation. Il y perd ses classes de sixième-cinquième et un peu de son indépendance pédagogique. Il conserve néanmoins son caractère propre et surtout retrouve ses effectifs. De 350 en 1971, il passe vite à 500 et s’y maintient jusqu’au début des années 1990. Son mode de gouvernance associatif n’en génère pas moins et toujours des tensions entre direction et administrateurs. La situation se dégrade à nouveau et en 1997, le Collège est en cessation de paiement. Depuis, il se rétablit doucement.
C'est depuis la fondation une association qui gère l'établissement. Aujourd'hui propriétaire du domaine (16 hectares), l’Association unifiée du Collège Cévenol associe tous les bénévoles qui contribuent encore à maintenir en vie l’intention initiale. Son conseil d’administration, présidé par Claude Le Vu, ancien élève, est notamment constitué de membres de droit tels que la Fédération protestante de France, le Mouvement international de la Réconciliation, l’Église réformée du Chambon, les Amis Américains, l’Association des Anciens.