Église Saint-Fortunat de Saint-Fort-sur-Gironde | |||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région | Poitou-Charentes | ||
Département | Charente-Maritime | ||
Ville | Saint-Fort-sur-Gironde | ||
Culte | Catholique romain | ||
Type | Église paroissiale | ||
Début de la construction | XIIe siècle | ||
Fin des travaux | XVIe siècle | ||
Style(s) dominant(s) | roman, gothique flamboyant, renaissance | ||
Protection | Classée monument historique depuis 1913 | ||
Localisation | |||
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L’église Saint-Fortunat est une église paroissiale située à Saint-Fort-sur-Gironde, dans le département de la Charente-Maritime. Blottie au creux d'une colline, elle fait la synthèse de différents courants architecturaux tels que roman saintongeais, gothique flamboyant et renaissance.
Cette église au style atypique est classée monument historique depuis le 13 juin 1913.
Constituant un repère majeur au milieu d'un paysage particulièrement vallonné, l'église Saint-Fortunat semble veiller sur le bourg de Saint-Fort-sur-Gironde ramassé à ses pieds. Placée sous la protection de Venance Fortunat (un évêque de Poitiers canonisé par l'église catholique sous le nom de saint Fort), ses parties les plus anciennes pourraient remonter au XIIe siècle.
Un des éléments remarquables de cette église est sa façade, caractéristique du style roman saintongeais dont elle reprend une des disposition les plus courantes (division en trois registres verticaux et horizontaux) et une partie du vocabulaire iconographique. La partie inférieure est constituée d'un portail à trois voussures, encadré de deux baies aveugles à deux voussures. La séparation entre ces trois parties est matérialisée par un jeu de pilastres et de piédroits dotés de chapiteaux aux motifs essentiellement animaliers (combat de chèvres, loups), végétaux (pommes de pin stylisées) ou encore issus du bestiaire médiéval (griffons).
L'élément majeur est formé par une des voussures du portail, constituée d'une série de vingt-six têtes de chevaux mordant une sorte de barre continue, et dont la symbolique est toujours l'objet de discussions. L'abbé Rainguet, célèbre érudit local, y voyait une image des « passions fougueuses que seul le frein de la religion peut contenir » tandis qu'une autre théorie évoque un jeu de mot en latin entre « Equus » (cheval) et « Æquus » (égal), marquant l'égalité de tous les êtres devant la mort. Pour célèbre qu'elle soit, cette frise équine n'est pas unique dans la province, et se retrouve notamment sur les églises voisines de Saint-Germain-du-Seudre et de Pérignac.
Le second niveau de la façade est marqué par une arcature aveugle formée de dix arcades en plein cintre, surmontée d'une corniche à modillons. L'ornementation est également marquée par de nombreux motifs animaliers (loups, agneaux, dragons) ainsi que des personnages mal identifiés (on reconnaît néanmoins un pêcheur au poisson qu'il porte sur son dos). Les espaces situés entre chaque modillon sont également sculptés (motifs floraux ou géométriques).
Le troisième et dernier niveau est constitué d'un pignon percé d'une rose (ajout postérieur au reste de la façade) conservant un appareillage réticulé.
À droite de la façade (c'est-à-dire au sud) se dresse le clocher. S'élevant au dessus d'une chapelle latérale (chapelle Saint-Eustache), il est un des rares symboles de la transition du style gothique vers le style renaissance en Saintonge. Apparenté au clocher de l'église de Fléac-sur-Seugne, il date comme lui de la première moitié du XVIe siècle. Haut de 31 mètres 50, il se compose d'un massif quadrangulaire prolongé d'une terrasse à balustrade flamboyante, d'un dôme octogonal à écailles et crochets sommé d'un lanternon, cette partie supérieure étant cantonnée de contreforts-pinacles d'où partent de minces arcs-boutants.
La base du clocher accueille une porte flamboyante cantonnée de colonnes en faisceaux prismatiques se terminant par des pinacles, une contre-courbe sur la partie ogivale de la porte avec crosses végétales et pinacle. Le tympan abrite une statuette couronnée d'une coquille sculptée.
Sans doute basée à l'origine sur un plan en croix latine, l'église actuelle se compose d'une nef de deux travées, d'un ancien transept et d'un chœur de deux travées. Plusieurs chapelles latérales viennent doubler l'ensemble par la sud : la chapelle Saint-Eustache (base du clocher), le croisillon sud (le croisillon nord a disparu) et deux autres chapelles bordant le chœur. Une crypte du XIIIe siècle, qui conserve quelques traces de peintures murales, est située sous l'abside.
L'intérieur trahit de profondes reconstructions. Si la nef conserve des assises romanes (murs latéraux bordés de formerets adoucis de tores), de même que le carré du transept (puissants faisceaux de colonnes servant à porter le clocher primitif, aujourd'hui disparu; trace d'une coupole sur pendentifs), le reste de l'édifice a été rebâti dans le style gothique.
Les voûtes d'arêtes qui couvrent les quatre premières travées sont issues d'une campagne de restauration et datent de 1838. Seules les voûtes octopartites de la travée du chœur, de la chapelle latérale et de la chapelle Saint-Eustache sont d'origine. Le chœur se termine par un chevet plat percé d'une grande baie flamboyante intégrant quatre lancettes réunies deux à deux dans une composition plus large mêlant soufflets et mouchettes.
Une litre funéraire noire est peinte sur les murs. Le mobilier est composé d'une chaire en bois ouvragé, d'un chemin de croix et de deux tableaux du XVIIIe siècle (classés monument historique) : une Assomption de la Vierge et une Crucifixion.