Eraserhead | |
Réalisation | David Lynch |
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Acteurs principaux | Jack Nance Charlotte Stewart Jeanne Bates Jack Fisk |
Scénario | David Lynch |
Décors | David Lynch |
Photographie | Frederick Elmes, Herbert Cardwell |
Montage | David Lynch |
Musique | Peter Ivers et David Lynch |
Production | David Lynch |
Société(s) de production | American Film Institute |
Budget | 100,000$ (estimé) |
Pays d’origine | États-Unis |
Langue(s) originale(s) | Anglais |
Format | Noir et blanc - 1,37:1 Dolby - 35 mm |
Genre | Fantastique, expérimental |
Durée | 89 min |
Sortie | 19 mars 1977
États-Unis (festival Filmex), 28 septembre 1977 (États-Unis) |
Eraserhead est un film américain écrit, réalisé et produit par David Lynch, sorti en 1977. L’histoire se déroule principalement autour d’Henry Spencer, personnage principal évoluant entre un univers onirique et une série de décors industriels glauques et sinistres. Ce dernier apprend, lors d’un repas chez la famille de sa copine Mary X, qu’il est le père d’un enfant déformé. L’étrange poupon et Mary X s’installent dans l’appartement d’Henry. Les couinements incessants de l’enfant pousseront Mary à quitter Henry, laissant ce dernier s’occuper seul de la créature.
Ce premier long métrage et film culte du cinéaste David Lynch découle d’un scénario de 22 pages qualifié par son auteur d’« une sorte de poème en style libre ». Fidèle collaborateur de David Lynch suite au film, l’acteur Jack Nance (Dune, Blue Velvet, Sailor & Lula, Mystères à Twin Peaks, Lost Highway) tient le rôle d’Henry, le personnage principal. On remarque également Charlotte Stewart dans le rôle de Mary X et Jack Fisk, ami de longue date de Lynch, dans le rôle de L’Homme dans la planète (Man in the planet).
Avec un budget estimé à 100 000 dollars et principalement réalisé dans les locaux désaffectés de l’American Film Institute, le tournage du film demanda 5 années. Ce long métrage de 90 minutes est en noir et blanc.
Puisqu’il ne fut pas distribué à grande échelle au départ, la diffusion du film fut assuré par les programmes nocturnes des cinémas. Les midnight movies, dont le film fait partie, deviendront de véritables films cultes. Eraserhead est considéré comme un classique du cinéma fantastique, ce qui, en 2004, lui a valu d’être retenu par le National Film Registry comme un film « culturel, historique ou esthétiquement important ».
Ce film est le récit d’un homme captif de son quotidien morne et sans issue qui cherche vainement une porte de sortie dans le rêve. On retrouve ce thème dans presque tous les films de Lynch : l’être humain est prisonnier de sa condition. Il ne peut s’évader que par la mort (Twin Peaks, Mulholland Drive…), une route (Sailor et Lula), ou la folie (Lost Highway, Mulholland Drive…).
Eraserhead débute par une séquence de rêve[réf. souhaitée]. Dans une petite cabane, sur une planète, un homme défiguré (Jack Fisk) tire des leviers. Un des leviers déclenche la chute d’une créature à l’apparence d’un ver dans une mare. Émergeant peu à peu de la mare, la lumière devient de plus en plus intense jusqu’à un fondu au blanc.
Le film prend place dans un centre industriel en décrépitude. La trame sonore est constituée presque uniquement de bruits de machines. Henry Spencer (Jack Nance) est un imprimeur en vacance d’allure nerveuse. Le jeune homme arpente les terrains vagues près des usines jusqu’à son appartement. Là-bas, il apprend qu’il est invité chez les parents de sa copine Mary X (Charlotte Stewart) qui ne l’avait pas contacté depuis longtemps. Henry croyait qu’elle avait mis fin à leur relation.
Le repas chez la belle-famille prend place dans une atmosphère encline au malaise. La mère de Mary X (Jeanne Bates) talonne véritablement Henry tandis que le père de Mary (Allen Joseph) est un personnage totalement déconnecté de la situation tendue qui règne autour de la table. Après avoir tenté de découper un poulet qui se met à suinter, Henry apprend qu’il est le père d’un enfant prématuré, résultat d’une grossesse anormalement courte de Mary. Il se voit donc dans l’obligation de se marier avec elle.
Mary et le bébé emménagent dans l’appartement d’une pièce d’Henry. On aperçoit alors l’enfant pour la première fois. D’allure reptilienne et hideusement déformée, il ne cesse de gémir. Ces couinements viendront à bout de Mary qui, incapable de dormir, quitte Henry et le laisse seul avec la petite créature.
Ce départ est suivi par une suite d’événements des plus étranges, incluant la rencontre avec La dame dans le radiateur (Lady in the Radiator — Laurel Near), une femme possédant des joues grotesquement distancées, qui chante et vit dans le radiateur de la chambre d’Henry. Il aura, par la suite, une relation sexuelle avec sa voisine, la jolie fille de l’autre côté du couloir (Beautiful Girl Across the Hall — Judith Anna Roberts).
Le titre Eraserhead (« tête effaceuse » en français) prend toute sa signification durant la dernière heure du film. La tête d’Henry se détache alors de son corps et s’enfonce dans une flaque de sang, tombe du ciel pour atterrir dans une ruelle où elle s’ouvre. Un jeune garçon (Thomas Coulson) trouve la tête et l’emporte dans une fabrique de crayons où Paul (Darwin Joston), un réceptionniste, fait venir son patron (Neil Moran) en appuyant sans cesse sur un bouton. Le patron entre dans la pièce en colère mais change aussitôt d’humeur en apercevant ce que le jeune garçon leur apporte. On transporte la tête dans une autre pièce où un opérateur de machine à faire des crayons (Hal Landon Jr.) prend un échantillon du cerveau d’Henry et l’appose sur le bout d’un crayon. Il fait un test de l’effaceur qui s’avère concluant et le jeune garçon est payé par le patron de l’usine.
Après être revenu du rêve, Henry aperçoit par sa fenêtre deux hommes qui se battent dans la rue. Il tente d’aller voir la jolie fille de l’autre côté du couloir mais celle-ci est avec un autre homme. Le bébé se met à rire, Henry prend alors une paire de ciseaux et coupe les bandages dans lesquels l’enfant est enroulé. On s’aperçoit bien vite qu’ils donnent directement sur les organes vitaux de la créature. Pendant que celle-ci hurle de douleur, Henry donne des coups de ciseaux dans ses poumons. Le système électrique de l’appartement disjoncte et les lampes se mettent à scintiller puis s’éteignent. Une tête géante de l’enfant apparaît dans l’appartement puis la dame dans le radiateur vient serrer Henry. La pièce devient baignée de lumière et un bruit blanc est monté en crescendo. Puis, tout devient noir, le générique commence signifiant la fin du film.
Henry est un imprimeur de l’usine Lapell en vacances. Le film n’en dit pas vraiment plus sur le passé du personnage. On sait qu’il entretenait une relation avec Mary X, qui a cessé de le voir pour un moment. Ils auraient également eu une relation sexuelle.
Mary X est une jeune femme qui ne fréquentait plus Henry depuis un moment. Elle a accouché d’un enfant prématuré à l’hôpital.
Mère de Mary et femme de Bill.
Père de Mary et plombier de longue date, Bill X a eu une opération au bras dans le passé. Bien que les docteurs lui disaient qu’il ne serait plus fonctionnel, en massant son bras 30 minutes par jour durant l’année suivant l’intervention, il en retrouva l’usage mais pas la sensation.
«Eraserhead est né à Philadelphie »
- David Lynch
David Lynch trouva son inspiration pour Eraserhead dans les souvenirs de son passage à Philadelphie, où il étudia à l’Art Institute of Philadelphia et y vécut de 1965 à 1971. Il décrira son séjour dans la ville de l’amour fraternel comme « étrange, bizarre, à mi-chemin entre le rêve et la réalité ».
Après avoir reçu une bourse de l’American Film Institute en 1968, il réalise son troisième court-métrage, The Grandmother, en 1970, où il fait la rencontre d’Alan Splet, un ingénieur du son avec qui il travaillera jusqu’à la fin des années 1980. C’est ce film qui lui permit d’accéder au Center for advanced film studies, à Los Angeles, où il déménage en 1971.
Nommé Gardenback au départ, durant 42 minutes et traitant de l’adultère, le projet de première année de Lynch au Center for advanced film studies sera remplacé par le scénario de 22 pages d’Eraserhead. Au départ, le film sera financé par une bourse de 10 000 $ accordée par l’AFI et tourné dans les sous-sols et les bâtiments désaffectés de l’institution.
En 1973, l’American Film Institute demande à voir le film et Lynch leur montre la scène du dîner chez les parents de Mary. L’institution retirera son financement la même année. Par la suite, le tournage fut intermittent et s’étala au total sur une période de cinq ans, principalement causée par de faibles et ponctuels apports de financiers de la part d’amis et de proches de l’équipe de tournage (notamment l’actrice Sissy Spacek, épouse de Jack Fisk). Les décors du film furent démantelés et reconstruits à plusieurs reprises.