Espace vectoriel normé - Définition

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Topologie

Topologie d'un sous-espace, produit, quotient

Comme le montre l'article norme, la norme sur un espace vectoriel induit une topologie, pour laquelle l'addition et la multiplication externe sont continues.

Un sous-espace vectoriel F hérite donc de deux topologies : la topologie issue de sa norme (restriction de la norme sur l'espace entier) et la topologie induite par celle de l'espace vectoriel. Ces deux topologies sur F sont en fait égales ; en effet, elles possèdent toutes les deux comme base de voisinages d'un point x de F l'intersection des boules ouvertes de centre x avec F. Or deux topologies ayant, pour chaque point, une même base de voisinages, sont confondues.

La configuration est la même pour le produit de deux espaces E et F. Pour la norme \mathcal N_{E\times F} définie précédemment, les boules de centre (x,y) et de rayons r>0 (qui constituent une base de voisinages de (x,y) pour la topologie associée à cette norme) ne sont autres que les B(x,r)\times B(y,r) , donc constituent également une base de voisinages pour la topologie produit. Remarquons l'adéquation de la définition de \mathcal N_{E\times F} à partir de et \mathcal N_F , qui pouvait a priori sembler arbitraire. Mais signalons que la même topologie sur E\times F est obtenue en posant \mathcal N_{E\times F}(x,y)=N(\mathcal N_E(x),\mathcal N_F(y)) N est une norme quelconque sur \R^2 , par exemple l'une des normes usuelles mentionnées plus haut. Ceci est dû au fait que N est toujours équivalente à la norme max utilisée ici.

La situation reste analogue pour un quotient E/F. En effet, si φ est la projection canonique de E dans E/F, une base de voisinages de φ(x) pour la topologie quotient est constituée des φ(B(x,r)) (pour r>0), qui coïncident exactement avec les boules (dans E/F, pour la semi-norme induite) de centre φ(x) et de rayon r.

Ainsi, la topologie induite sur un sous-espace, un produit d'espaces ou un quotient coincide avec celle issue de la norme induite (ou de la semi-norme induite, dans le cas d'un quotient par un sous-espace non fermé).

Opérateur borné

Un opérateur borné entre deux espaces vectoriels normés est simplement une application linéaire continue. Cette double appellation est justifiée par la proposition suivante (dont la démonstration, classique pour K=R, se généralise) :

Proposition —  Soient E et F deux K-espaces vectoriels normés. Pour une application linéaire f de E dans F, les propriétés suivantes sont équivalentes, et sont vérifiées si et seulement si f est continue :

  • f est continue en 0
  • l'image par f de toute partie bornée est bornée
  • l'image par f de la boule unité est bornée
  • f est lipschitzienne.

La norme d'opérateur d'un tel f est la plus petite constante C telle que f soit C-lipschitzienne. Dans l'espace vectoriel L(E, F) des applications linéaires de E dans F, le sous-espace vectoriel de celles qui sont continues se note \mathcal L(E,F) (ou parfois Lc(E,F)). La norme d'opérateur en fait un espace vectoriel normé.

Complétude

Un espace vectoriel normé complet porte le nom d'espace de Banach. Un espace vectoriel normé n'est pas nécessairement complet, c'est-à-dire que les suites de Cauchy ne sont pas nécessairement convergentes. Par exemple, l'espace préhilbertien engendré par les polynômes trigonométriques n'est pas complet. De manière plus générale :

proposition 1 —  Un espace vectoriel normé réel n'est jamais complet s'il admet une base infinie dénombrable.

Le complété d'un espace vectoriel normé jouit de propriétés supplémentaires par rapport au complété d'un simple espace métrique :

proposition 2 —  Pour tout espace vectoriel normé E, il existe un espace vectoriel normé complet Ec et une isométrie linéaire J, de E dans Ec, dont l'image est dense dans Ec.

En général, E est identifié à son image J(E) dans Ec. Ainsi, E apparait comme un sous-espace vectoriel de Ec, et la norme sur E induite par la norme de Ec coïncide avec la norme originelle sur E car J est une isométrie.

Le remplacement d'un espace E par son complété Ec ne modifie pas l'espace des applications linéaires de E dans F si F est complet (cette propriété permet de montrer que la proposition précédente caractérise l'espace vectoriel normé Ec à isomorphisme près) :

Proposition 3 — Soient E un espace vectoriel normé de complété Ec et F un espace vectoriel normé complet. Alors, pour la norme des opérateurs, l'application "restriction", de \mathcal L(E_c,F) dans \mathcal L(E,F) , est un isomorphisme isométrique.

La complétude de F se transmet à l'espace des applications linéaires continues à valeurs dans F.

Proposition 4 —  Soient E et F deux espaces vectoriels normés. Si F est complet alors l'espace \mathcal L(E,F) muni de la norme des opérateurs est complet.

Théorème de Riesz

Ce théorème stipule que si la boule unité (fermée) d'un espace vectoriel normé E réel ou complexe est compacte, alors E est de dimension finie.

Autrement dit, la boule unité fermée d'un espace vectoriel normé de dimension infinie est toujours non compacte.
Cependant, la boule unité fermée de son dual topologique (de dimension infinie également) est faiblement compacte, c'est-à-dire compacte pour la topologie faible.

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