En mathématiques, la topologie quotient consiste intuitivement à créer une topologie en collant certains points d'un espace donné sur d'autres, par le biais d'une relation d'équivalence bien choisie. Cela est souvent fait dans le but de construire de nouveaux espaces à partir d'anciens. On parle alors d'espace quotient.
Introduction
Beaucoup d'espaces intéressants, le cercle, les tores, le ruban de Möbius, les espaces projectifs sont définis comme des quotients. La topologie quotient fournit souvent la façon la plus naturelle de munir un ensemble défini "géométriquement" d'une topologie naturelle. Citons par exemple (voir plus bas) l'ensemble des sous-espaces vectoriels de dimension de
.
Citons aussi le cas des surfaces de
particulières : les tores à
trous. Pour formaliser cette notion, il faut définir l'opération consistant à ajouter une anse à une surface. Cela se fait sans trop de difficulté en utilisant la topologie quotient, alors qu'il n'est pas évident du tout de définir de telles surfaces par une équation !
Cette notion illustre aussi l'efficacité de la topologie générale par rapport à la théorie des espaces métriques, souvent utilisée comme introduction à la topologie : bien que la topologie de la plupart des exemples décrits ci-dessous puisse être définie par une métrique, une telle métrique n'est pas toujours facile à construire.
Recollements
Soient
et
deux espaces topologiques,
une partie de
,
une partie de
, et
un homéomorphisme.
Le recollement de
et
le long de
est le quotient de la réunion disjointe
par la relation d'équivalence qui identifie les éléments de
et ceux de
au moyen de
.
On peut décrire ainsi l'opération consistant à ajouter une anse à une surface
. On prend
,
pour deux disques fermés disjoints D0 et D1,
;
est un homéomorphisme de
sur
et de
sur
. (c'est plus rapide à dessiner qu'à décrire).
Définition et principales propriétés
Soit
un espace topologique et
une relation d'équivalence sur
. On notera
l'application naturelle de
dans
qui associe à un élément de
sa classe d'équivalence.
La topologie quotient sur
est définie de la façon suivante : pour qu'une partie
soit ouverte, il faut et suffit que
soit ouvert dans
. Comme, d'après la théorie élémentaire des ensembles, l'image réciproque d'une intersection (resp. d'une réunion) est égale à l'intersection (resp. la réunion) des images réciproques, on définit bien ainsi une topologie.
Soit
un espace topologique quelconque. Alors, pour qu'une application
de
dans
soit continue, il faut et il suffit que l'application
de
dans
soit continue.
La définition de la topologie quotient est faite précisément pour que cette propriété soit satisfaite : si
est un ouvert de Y,, alors
est ouvert dans
si et seulement si
est ouvert dans
. Mais
.
Remarque
Ce critère nous dit aussi que si une application continue
de
dans
est constante sur les classes d'équivalence, alors l'application
de
dans
définie par passage au quotient est automatiquement continue.
Quelques pièges
Le prix à payer pour la simplicité de cette définition est le fait que même si
est séparé,
muni de la topologie quotient ne le sera pas forcément (et même s'il l'est, il faudra le démontrer cas par cas). En effet, si
est ouvert dans
, il n'y a aucune raison en général pour que
soit ouvert dans
, et si
et
sont deux parties disjointes de X,, leurs images par
ne le sont pas nécessairement.
Premiers exemples
Si
, et si
est la relation d'équivalence qui
identifie
et
,
muni de la topologie quotient est homéomorphe au cercle.
Si
est une partie de
,
notons
l'espace obtenu en identifiant tous les points de
, muni de la topologie quotient.
* Si
est une boule euclidienne fermée de dimension
et
sa frontière
(qui est la sphère unité
) on peut montrer que
est homémorphe à
.
* Si
et
, la topologie quotient sur
est la topologie grossière.