Eugene Jacques Bullard | |
Surnom | 'The Black Swallow of Death (l'Hirondelle noire de la mort) |
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Naissance | 9 octobre 1894 Colombus, Géorgie, États-Unis |
Décès | 12 octobre 1961 (à 67 ans) New York |
Origine | Américain |
Allégeance | France |
Arme | Légion étrangère Armée de l'air Armée française |
Grade | Sous-lieutenant |
Années de service | 1914 - 1940 |
Conflits | Première Guerre mondiale |
Commandement | Escadrille La Fayette, Légion étrangère 170e régiment d'infanterie |
Faits d'armes | 1 victoire homologuée |
Distinctions | Chevalier de la Légion d'honneur Médaille militaire Croix de guerre Croix du combattant volontaire Wounded Insignia Médaille commémorative de la Première Guerre mondiale Médaille de la Victoire de la Première Guerre mondiale Médaille de la Liberté Médaille commémorative de la Seconde Guerre mondiale |
Autres fonctions | Boxeur Jockey artiste agent secret résistant |
Famille | William O. Bullard, Josephine Thomas |
Eugene Jacques (James) Bullard (9 octobre 1894, Colombus, Géorgie, États Unis d'Amérique - 12 octobre 1961, New York, É-U.) est peut-être le premier pilote de chasse noir de l'histoire et un des rares ayant combattu durant la Première Guerre mondiale.
Son père, William O. Bullard, surnommé Big Chief Ox, est d'origine martiniquaise, né esclave. Sa mère, Josephine Thomas aurait des ancêtres de la tribu Creek. Son grand-père paternel est né sur la propriété de Wiley Bullard, un planteur du comté de Stewart. William et Josephine se sont mariés dans le comté de Stewart en 1882 et Eugene est le septième de leurs dix enfants. Dans les années 1890, William Bullard, emménage à Columbus, où il travaille pour W. C. Bradley, un marchand de coton. Il reçoit une éducation élémentaire, mais décisive pour son avenir.
Afin d'échapper aux discriminations raciales (il racontera plus tard avoir été, enfant, témoin d'une tentative de lynchage de son père), Eugene quitte le foyer familial vers l'âge de huit ans à la recherche de la France, car son père lui aurait dit qu'« un homme y était jugé par son mérite et non pas par la couleur de sa peau ». Il passe deux années d'errance avec des gens du voyage, avec lesquels il apprend l'équitation.
En 1911, il se stabilise à Dawson chez la famille Zachariah Turner, pour lesquels il sera garçon d'écurie puis jockey. En 1912, Bullard embarque depuis Norfolk en Virginie, à bord d'un bateau à vapeur allemand pour l'Écosse.
De 1912 à 1914, au Royaume-Uni, il travaille comme cible vivante dans un music hall de Liverpool et prend des cours de boxe. Il combat à Londres, en Afrique du Nord et en 1913, il est opposé à Georges Foret à l’Elysée Montmartre. C'est à l'occasion de ce voyage à Paris en 1913 qu'il décide d'y vivre.
En 1914, il s'engage dans la Légion étrangère française pour participer à la Première Guerre mondiale. Matricule 19/33.717, il est affecté au troisième régiment de marche du 1er RE, et est aussitôt envoyé dans la zone de combat. Le 13 juillet 1915, il rejoint le deuxième régiment de marche du 1er RE. Il participe aux combats d’Artois, de Champagne et de Verdun de 1916 où il est blessé le 5 mars 1916. Blessé par deux fois, décoré de la Croix de Guerre pour actes de bravoures, il est déclaré inapte au service dans l'infanterie.
Bullard apprend à piloter sur Caudron G-3 et Caudron G-4 aux écoles de Châteauroux, de Croton et d’Avord. Plus tard, il s’engage sur le front avec l’Escadrille Spad 93, puis avec la Spad 85, dans l'armée de l'air française au poste de mitrailleur-observateur. Au cours de sa formation il parvient à être employé comme pilote et il est assigné à l'unité SPA 93 le 27 août 1917 qui utilise des Spad V11s et Nieuports. Il effectue une vingtaine de missions aériennes et devient ainsi le premier pilote de chasse noir de l'histoire. Il vole avec sa mascotte, son singe "Jimmie". Il réussit à abattre deux appareils ennemis. La devise inscrite sur le fuselage de son avion était all blood runs red (« tout sang coule rouge »).
Surnommé l’« hirondelle noire de la mort », il est cité à l’ordre du régiment le 3 juillet 1917, avec croix de guerre 1914-1918. Il rejoint le 170e RI en janvier 1918 et quitte le service actif, le 24 octobre 1919.
En août 1917, lors de l'entrée en guerre des États-Unis, l'United States Army Air Service, met en place un bureau médical pour recruter les américains servant dans l'escadrille Lafayette. Bien qu'il réussisse l'examen médical, Bullard est refusé dans l'American service, car, à cette époque, les noirs ne sont pas autorisés à voler dans l'U.S. service.
Suite à une bagarre lors d'une permission avec un officier supérieur, Bullard est rayé des effectifs de l'armée de l'air française. Le 11 janvier 1918, il est transféré au 170e régiment d'infanterie française, à l'arrière, dans lequel il sert jusqu'à l'armistice de 1918. Démobilisé, il se fixe à Paris où il ouvre une boite de jazz et une salle de boxe.
Après la guerre, Bullard, héros national, demeure à Paris. Il commence par travailler et jouer de la musique dans des nightclubs dans le quartier de Montmartre. Il monte son propre établissement. Il se marie avec Marcelle Straumann, la fille d'une comtesse française. Ensemble, ils auront deux filles, Jacqueline et Lolita. En 1931, ils divorcent. Bullard garde ses deux filles. Son activité dans les night clubs lui donne l'occasion de se faire des amis célèbres, parmi les lesquels Joséphine Baker, Louis Armstrong ou Langston Hughes.
En 1939, au commencement de la Seconde Guerre mondiale, Bullard, qui parle allemand, se porte volontaire pour espionner des agents allemands fréquentant son club parisien. Il devient alors un membre actif du réseau d'espionnage et de résistance Cleopatra Terrier.
Après l'invasion de la France par l'Allemagne nazie, en 1940, Bullard fuit vers le sud avec ses deux filles. À Orléans, il rejoint un groupe de soldats qui défendent la ville. C'est alors qu'il est blessé par un éclat d'obus à la colonne vertébrale. Un agent des services secrets français l'aide à se réfugier en Espagne. En juillet 1940, il est évacué aux États-Unis.
Bullard est hospitalisé quelques temps à New York, pour soigner sa blessure, qui ne guérira jamais complètement. C'est durant et après la Seconde Guerre mondiale, en cherchant du travail aux États-Unis, qu'il se rend compte qu'il ne jouit pas de la même notoriété qu'en France. Il exerce différentes activités professionnelles : vendeur en parfumerie, gardien de sécurité ou musicien-interprète de Louis Armstrong. Mais les séquelles de sa blessure dorsale restreignent ses activités. Pour un temps, il tente de récupérer son nightclub à Paris, mais sa propriété a malheureusement été détruite durant l'occupation nazie. Il perçoit une indemnité de la part du gouvernement français, ce qui lui permet d'acquérir un appartement dans le quartier de Harlem à New York.
Le 4 septembre 1949, à Peekskill , prés de New-York , Bullard assiste à un concert organisé par l'artiste militant Paul Robeson au bénéfice du Civil Rights Congress , mouvement pour la défense des droits civiques des minorités raciales. Des membres de partis d'extrème-droite attaquent les spectateurs, et une caméra d'actualités filme ce qui sera appelé Peekskill Riots : on voit longuement dans le film Bullard battu par 2 agents de police, un militaire et un civil. La bande filmée fut largement diffusée, mais aucune poursuite ne fut exercée contre les extrémistes. Ces images figureront dans le documentaire "Paul Robeson - Tribute to an Artist" de Sidney Poitier.
Durant les années 1950, Bullard est comme un étranger dans son propre pays natal. Ses filles sont mariées, et il vit seul dans son appartement, lequel est décoré de photos des célébrités qu'il a connues. Une boîte encadrée contient ses quinze médailles de guerre françaises. Son dernier emploi est opérateur d'ascenseur au Rockefeller Center, où sa gloire de Black Swallow of Death est inconnue.
En 1954, le gouvernement français invite Bullard à Paris pour ranimer, avec deux français, la flamme de la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de triomphe de l'Étoile. En 1959, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur par le général Charles de Gaulle qui le qualifie de véritable héros français. Malgré cela, il passe les dernières années de sa vie dans un relatif anonymat et dans la pauvreté à New York où il meurt d'un cancer de l'estomac, le 12 octobre 1961. Il est enterré dans son uniforme de légionnaire, avec tous les honneurs militaires par des officiers français dans la section des vétérans de la guerre française du cimetière de Flushing, dans le Queens.
En 1972, ses exploits comme pilote de combat sont publiés dans le livre The Black Swallow of Death: The Incredible Story of Eugene Jacques Bullard, The World's First Black Combat Aviator (L'incroyable histoire d'Eugene Jacques Bullard, le premier noir aviateur de combat) écrit par P.J. Carisella, James W. Ryan and Edward W. Brooke (Marlborough House, 1972). Ce livre, dont la jaquette est réalisée par le célèbre illustrateur américain de la Première Guerre mondiale George Evans, fait partie des objets conservés sur Bullard au National Museum of the United States Air Force près de Dayton, dans l'Ohio.
Le 23 août 1994, trente-trois ans après sa mort, et soixante-dix-sept ans depuis le jour de son rejet pour le service militaire U.S. en 1917, Eugene Bullard est promu à titre posthume au grade de sous-lieutenant (second lieutenant of the United States Air Force).
En 2006, le film Flyboys dresse le portrait de Bullard et de ses compagnons de combat de l'escadrille La Fayette (Lafayette Flying Corps). Abdul Salis incarne Eugene Skinner, le rôle basé sur Bullard.