Grippe A (H1N1) de 2009-2010 - Définition

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Épidémiologie

Prévalence

La prévalence d'une maladie décrit le nombre de cas dans la population à un instant donné. La grippe commune, dite « saisonnière », touche entre 5% et 15% de la population. À l’opposé, la grippe aviaire fait moins de cas car elle est peu contagieuse : le nombre de cas au niveau mondial est de l'ordre de quelques centaines sur les quatre dernières années. Plusieurs indices laissent penser que la prévalence de la grippe A (H1N1) est plus proche de la grippe saisonnière que de la grippe aviaire. Le premier d’entre eux provient de l’analyse virologique montrant l’existence d’éléments provenant de la grippe porcine. L’histoire nous apprend que les grippes ayant des origines porcines peuvent être contagieuses comme le fut la grippe de Hong Kong de 1968.

Un facteur important dans la dangerosité de ce virus est sa capacité à se déployer sur une partie plus ou moins vaste du monde. Certaines épidémies, même dues à un virus très contagieux, sont restées locales. Ce fut le cas à Madagascar en juillet et août 2002 : une épidémie due à un virus de type A(H3N2). Dans certaines régions, elle a touché jusqu’à 85 % de la population, mais est restée limitée à un espace géographique de quatre des six provinces et n’a pas quitté l’île. Ce caractère local de la grippe n’est pas une généralité, certaines d’entre elles se répandent sur une vaste partie de la planète, dont la grippe A (H1N1).

Parmi les certitudes :

  • La maladie se transmet d’humain à humain sans nécessairement passer par les animaux, et la maladie s’est diffusée dans plusieurs pays différents ;
  • Sa morbidité reste mal connue, les données statistiques étant encore trop faibles pour tirer des conclusions précises ;
  • Le virus a semblé plus « dur » en zone de l'hiver austral (ex : au Chili : 3,8 % des cas confirmés par un laboratoire ont nécessité une hospitalisation, et 0,2 % (16 cas) ont abouti au décès du malade ; il y a eu à cette date 16 morts au Mexique entre le 17 mai (1er cas) et la mi-juin 2009, pour 8 160 cas recensés, souvent déclarés au sud (plus froid et pluvieux durant l'hiver austral), et 53 % des malades déclarés étaient des jeunes (5 - 19 ans).

Mortalité

Sous-types de l'influenzavirus.

Mécanismes

La grippe A (H1N1), tout comme la grippe saisonnière, peut, dans de rares cas, entraîner la mort des malades, par trois mécanismes différents:

  • Le premier est la mort par surinfection bactérienne, devenue rare dans les pays développés en raison de l'accessibilité aux traitements antibiotiques.
  • Le deuxième est une infection pulmonaire virale entraînant un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) létal dans 50 % à 60 % des cas.
  • Le troisième, le plus fréquent, est l'aggravation de maladies préexistantes chez une personne fragile (insuffisance cardiaque ou respiratoire, diabète…).

Taux de mortalité

L'ensemble des chiffres sur la mortalité restent approximatifs car l'incidence des grippes (tant saisonnières que celle-ci) est potentiellement sous-évaluée (et donc leur mortalité sur-évaluée) : étant donné le caractère bénin des symptômes, une proportion difficile à estimer de la population malade ne consulte pas et peut n'être pas prise en compte dans ces statistiques. D'après les données disponibles, le taux de mortalité global de cette grippe A (H1N1) reste faible et serait inférieur à celui de la grippe saisonnière. Ainsi « la proportion des morts dues au virus de la grippe A s’élève à 0,2 - 0,3 pour mille, soit un taux inférieur à la grippe habituelle, qui tuerait à peu près un patient sur mille ». Néanmoins chez les populations sans facteurs de risques et en particulier chez les enfants et les jeunes adultes, cette grippe A présente un taux de mortalité de 3 à 13 pour 100 000 qui est environ 50 fois plus élevé que ce qui est observé pour les grippes saisonnières dans ces populations où le taux de mortalité est de l'ordre de 0.2-0.3 pour 100 000.

Dans le monde, la grippe saisonnière tue chaque année entre 250 000 et 500 000 personnes. En France, la grippe tue entre 1 500 et 2 000 personnes par an et elle en tue chaque année de l’ordre de 36 000 aux États-Unis. Elle ne tue cependant que la fraction de la population la plus fragile : les personnes âgées, celles atteintes d’affections de longue durée ou les plus jeunes enfants. Ce profil de létalité semble se dessiner pour la grippe A (H1N1) et pour les pays riches. Richard Besser, directeur des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) indique qu’il est : « encourageant de constater que ce virus n’avait pas l’air jusqu’à présent plus sévère qu’une souche de grippe saisonnière ».

Ces signes rassurants ne s’appliquent pas au Mexique. Si les proportions sont de natures différentes de celles des pays riches : 42 morts sur 1 112 cas confirmés au 8 mai 2009, ce n’est pas l’élément le plus inquiétant. Les chiffres sont encore peu fiables, l’OMS indique que la récente croissance est essentiellement due à des biais statistiques et non une réelle évolution de la maladie. Le docteur Richard J. Webby précise : « puisque les symptômes de la grippe A sont les mêmes que ceux d’une grippe saisonnière, cette létalité pourrait simplement refléter des centaines de milliers de personnes infectées qui auraient échappé aux officiels de la santé mexicaine ». Le nombre réel de morts est probablement plus grand et 101 autres décès sont considérés comme suspects. Au Mexique, les personnes gravement touchées ne font pas nécessairement partie de la population la plus fragile, cet élément qualitatif laisse penser à un profil de létalité différent de celui des pays riches.

Si, depuis 40 ans, aucun pays riche n’a connu d’épidémie de grippe beaucoup plus létale que celle saisonnière, cet état de fait est différent pour les pays moins médicalisés. L’épidémie de Madagascar de 2002 avait fait 754 morts sur 30 304 cas notifiés. Certaines régions du monde n’ont aucun moyen d’éviter une épidémie si elle se présente, et de soigner efficacement sa population. C’est le cas de la Somalie, ses centres médicaux sont détruits par la guerre civile. Le conseiller du ministre de la santé déclare que « Nous ne sommes pas préparés à gérer la grippe porcine… Que Dieu nous aide si la grippe arrive jusqu’ici ».

Pour ce qui est de l’évaluation totale des cas, Anne Schuchat du CDC évalue le 22 mai à un sur vingt le nombre de cas confirmé aux États-Unis, c’est-à-dire 20 malades pour chaque cas confirmé. « En fait, une minorité de cas sont comptés individuellement ». Certains médias rapportent des évaluations avoisinant le million de cas dans ce pays.

Ce rapport n’est valable que pour les États-Unis d'Amérique et peut varier grandement d’un pays à l’autre (selon la façon dont sont conduits les tests). C’est ainsi que le professeur John Oxford du Royaume-Uni estime pour sa part à 1 sur 300 les cas confirmés là-bas.

Le Brésil, où la grippe A (H1N1) a tué 657 personnes (août 2009), est le pays qui compte le plus grand nombre de décès dû au H1N1 dans le monde.

L'impact psychologique de la létalité de la grippe A (H1N1) de 2009 diffère grandement de la grippe saisonnière. En effet, alors que « les virus de la grippe saisonnière peuvent entraîner des formes compliquées voire mortelles notamment chez les personnes âgées (90 % des décès touchent des personnes de plus de 65 ans), le virus A(H1N1) semble s'en prendre plus particulièrement aux adultes jeunes et aux enfants, globalement les sujets de 5 à 50 ans. L'explication la plus plausible est que les sujets jeunes n'ont pas eu l'occasion d'être exposés aux virus de la famille H1N1 qui ont circulé abondamment jusque dans les années 1950 ». Ainsi, en tenant compte de l'espérance de vie des victimes, cette souche de grippe pourrait avoir sensiblement dépassé celles des grippes saisonnières les plus sévères.

Hypothèse concernant l'origine de la pandémie

Mexicains catholiques équipés de masques chirurgicaux à la cathédrale métropolitaine de Mexico.

L’un des plus grands élevages industriels de porcs, situé à La Gloria dans la région de Perote dans l’État de Veracruz, au Mexique, est suspecté, par la population locale fortement touchée et les autorités environnantes, d’être à l’origine de la pandémie.

Dans un premier temps, les autorités mexicaines pensent y avoir trouvé le patient zéro : Edgar Hernandez, malade fin mars d’un cas avéré de H1N1. Toutefois, le 30 avril, le centre de contrôle d’Atlanta publie un rapport sur un autre cas au Mexique ayant développé le virus mi-mars, soit 15 jours avant Hernandez.

Le 23 juin 2009, le New York Times rapporte que le département de l'Agriculture des États-Unis a déclaré que « contrairement à l'hypothèse courante qui est que le virus pandémique de la grippe a pour origine des fermes industrielles du Mexique », le virus a « plus probablement émergé de porcs en Asie et a voyagé jusqu'en Amérique du Nord chez un humain ».

Dans son numéro de juillet-septembre 2009, le magazine l'Écologiste défend le point de vue que « l'élevage concentrationnaire des animaux favorise les recombinaisons de virus », en s'appuyant sur des références scientifiques.

Incidence moindre des autres souches

Bien que le mécanisme soit encore peu compris, les pandémies de grippe ont tendance à remplacer les grippes saisonnières. En date du 3 avril, la grippe A H1N1 semble se comporter de la même façon puisque les grippes saisonnières habituelles (H1 et H3) ont été anormalement peu présentes dans l'hémisphère nord durant la saison

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