Grippe A (H1N1) de 2009-2010 - Définition

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Bilan mondial

L'Organisation mondiale de la santé, tient depuis la détection du virus un décompte des décès confirmés imputables au moins en partie à la grippe A H1N1. Celui-ci s'élevait le 4 juin 2010, à 18 138 morts. Cependant, les tests qui mènent à ces confirmations ne sont pas menés de façon systématique. L'afflux de ces confirmations varie donc d'un pays à l'autre et d'une période à l'autre et peuvent conduire à une sous-estimation significative du nombre de cas réels. Les estimations du nombre total de morts tombent généralement dans les marges des morts des grippes saisonnières (250 000 - 500 000 morts toute souches confondues). L'annonce de ces estimations tend, paradoxalement, à réduire d'autant plus les efforts déployés pour dépister la grippe de façon efficace.

Diffusion à travers le monde

La nouvelle grippe s’est répandue à travers le Mexique, avec des cas confirmés dans au moins 125 pays. Les pays dont l’Australie, la Chine, l’Islande, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Corée du Sud et la Thaïlande avaient mis en place une surveillance des voyageurs en provenance des zones affectées pour identifier les personnes présentant des symptômes respiratoires et des fièvres.

De nombreux pays ont aussi averti les voyageurs des zones affectées par la grippe de contacter un médecin immédiatement s’ils avaient les symptômes grippaux. Plusieurs pays ont également interdit l’importation et la vente de viande de porc.

Le parlement égyptien a demandé que les 250 000 porcs du pays soient tués immédiatement malgré le fait que la maladie se transmette d'humain à humain et que la transmission par le porcs n'ait jamais été identifié comme une source de problèmes. La majorité des égyptiens sont musulmans dont la religion interdit de manger du porc.

Mesures de santé publique

Les campagnes de vaccination

Face aux prévisions annonçant une vague épidémique débutant à l'automne 2009 dans l'hémisphère nord mais touchant l'hémisphère sud dès l'hiver austral, de nombreux gouvernements ont décidé de mettre en place des mesures exceptionnelles pour faire face à l'épidémie. Dans les pays occidentaux, la plupart des gouvernements ont opté pour des plans de vaccination massive en anticipation de l'épidémie. Devant le prix élevé des vaccins, de nombreux autres pays, notamment parmi les plus pauvres, n'ont pas pu acquérir de doses en quantités suffisantes pour la mise en place de telles campagnes. Néanmoins, les stratégies adoptées restent variables en fonction de la proportion de la population couverte et suivant que les autorités aient envisagé ou non une vaccination à deux doses, ainsi qu'il semblait nécessaire après les toutes premières analyses. Ce fut notamment le cas de la France et du Canada qui ont choisi de couvrir au moins 75% de leur population avec deux doses, la Suisse couvrant l'ensemble de sa population avec une dose. Les autres pays ont visé une couverture moindre (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne Espagne).

Par ailleurs, selon les pays, la vaccination cible les seules populations à risque ou au contraire l'ensemble de la population, comme c'est le cas en France, en Suisse, aux États-Unis, au Canada ou en Suède. Dans tous les cas, des listes de priorité (parfois différentes d'un pays à l'autre) ont été mises en place.

Enfin, les pays diffèrent dans le choix des vaccins utilisés. Outre les contraintes liés à l'offre réduite sur le marché des vaccins, certains pays ont privilégié les vaccins par injection : certains achetant les formulations avec adjuvants, d'autres pays passant commande uniquement que de vaccins non adjuvantés et d'autres encore optant pour une proportion de chaque type (comme en France). Certains États ont aussi opté pour des vaccins par inhalation intranasale (comme les États-Unis).

Le plan de vaccination à l'automne 2009 en France

Plans de vaccinations dans plusieurs autres pays

En Suisse, l'État fédéral a commandé 13 millions de doses de vaccin auprès de Novartis et GlaxoSmithKline de façon à couvrir les besoins de l'ensemble de la population pour une campagne de vaccination massive. La campagne de vaccination a débuté en novembre selon des modalités spécifiques à chaque canton. Dans les cantons francophones, on observe, comme en France, une réticence marquée face au vaccin.

La Belgique a commandé 12,6 millions de doses de vaccins adjuvantés auprès de GSK pour une campagne de vaccination débutant le 12 octobre et visant d'abord les personnels médicaux et les groupes à risques puis l'ensemble de la population. Contrairement à la France, la vaccination est proposée par les médecins dans leur cabinet mais celle-ci étant gratuite, les médecins ont manifesté leur mécontentement face au manque de clarté concernant le système de rémunération et d'enregistrement des patients pour le suivi de pharmacovigilance et ont déclarés « ne pas être prêts » pour cette campagne notamment vis-à-vis des patients à risque.

En Suède, la campagne de vaccination a débuté le 12 octobre par les personnes prioritaires mais elle s'est par la suite ouverte à l'ensemble de la population avec un très fort succès, plus de 2 millions de doses ayant été distribuées en quelques jours.

Les États-Unis et le Canada connaissent une situation de pénurie.

Une plainte a été déposée le 10 juin 2009 en Autriche puis aux États-Unis par la journaliste Jane Burgermeister qui craint une malveillance intentionnelle. Elle avait mis en exergue la contamination découverte en République Tchèque d'un important lot de matériel vaccinal (souche H3N2) par le virus grippal H5N1 que dut retirer le laboratoire Baxter qui l'avait fabriqué en Autriche et qui le destinait à 16 autres pays d'Europe centrale et de l'Est. Une seconde plainte contre X pour « tentative d'empoisonnement de la population » a été déposée en Isère le 23 octobre à Grenoble selon les polémiques relatives au plan de vaccination et à sa crainte de nocivité. Un collectif français de dépositaires de plainte s'est ainsi fédéré. Un modèle type de plainte a été mis à disposition du public et comporte les raisons et les motifs des craintes.

En Ukraine l'apparition fin octobre d'une grippe comportant une atteinte pulmonaire mortelle jusqu'alors inconnue dans l'épidémie de grippe A, va bouleverser l'opposition du pays au plan de vaccination et à se fournir en médicaments antiviraux. Au mois d'août 2009, Joseph Moshe, un virologue supposé membre du Mossad avait fait une annonce radiophonique aux États-Unis pour avertir l'Ukraine qu'un virus volontairement développé et identique aux virus de 1918 (létalité, nécrose et pneumonie) infecterait chez eux les vaccins créés par Baxter contre le H1N1. Il sera arrêté le lendemain de manière spectaculaire en cherchant à rejoindre son consulat. À partir du 29 octobre 2009 une épidémie de grippe comportant une forme grave de peste pulmonaire apparait et contraint le premier ministre Ioulia Tymochenko à commander en urgence plusieurs milliers de doses de tamiflu. L'Ukraine et la Russie engagent alors début novembre leur propre mise au point d'antivirus et de vaccins pour février 2010.Selon les observations de la journaliste Jane Burgermeister, l'épidémie semble avoir débuté non pas après la campagne de vaccination contre le H1N1 qui n'a pas eu lieu, mais de suite après celle contre la grippe saisonnière dont elle pense à son tour qu'elle fut le vecteur de la souillure par des agents pathogènes, tout comme lors de l'incident découvert en République Tchèque en février et mars 2009 mentionné plus haut.

En Pologne, malgré le risque de transmission du virus ukrainien qui résulterait d'une mutation, le choix est fait par le premier ministre Donald Tusk et sa ministre de la santé le Dr Ewa Kopacz, de ne pas céder au mouvement de panique et de ne pas acheter de vaccin tant que ceux-ci ne seraient pas assurés et assumés par les laboratoires.

Début janvier 2010, la fin de l'épidémie est officiellement annoncée en France et le plan de vaccination se met à décroître à travers le monde. Plusieurs pays (France, Angleterre, Pays Bas, Qatar, Monaco, Égypte...) annulent une partie de leur commande de vaccins aux laboratoires ou encore aux pays ayant un excédent important de vaccins inutilisés et des responsables politiques sont entendus par des commissions pour répondre aux polémiques que le plan de vaccination suscite. En France, Roselyne Bachelot est amenée à devoir s'expliquer devant la commission des affaires sociales de l'assemblée nationale où elle annonce, à l'inverse de ce qu'elle avait déclaré la veille de sa première assignation devant le TGI de Paris (« Il n'y avait pas de clause de résiliation »), que « Plutôt que devoir payer des indemnités sonnantes et trébuchantes à Pasteur-Sanofi, GSK et Novartis, qui pourraient s’élever à plus de 100 millions d’euros, l’État prendrait l’engagement de commander auprès de ces trois firmes ses prochains vaccins, en versant dès aujourd’hui des arrhes pour des livraisons futures. ».

Roselyne Bachelot a annoncé que le coût total de la campagne de vaccination 2009 était de €668,35 millions mais la cour des comptes l'évalue à €200 millions de plus. La commission d'enquête parlementaire sur la grippe H1N1 révèle par ailleurs que seules 9 millions de doses non périmées pourront être utilisées jusqu'en avril 2011 et que 5 924 267 personnes ont été piquées.

Réactions internationales

Nations unies

Depuis le signalement des premiers cas de grippe à la communauté internationale par le gouvernement mexicain, l’Organisation des Nations unies (et particulièrement l’OMS) sont en état d’alerte permanent et renforcé. Le secrétaire des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé lors d’un point presse au siège des Nations unies que « Nous sommes préoccupés par le fait que ce virus pourrait causer une nouvelle pandémie de grippe. Il pourrait être bénin dans ses effets comme il pourrait être potentiellement grave ».

Il a de plus fait remarquer que cette maladie donnera l’occasion de tester le système de réaction de la communauté des nations face à une pandémie, mis en place depuis 2007. Enfin, il a plaidé pour la solidarité entre les nations, et notamment envers les nations pauvres, particulièrement vulnérables.

Organisation mondiale de la santé (OMS)

À partir du 24 avril 2009, l'OMS fait paraître un bulletin d’information quotidien sur l' épidémie. Le Comité d’urgence (regroupant une quinzaine d’experts internationaux) tient sa deuxième réunion le 27 avril 2009, au cours de laquelle est décidé de faire passer la phase d’alerte à une pandémie de grippe de la phase 3 à la phase 4 (signifiant que la probabilité d’une pandémie a augmenté, mais non qu’une pandémie est inévitable). Le 29 avril 2009, le directeur général de l’OMS, suite à la décision du Comité d’urgence, prend la décision de faire passer la phase d’alerte à une pandémie de grippe de la phase 4 à la phase 5.

Suite à cette épidémie, l’OMS planifierait des modifications importantes dans son système d’alerte, plus spécifiquement des critères de passage de l’alerte 5 à l’alerte 6. Les critères actuels de la phase 6 prévoient une implantation durable du virus dans au moins trois pays. Ceux-ci seraient, de l’avis général, déjà atteints depuis un bon moment et on peut déjà parler de pandémie. Cependant, le passage à la phase 6 prévoit aussi des mesures d’urgence exceptionnelles telles que la mobilisation internationale des laboratoires pour la production d’un nouveau vaccin. Ces différentes mesures seraient un frein considérable au combat contre les souches courantes de grippe qui sont pourtant, selon les observations recueillies, approximativement aussi dangereuses que la nouvelle souche et causeraient donc plus de mal que de bien dans le cas présent.

L’OMS prévoyait de tenir compte du danger approximatif du virus avant le passage en phase 6 pour éviter les mesures d’urgence et l’anxiété générale à l’annonce d’une pandémie, en intégrant la dangerosité (en termes de mortalité) dans les décisions de passage d’une phase à une autre.

Le 11 juin 2009, l’OMS décide le passage en phase 6, l’état de pandémie est déclaré.

Le 17 juillet 2009, l'OMS cesse son dénombrement systématique des cas confirmés. Entre autres parce qu'il est extrêmement difficile, voire impossible, pour les pays d’essayer de confirmer tous les cas en laboratoire. Le traitement par antiviraux classique pour les cas d'influenza A étant efficaces sauf exceptions rares, l'identification de la souche exacte H1N1 n'est pas nécessaire au traitement des patients alors qu'elle exige énormément de ressources. L'OMS recommande néanmoins de rester vigilant afin de détecter rapidement d'éventuels pics dans les cas, qui pourraient résulter d'une nouvelle mutation de la maladie. L'OMS demande aussi aux pays nouvellement touchés de lui transmettre le cumul des cas identifiés sur une base hebdomadaire dans un premier temps.

Fin janvier 2010, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe auditionne l'OMS, suspecté « d'avoir exagéré la menace de la grippe "sous la pression des laboratoires" ». Il est reproché notamment à l'OMS d'avoir récemment modifié la définition d'une pandémie mondiale grippale, retirant la notion d'un taux de mortalité supérieure à une grippe normale. Avec ces nouveaux critères, une pandémie existe dès qu'un nouveau virus se répand rapidement à travers le monde, même si sa mortalité est faible. Une enquête affirme également que des « liens d'intérêt entre six experts de l'OMS et des firmes pharmaceutiques sont avérés ».

Mercosur : déclaration de juillet 2009 sur la levée des brevets

En juillet 2009, le Mercosur élargi (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Vénézuela, Bolivie et Chili) a adopté une déclaration réclamant la suspension des brevets afin de pouvoir produire les vaccins contre la grippe H1N1, exigeant l'adoption des mesures (plus ou moins) prévues par l'ADPIC afin d'assouplir les règles sur les brevets en cas de pandémie.

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