Histoire de Mayotte - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Hégémonie sakalave, puis française

Mayotte a, faits historiques découlant de sa proximité géographique, eu beaucoup plus d'échanges avec les rivages malgaches que les autres îles des Comores.

Vers 1830, un chef de province militaire autonome de Madagascar, nommé par Radama Ier, roi des Hovas/Mérinas, s'assimilant au précédent roi décédé en 1828, vainc le roi des Sakalava, Tsy Levalou régnant à Iboina. Le roi déchu échappe à la haine des Hovas et d'une partie des siens, et s'enfuit de son trône avec sa cour et une fraction de son armée au-delà des rivages malgaches à Nossy Bé. Le sultan de Mahore en guerre avec les îles voisines et souhaitant extirper la piraterie de ses rivages fait appel au service du souverain exilé, poursuivi et contraint de gagner sa vie en mercenaire.

Dès 1832, la souveraineté du sultan est restaurée sur l'île. Elle est enfin reconquise de haute lutte après trois longues années par le chef sakalave qui, séduit par la famille de son hôte, se convertit sous le nom Andrian Souly, il est plus tard nommé Andriantsoly après son mariage avec la fille du sultan et reçoit pour sa probité et sa loyauté une partie de l'île, puis hérite du sultanat.

Mais l'île au grand lagon ne cesse d'être l'objet des rivalités locales. En 1833, l'île est momentanément conquise par Mohéli, puis le 19 novembre 1835, le sultan d'Anjouan irrité par les nouveaux venus impose son arbitrage et en prend possession. En 1836, au terme d'épuisantes épreuves de force, le sultan de Mayotte obtient sa reconnaissance et l'indépendance de l'île.

Se sachant affaibli, craignant l'intervention du chef hovas autodénommé Radama, qui, installé sur le rivage de la Grande Île est furieux de ne pouvoir le capturer, faute de flotte efficace, et multiplie les maléfiques agissements contre les Sakalaves insoumis, le sultan Andriantsoly est conscient de son précaire pouvoir. Il ne peut que perdre le contrôle de l'île sans flotte de guerre, et recherche des protecteurs pour garantir la sécurité des habitants en cas de reprise des hostilités. Missionné pour organiser l'installation à Nossi Be à partir de 1841, les militaires français dirigés par Hell, Jéhenne et Passot sont intéressés car ils anticipent avec intelligence les puissantes mutations en cours de la navigation maritime. Le clipper et le navire à vapeur commencent à changer les routes maritimes séculaires dans l'océan Indien, une meilleure cartographie et la maîtrise instrumentale de la position géographique rendent moins dangereux les parages coralliens. C'est pourquoi les Français tendent à investir la côte nord-ouest de Madagascar. Le 25 mars 1841, le sultan opère la cession de sa souveraineté de l'île à la France par une simple vente où il obtient du commandant de vaisseau de La Prévoyante, Pierre Passot une rente viagère personnelle de 1000 piastres et quelques promesses.

Les négociateurs français sont ravis car si géologues amateurs, ils ont découvert des anses naturelles au milieu de coulées de laves et de coraux, ils reconnaissent aussi des havres idéaux, protégés des courants pour leurs bateaux de guerre. Cette cession est ratifiée prudemment après une enquête demandée par le souverain Louis-Philippe et ses ministres doutant du pouvoir réel d'un surprenant sultan vendeur. Ainsi, après de fastidieuses vérifications, la prise de possession officielle avec installation du drapeau flottant a lieu le 13 juin 1843.

Entre temps, les marins français patients avaient assuré la protection de Mahore. Les descriptions de l'île portent souvent sur sa partie Nord-Est, caractérisée par une langue de terre de 5 à 6 mètres au-dessus du niveau marin, appelée la péninsule de Choa. Droit en face, sur une petite presqu'île de sables amoncelés de coraux au nord-ouest de l'îlot de Mayotte ou île de Pamandzi, s'élève le rocher de Zaouzi, prononcé Dzaoudzi. Le canal qui sépare les deux pointes de la Grande Terre et de l'îlot a 1 200 mètres de long. Selon les descriptions encyclopédiques de l'époque, les deux pointes abritent chacun un village typique : Choa est essentiellement peuplé de Sakalaves, Dzaoudzi, son rocher fortifié et son port aux boutres appartiennent à des Arabes. C'est sur ce dernier centre et îlot idéal pour le mouillage des gros navires que les prévoyants marins français jettent leur dévolu.

Mais il ne font que reprendre avec vigueur un lointain héritage du sultanat de Mayotte. Dès 1845, le réaménagement de bâtiments mieux adaptés à l'autorité, sous forme d'extensions et de surélèvements plutôt que des complètes construction ex nihilo, est achevé en face de la grande rade. Et ainsi apparaissent les blancs bâtiments de gouvernement et d'administration, un hôpital civil et militaire, un corps de garde proche de l'entrée principale de la forteresse, un arsenal du génie près du port aux boutres arabes. L'ancien palais des sultans reste un lieu prudemment préservé pour maintenir l'échange et les rencontre avec les administrés mahorais, arabes et sakalaves. La rassurante présence française concilie les représentants des communautés et permet d'apaiser les violentes tensions et querelles internes que la piraterie incontrôlée avait exacerbées. Mais dans le canal du Mozambique, une sourde rivalité anglaise est désormais née, elle est appelée à se déployer pendant des décennies.

Tout au long des rivages ou dans ses parties les plus fertiles et accessibles de la Grande Terre, des domaines esclavagistes sont installés. L'intérieur de la Grande Terre est couverte de végétation verte et dense, quoique en maints endroits les zones montueuses restent dégradées par les pillages des grands bois organisés régulièrement par les maîtres des domaines. Il existe ainsi de nombreux dédales de végétations où se nichent des cases de paysans pauvres. Ses populations libres, non recensées fuyant au besoin leurs habitations sommaires pour d'autres repères moins accessibles, évitent plus qu'ils ne combattent leurs possibles persécuteurs. Ces Mahorais de culture swahilie se regroupent par intérêt, s'affrontent parfois, se plaçant au besoin sous la protection ou l'arbitrage religieux du sultan. Derniers venus avant l'hégémonie française, Sakalaves et Antalaotsi adoptent irréversiblement ces deux modes de vie suivant leur cohésion : ils essaient vainement de s'organiser entre ces deux extrêmes, la vie domaniale impérativement hiérarchisée et inégalitaire en liaison avec le monde marchand, le monde paysan communautaire libre et souvent précaire du fait de l'absence de titre de propriété garanti par un système de défense efficace ou un pouvoir fort. Une conversion religieuse à l'Islam leur permet de bénéficier d'une meilleure reconnaissance auprès des populations mahoraises et d'une pacification juridique communément acceptée.

Mayotte ne compterait que 3000 habitants permanents. Elle est placée par le chef d'expédition Passot sous l'autorité maritime française. Après son acquisition, elle dépend administrativement du gouverneur de la Réunion, mais l'efficace gouvernement de Mayotte avec sa flotte et son administration modernisée s'étend aux îles françaises les plus proches.

Lui sont rattachées deux îles côtières de Madagascar Nossi-Bé (occupée par la France dès 1841) et Sainte-Marie de Madagascar (française depuis 1820), l'ensemble composant la colonie de "Mayotte et Nossi-Bé".

Le 9 décembre 1846, une ordonnance royale portant sur l’abolition de l'esclavage est promulguée à Mayotte. Appliquée en 1848, elle provoque une fuite des maîtres des plantations de Mahore et de leurs esclaves obéissants, qui espèrent trouver ailleurs des terres à mettre en valeur sans cette contrainte.. Cet exode rapide favorise l'installation de planteurs français sur la Grande Terre. Les créoles monopolisent alors les meilleurs terres, là où ils ont remarqué la profonde décomposition des anciennes laves en sols rouges. Une gestion hydraulique grâce à des retenues d'eau sur des tapis naturels d'argiles peut être améliorée. L'ordre français semble favoriser ces coûteux aménagements.

Page générée en 0.129 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise