Hôtel de Burtaigne - Définition

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Introduction

L’hôtel de Burtaigne de Metz
L’hôtel de Burtaigne et la place des Charrons

L’hôtel de Burtaigne est une demeure patricienne de Metz, datant de la Renaissance, construite dans les dernières années de la République messine par une famille de paraiges, les Gournay.

Ses habitants successifs représentent toutes les facettes de la ville : ville libre d’Empire, en tant que demeure des Gournay, maitres-échevins de la ville dans les dernières années de la République messine ; citadelle militaire en tant que quartier-général du duc de Guise lors du siège de Charles Quint et lieu de naissance de deux généraux des guerres du Second Empire, guerroyant sur quatre continents ; ville royale française en tant que siège de la Ferme générale (ancêtre du Trésor Public) au dix-huitième siècle ; facette aussi de « Metz la commerçante » en tant que siège social de plusieurs entreprises de vente de vin, de fer, etc. ; ville pieuse enfin en tant que l’un des Trois-Évêchés en tant que maison d’habitation de deux fondatrices de bonnes œuvres, Caroline Colchen Carré de Malberg, cofondatrice de la société des filles de saint François de Sales[2] et Anne-Marie-Célestine Michel, fondatrice d’un orphelinat à Scy-Chazelles.

Sis aux nos 4 et 6 de la place des Charrons, dans le quartier Outre-Seille, son architecture spécifique, signalant la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, marquée par les usages successifs, lui a vaut d’être inscrit comme monument historique en 2006.

Histoire et habitants

La première mention de l’hôtel de Burtaigne date de 1531 : « une maison sceante en la rue des Cherriers, qu’on dit la maison de Burtaigne ». On y célèbre alors le mariage de Claude de Gournay, fils du maitre-échevin et conseiller du duc Antoine de Lorraine, Michel de Gournay, avec Catherine de Créhange, mariage marqué par une anecdote qui lui vaut sa place dans les chroniques messines : la galerie de l’hôtel s’effondre « et avoir ledit seigneur Michel fait faire sus des pillers de pierre, en l’entrée de ladicte maison, une gallerie bien viste pour y faire des chambres. Et advint que, le jour des nopces, apres soupper, enciron entre neuf et dix heures, que ladicte gallerie avec une grande muraille et le til qui estoit par-dessus ladicte gallerie, tombait du tout. » On ne déplore aucune victime, c’est un miracle « veu qu’il n’y eult personne affoulé, et que la plupart de la noblesse, le jour des nopces, du matin, estoient dessoubz icelle gallerie, et y passont l’espousée avec les comtes, bairons et aultres seigneurs d’Allemaigne allant à l’église. »

Les Gournay sont déjà propriétaires de l’Hôtel de Gournay sur les Hauts de Sainte-Croix. L’emplacement de leur nouvel hôtel est plus pratique pour Les Gournay, paraiges messins. Il est situé à proximité du Champ-à-Seille (actuelle place Coislin), la plus large place de Metz au Moyen Âge, marché principal et véritable centre économique de la ville. Reliée à la place du Champ-à-Seille par le pont-à-Seille, leur nouvelle demeure est commodément située de l’autre côté de la rivière, à l’écart de l’agitation marchande. La Seille qui jouxte l’hôtel permet de débarquer et d’embarquer les denrées qui partent ou viennent d’Allemagne.

En 1551, après la mort de Michel de Gournay, l’hôtel passe à son fils Jacques, seigneur de Beux, maitre-échevin de Metz en avril 1552, au moment de l’entrée à Metz de Henri II de France. En 1552, l’hôtel sert de quartier général au duc de Guise qui défend victorieusement la ville de Metz contre le siège de Charles Quint. Jacques de Gournay a trois filles de son épouse, Anne de Lenoncourt, Catherine qui épouse Louis de Custine, Jeanne qui épouse Adrien de Waldeck et Eve qui épouse François Henri de Haraucourt, capitaine général de l’artillerie de Lorraine. On ignore qui hérita de l’hôtel ou qui l’acheta.

Au XVIIe siècle, la salle des fêtes de l’hôtel de Burtaigne sert de temple protestant aux soldats mercenaires suisses (et calvinistes) de la garnison de Metz. Quand le culte réformé est interdit sur les terres du Roi-Soleil à la révocation de l’édit de Nantes, l’interdiction ne frappe pas les étrangers et le temple peut continuer à fonctionner.

Au début du dix-huitième siècle, la demeure est occupée par un marchand de bois, M. Dubuisson. Sa fille, Marie-Rose épouse, le 5 septembre 1752, Nicolas Bouvard, agent général des fermes du roi pour Metz au moment du décès de son épouse en avril 1769. En 1776, il est agent général des Trois-Évêchés et de Charleville. La ferme générale collectait les taxes sur le tabac, les gabelles, la vente de sel à l’étranger, les droits sur les huiles et savons et la marque des fers. Nicolas Bouvard meurt en 1797, âgé de 77 ans. Son fils, Antoine-Louis, inspecteur de la régie des droits réunis, hérite alors de l’hôtel. Sa veuve, Marie-Jeanne-Sophie Pierre, vend la propriété, en 1821, à Jean-François Maguin, vinaigrier et marchand de vin. Qui la cède, en 1830, à François Dominique Victor Colchen.

Caroline Colchen Carré de Malberg, fondatrice des Filles de Saint-François de Sales, y passe une partie de son enfance, ses parents, François Dominique Victor Colchen et Élisabeth-Charlotte Simon, ayant acquis la propriété en 1830. Gaëtan Bernoville, dans son livre Madame Carré de Malberg, écrit : « L’hôtel de Burtaigne était grave et somptueux mais les plates-bandes ombragées et fleuries dévalaient jusqu’aux rives de la Seille. Caroline y passa le plus clair d’une enfance heureuse » Caroline est l’une des quatre filles de François Colchen, l’hôtel passe à un gendre, Jean-Baptiste Salmon, qui avait été associé depuis 1854 au commerce des vins. La demeure reste dans la famille jusque vers 1900 avant de passer dans la famille Michel. Propriété de la fondation Anne-Marie-Célestine Michel (1875-1957, fondatrice d’un orphelinat à Scy-Chazelles et amie de Monseigneur Jean-Baptiste Pelt, évêque de Metz de 1919 à 1937, oncle de Jean-Marie Pelt), l’immeuble est cédé, en octobre 1973, au propriétaire actuel qui, en 1979, achète également le no 6, l’ancienne salle des fêtes de l’hôtel de Burtaigne, en vue de réunir cet ensemble historique.

À une date indéterminée, l’ensemble (le no 4 place des Charrons correspondant à l’hôtel proprement dit et le no 6 place des Charrons, correspondant à l’ancienne salle des fêtes) est scindé en deux immeubles qui connaitront chacun une histoire distincte.

Le recensement de 1769 nous apprend que le no 6 (numéro cadastral 1972) est occupé par le Bureau général des tabacs qui y est encore en 1788. Dans la même maison, le typographe messin Joseph Antoine y son imprimerie. Il y décède en 1785. Sa veuve et ses fils reprennent l’affaire jusqu’en 1794, date où son fils, Charles-Marie-Brice transfère l’établissement rue de la Chèvre, son frère cadet, Pierre Antoine, fonde alors sa propre imprimerie, rue Mazelle.

En 1813, Louis-Henri Valette, transfert le commerce de fer qu’il avait fondé, en 1806, rue des Allemands. Il meurt en 1837 et son fils, associé à son beau-frère Augustin-Laurent Sérot, continue l’activité paternelle. Le fils d’Augustin-Laurent Sérot continue le commerce jusqu’à son décès en 1909. La maison est alors reprise par Jules Wéber. En septembre 1979, son héritier, André-Jean Wéber, directeur retraité des Établissements Guermont-Wéber, cède la partie avant du no 6 au propriétaire actuel qui peut ainsi réunir les deux immeubles au passé commun.

C’est également ici que naissent les frères Munier, Charles-Claude en 1826 et son frère Gustave-Joseph en 1828. Leur père, Charles-Christophe Munier, originaire de Pont-à-Mousson, était alors capitaine d’artillerie. Ils s’illustrèrent dans l’armée française. L’aîné comme officier d’ordonnance du général Decaen lors de la guerre de 1870, puis, suite au décès de celui-ci à la bataille de Borny, comme aide de camp du maréchal Le Bœuf et participe aux batailles de Saint-Privat et de Servigny. Avec le grade de général de division, il sert au Tonkin. Le cadet combat en Crimée, en Kabylie, à Magenta, Solférino ; il prend part à l’expédition du Mexique. En 1870, il commande le 89e régiment d’infanterie de ligne lors de la bataille de Sedan. Après tant de faits d’armes, il décède « bêtement » dans l’incendie du Bazar de la Charité en 1897.

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