La construction s’achève au plus tôt peu après 1523, selon la datation par dendrochronologie des poutres de la charpente du la partie principale de l’hôtel de Burtaigne et au plus tard, en 1531, date où l’hôtel est mentionné dans les chroniques messines. La toiture basse en forme de pointe de diamant en retrait de la façade reste conforme à la tradition médiévale de l’architecture messine.
La façade présente, sur les deux premiers niveaux des bandeaux moulurés courants au dessus des fenêtres et ponctués de frettes crénelées, particularité architecturale typiquement messine qui se retrouve dans la maison des Têtes et dans d’autres édifices patriciens de la Renaissance ; ces frettes portent un décor sculpté de grotesques fantastiques, d’un lion tenant un écusson, etc.
Les meneaux et croisées des fenêtres Renaissance ont été supprimé au dix-septième siècle afin de laisser pénétrer plus de lumière. Ceux qui subsistent (sur les fenêtres au dessus du porche) sont des copies datant du vingtième siècle.
Les décors intérieurs sont modifiés vers la fin du dix-septième siècle : les pièces principales sont décorées de lambris d’appui, de cheminées en marbre et les plafonds Renaissance sont dissimulés sous un habillage de plâtre. De cette époque date l’ajout de la porte piétonne, sur la rue, qui par son style dénature quelque peu le rythme intrinsèque de la façade Renaissance. Cinq marches lui donnent accès
En 1734, un procès est fait au propriétaire de l’hôtel, monsieur Dubuisson, pour avoir partiellement comblé le lit de la Seille adjacente afin de construire la porte cochère afin de faciliter le passage des carrosses vers la cour arrière. La Seille est canalisée peu après, en 1740.
Peu ou pas remaniée au dix-neuvième siècle, la partie gauche de la façade sur rue (au dessus du porche) est construite dans un style néo-renaissance en 1906, en parallèle avec les travaux de comblement du bras de la Seille, devenu la rue Haute-Seille. Les communs de l’hôtel de Burtaigne sur l’arrière, sont détruits pour laisser place à un autre édifice, lui aussi de style néo-Renaissance, construit pour l’Association mosellane des œuvres laïques (AMOL).
Touchée par un obus lors de la Seconde Guerre mondiale, les fenêtres au dessus du porche sont restaurées (entre 1945 et 1948) et « restitués » avec des meneaux (elles n’ont probablement jamais existé auparavant dans cet état). Les mansardes de l’hôtel sont transformées en logements en 1953.
L’architecture type des maisons patriciennes messines à la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance comporte un escalier en colimaçon proche de la porte principale (comme à l’hôtel de Heu) ou intégré dans une tourelle séparée du corps principal de la maison (comme à la maison des Têtes ou dans l’ancien hôtel de Gournay). La cage d’escalier à jour central est une construction plus tardive, datant du dix-septième siècle. Une balustrade en fer forgé mène jusqu’au premier étage, poursuivie jusqu’au deuxième par des balustres de bois.
Le six place des charrons est achevé après 1534 (datation par dendrochronologie des poutres de la charpente) ou 1544 (datation dendrochronologique des poutres du plafond du piano nobile). Il sert probablement de salle des fêtes ou occupe une fonction de représentation et de réception comme en témoignent les médaillons sculptés, de style Renaissance, dans les murs de l’étage noble. Un porche Renaissance donne accès à l’immeuble. Il ne respecte pas la symétrie de la construction Renaissance : il donne sur une traverse qui correspond à la deuxième travée de la galerie du rez-de-chaussée (voir illustration) ; mais est placé au centre de l’immeuble si l’on y inclut le 6 bis, place des Charrons.
Au dix-huitième siècle, les fenêtres Renaissance du premier étage sont remaniées et adoptent la forme en vogue de baies à arc segmentaire, certaines percées et cet étage sert d’atelier à l’imprimeur Joseph Antoine.
En 1813, le commerce de fer de la maison Valette et Serot (devenue plus tard les établissements Guermont-Weber) s’installe dans cette partie de l’hôtel. En 1904, le règlement d’urbanisme impose l’installation de l’eau courante et du tout-à-l’égout dans cette partie et dans la partie principale de l’hôtel de Burtaigne.
En 1916, les fenêtres du deuxième étage sont modifiées, certaines percées dans le prolongement des fenêtres du premier datant du dix-huitième, l’espace de la grande salle est cloisonné (cloisonnement qui pourrait être antérieur) pour en faire un appartement habitable. Dans l’Entre-deux-guerres, les trois fenêtres du rez-de-chaussée sont refaites dans un style néo-Renaissance. Des entrepôts de type industriels sont édifiés en 1947 sur toute la partie arrière du six et s’arcboutent sur la façade historique sur cour, sans respect pour elle.
En 2009, un projet immobilier (encore en cours) entraine la destruction partielle des entrepôts industriels à l’arrière du 6 place des Charrons (anciens établissements Guermont-Weber) et le dégagement de la façade originelle (voir illustration ci-dessus).
Les caves de l’immeuble correspondent aux différentes sous-parties de l’immeuble. La partie sous le porche de la maison est dépourvue de cave, sans doute en raison de la proximité avec le lit de la Seille et la possibilité d’infiltration.
Au no 4 de la place des Charrons, la partie avant (sur rue) présente trois nefs de caves voûtées avec arcs à encorbellement. Cette disposition ne correspond pas à l’organisation architecturale de la partie aérienne de la maison en deux séries de salles. Ceci fait que le mur médian et porteur de la maison repose sur la clef de voute de la nef centrale des caves. Cette solution, statiquement osée, peut laisser supposer que les caves sont plus anciennes et ont été récupérées telles quelles.
De plus, les caves de la partie arrière du 4 place des Charrons ne correspondent pas exactement au style de la partie avant : elles ont dû être construites à une époque différente. Si les caves du 4 sont perpendiculaires à la rue, les voutes de celles du 6 sont construites parallèlement à la rue. Encore visible à côté du porche, sur la gauche de la façade du corps principal, une petite porte, aujourd’hui partiellement murée, donne accès aux caves directement depuis la rue. Au 6, un dispositif similaire existait comme en témoigne une volée de marches, mais la porte sur rue a totalement disparu, peut-être lors des réfections du dix-neuvième siècle.
En 1972, l’hôtel est quasiment vide de tout occupant. Racheté en 1974 par son propriétaire actuel, il fait l’objet d’une soigneuse campagne de restauration (toitures, réaménagements intérieurs) qui conduit, en 1988, au classement à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques de la grande salle du 6 place des Charrons, des façades correspondantes sur rue et sur cour, suivi, en 1991, de celui de la façade sur rue du 4 place des Charrons, des toitures et de certains volumes intérieurs (cage d’escalier avec rampe en fer forgé et balustre de bois, cheminée renaissance et pièces lambrissées du dix-septième siècle).
En 2006, la totalité des deux édifices est classée au titre des monuments historiques.