John Dee - Définition

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Mythe et faits

La légende noire

Environ dix ans après la mort de Dee, l’antiquaire Robert Cotton acquit le domaine de Dee et se mit à la recherche de manuscrits et d’artefacts. Il découvrit de nombreux livres, la plupart étant des compte-rendus des communications angéliques. Le fils de Cotton donna ces livres à Méric Casaubon qui les publia en 1659, y ajoutant une longue introduction (A True & Faithful Relation of What passed for many Years between Dr. John Dee (A Mathematician of Great Fame in Q. Eliz. and King James Reigns) and some spirits.). Ce livre étant la première révélation publique des conférences de Dee, il connut un grand succès et fut très vite épuisé. Casaubon, croyant en l’existence des esprits, explique dans son introduction que Dee était l’instrument involontaire des esprits diaboliques alors qu’il pensait s’adresser aux anges. Ce livre a été à l’origine de la réputation sulfureuse qui a poursuivi Dee durant les deux siècles suivants, le faisant passer pour un charlatan, un fanatique ou un malade mental.

Environ à la même période que la publication de ce livre, des membres de l’ordre Rosicrucien affirmèrent que Dee avait été des leurs. Il existe cependant un doute quant à l’existence d’un mouvement Rosicrucien organisé à l’époque de Dee ; et il n’y a aucune preuve qu'il ait appartenu à une quelconque fraternité. La réputation de Dee en tant que magicien et ses expériences avec Edward Kelly ont fait de lui un personnage apprécié des conteurs, des écrivains d’horreur et autres amateur de magie. Les affabulations concernant la vie de Dee sont nombreuses, ce que favorise l'absence de renseignements sur certaines périodes de sa carrière restées très obscures.

La réhabilitation

C’est au XXe siècle que le personnage de Dee fut réhabilité, en partie grâce au travail de l’historienne Frances Yates, qui apporta une nouvelle façon d’appréhender le rôle de la magie et le développement de la science moderne à la Renaissance. Dee jouit à l'heure actuelle d'une réputation d'homme d'étude sérieux; il est considéré comme l’une des personnalités les plus cultivées de son époque.

Sa bibliothèque personnelle était la plus importante du pays, et était tenue pour l’une des plus intéressantes d’Europe, peut-être était elle à peine moins importante que celle de Jacques-Auguste de Thou. Dee, en plus d’être astrologue, scientifique et conseiller géographique de la Reine, fut le précurseur de la colonisation de l’Amérique du Nord et de l’élargissement de l’empire Britannique au-delà de l’Atlantique Nord.

Dee fut un partisan acharné des sciences de la navigation et de la cartographie. Il collabora avec Gerardus Mercator, et possédait une importante collection de cartes, globes et d’instruments astronomiques. Il inventa des instruments et des techniques de navigation spécifiques pour les régions polaires. En tant que conseiller personnel des expéditions, il choisit lui-même les navigateurs qu’il forma.

L’importance des mathématiques dans sa vision des choses fait de lui un personnage plus moderne que Francis Bacon, bien que l’on pense que Bacon ait volontairement fait l’impasse sur les mathématiques compte tenu du climat de soupçon qui entourait l'occultisme sous Jacques Ier. Il faut cependant souligner que le paradigme mathématique de Dee est radicalement différent de celui des mathématiciens modernes.

Il semble évident que la plus grande préoccupation de Dee fut de promouvoir les mathématiques hors des universités. Sa Préface Mathématique à Euclide était destinée à un public n’ayant pas eu accès à l’université, et fut très populaire parmi les mechanics (« mécaniciens »), une nouvelle classe d’artisans inventeurs qui deviendront nos ingénieurs modernes. Sa préface était composée de principes mathématiques.

Dee était ami de Tycho Brahe et connaissait les travaux de Copernic. La plupart de ses calculs astronomiques étaient basés sur des présomptions Coperniciennes, mais il n’épousa jamais véritablement la thèse de l’héliocentrisme. Il a appliqué les théories de Copernic au problème de la réforme du calendrier. Ses recommandations n’ont toutefois pas été prises en compte pour des raisons politiques.

On l’a souvent associé au Manuscrit de Voynich. Wilfrid M. Voynich, qui acheta le manuscrit en 1912, a suggéré que Dee avait été possesseur du manuscrit, et qu’il l’avait vendu à Rodolphe II. Cependant, les rapports que Dee entretenait avec ce dernier étaient moins importants que ce que l’on pensait, et les journaux de Dee ne font aucunement référence à une telle transaction.

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