En sidérurgie, le laitier est un sous produit de la métallurgie contenant des oxydes métalliques, essentiellement des silicates, des aluminates et de la chaux, qui sont formés en cours de fusion ou d'élaboration de métaux par voie liquide.
Le laitier apparait lors de l'élaboration des métaux ferreux sous forme liquide.
C'est un résidu issu de la fabrication de la fonte au haut fourneau, où il correspond à la gangue du minerai de fer, isolée de la fonte liquide où il flotte par différence de densité. On retrouve donc, en sortie d'un haut fourneau une proportion laitier/fonte correspondant à la richesse du minerai de fer utilisé.
Pour un haut fourneau fonctionnant avec des minerais de fer riches, on atteint généralement une proportion 317 kg de laitier actuellement pour 1 tonne de fonte produite. La composition typique du laitier de fonte hématite est de 40% de chaux, 35% de silice, 11% d’alumine et 8% de magnésie.
Pour le sidérurgiste, le laitier est un stérile, dont la valorisation, quoique non négligeable, est souvent moins intéressante que celle de la fonte. Les minerais de fer pauvres, comme la minette lorraine, induisent alors une plus grande consommation de coke au haut fourneau, puisque la quantité de matière à chauffer dans le haut fourneau est plus importante.
Le laitier de haut fourneau est souvent valorisé dans la fabrication de ciment (BFS-OPC) et dans les travaux publics (ballast, enrobé bitumé, ...).
Dans une aciérie, le rôle du laitier est plus complexe : il rassemble les impuretés en absorbant les inclusions d'oxydes dissoutes dans le métal, généralement issues du calmage. Pour cela, il est essentiel de maîtriser sa composition, de manière à le rendre réactif. Une haute teneur en chaux, par exemple, rend le laitier basique ce qui est favorable vis-à-vis des inclusions d'alumine. Cependant, ce laitier doit aussi ménager les briques réfractaires... le réglage des laitiers d'aciérie est donc un compromis.
Certains oxydes du laitier, comme le FeO, peuvent oxyder les additions d'alliage comme le titane, l'aluminium, le bore... Dans ce cas, ces éléments d'alliages sont consommés, donc gaspillés, avant d'atteindre le métal liquide. Une quantité de laitier trop importante, ou une oxydation du laitier mal maîtrisée est donc dans ce cas rédhibitoire.
Les outils liés au traitement du laitier consistent généralement en un "rateau" pour "écrémer" le laitier flottant sur l'acier liquide. Des trémies permettent l'addition des produits destinés à constituer ou amender de laitier.
Les laitiers d'aciérie sont généralement de composition chaux-alumine, pour les aciers au carbone destinés aux produits plats, et chaux-silice pour les aciers au carbone destinés aux produits longs. Pour les aciers inoxydables, leur forte teneur en chrome rend très intéressante le recyclage en interne dans l'aciérie.
On appelle laitier la croûte qui se forme sur le bain de la soudure. Il protège ce bain de l'oxygène de l'air, et l'isole thermiquement.
Dans le soudage à l'électrode enrobée, c'est l'enrobage qui va, en fondant, créer le laitier.
On distingue alors les électrodes en fonction de leur enrobage:
Plusieurs qualités de laitier sont présentes sur le marché. On peut premièrement les classer suivant leur origine:
On peut aussi classer les laitiers suivant la façon dont ils ont été transformés:
Les laitiers granulés et les [[laitiers bouletés]] sont produits grâce à la projection d'eau sous pression dans la laitier en fusion, dès la sortie du haut fourneau. Le produit obtenu est un sable fin et homogène.
Les laitiers cristallisés sont issus du refroidissement par aspersion d'eau du laitier en fusion coulé à terre. La solidification et le refroidissement du laitier amènent à son craquelage. Ce procédé est le premier historiquement réalisé : il ne nécessite qu'une fosse de stockage du laitier en fusion et des rampes d'arrosage. Son obtention ne consomme en outre que de faibles quantités d'eau. Cependant un concassage secondaire est généralement nécessaire pour utiliser ce matériau. L'inconvénient réside dans le fait que ce matériau présente une certaine hétérogénéité.
Actuellement, la tendance pour les laitiers de haut-fourneau va vers la granulation, éventuellement la cristallisation. La plus faible quantité de laitier produit par les aciéries ne rendant pas une installation de granulation ou bouletage rentable, les laitiers de convertisseur, de four électrique ou de poche sont cristallisés.
On peut définir trois grandes classes d'utilisation des laitiers en tant que :
Les laitiers granulés ou bouletés peuvent développer une prise hydraulique lente sous l'effet d'un activant (clinker ou chaux). Après broyage fin (3500 à 4500 blaines) puis séchage, ils trouvent leurs utilisations comme composant principal ou secondaire du ciment.
Ces laitiers dits « GGBS » (Ground Granulated Blast furnace Slag c'est-à-dire laitier de haut fourneau granulé broye) entrent dans la composition des ciments composés, clinker et ajouts (laitier, cendres volantes, calcaire, ...).
L'utilisation sous forme de granulats est moins rentable que l'utilisation sous forme de liant hydraulique. Cependant, tous les types de laitiers cristallisés sont utilisables sous forme de granulats.
L'utilisation des laitiers de haut-fourneau cristallisés est reconnue sous deux formes :
Dans les deux cas, on note l'utilisation de ces granulats :
La pratique des laitiers électriques est plus récente mais se substitue de plus en plus à la précédente du fait de la disparition progressive des hauts-fourneaux. Il faut rester méfiant quant aux diverses appellations de laitiers: sous l'appellation de laitier électrique, on peut trouver des laitiers de poche (dans lesquels sont affinés les aciers pour donner les nuances voulues) qui contiennent une teneur non négligeable en métaux lourds. On note l'utilisation de ces granulats :
La pratique des laitiers d'aciérie à convertisseur d'oxygène est d'ordre expérimental. En effet, il n'est pas rare de trouver des nodules de chaux ayant la possibilité de s'hydrater plus tard, notamment dans le cas des laitiers cristallisés. Il en résulte un gonflement qui peut intervenir longtemps après la mise en œuvre de ce laitier, et qui provoque une destruction de la chaussée.
Plusieurs méthodes ont été mises au point pour s'affranchir de cette expansion volumique due à l'hydratation de la chaux :
Actuellement, peu d'usages sont autorisés par les bureaux de contrôle. Leur utilisation se fait quasi-exclusivement dans le cadre de chantiers expérimentaux.
La minette lorraine, minerai de fer pauvre et contenant beaucoup de phosphore, générait une fonte qu'il fallait déphosphorer au convertisseur. Le laitier de convertisseur alors obtenu, riche en P2O5, est un excellent engrais. Si cette valorisation est encore faite avec les laitiers de convertisseur, l'abandon de la minette lorraine, rend cette filière moins attractive.
La forte teneur en silice des laitiers en fait une matière première pour la fabrication du verre.
Cette utilisation est réservée aux laitiers granulés les plus purs, c'est-à-dire de haut-fourneau. Des précautions sont nécessaires pour éviter toute pollution (gravats, poussière,...) pendant le stockage ou le transport.
La production française de granulats de laitier est en France pour 2005, de 2 080 000 tonnes, pour 51 847 000 euros, dans 10 entreprises.