Ce roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction dans les ouvrages de références suivants :
Le terme de monade est un emprunt que fait Robert Silverberg au philosophe allemand Gottfried Wilhelm von Leibniz. Si une monade urbaine (une cité complexe) n'a au premier abord que peu de rapports avec la monade du philosophe (une substance simple et sans parties, un atome de la nature), quelques caractéristiques essentielles unissent pourtant les deux concepts.
Dans son traité de Monadologie de 1714, Leibniz écrit au § 7 : « Les Monades n'ont point de fenêtres par lesquelles quelque chose y puisse entrer ou sortir. Les accidents ne sauraient se détacher ni se promener hors des substances comme faisaient autrefois les espèces sensibles des scolastiques. Ainsi, ni substance ni accident ne peut entrer de dehors dans une Monade. » Tout comme les atomes du philosophe, les monades urbaines sont des entités qui ne communiquent pas humainement avec l'extérieur. Seules les denrées produites par les communautés agricoles entrent dans les monades. Les êtres humains n'ont pas le droit de sortir et les membres des communautés agricoles pas le droit d'entrer. Les monades urbaines sont des mondes humainement clos et repliés sur eux-mêmes.
Le thème de la surpopulation est un des grands thèmes classiques de la science-fiction des années 70. À l'époque où Robert Silverberg écrit son roman, ce thème a déjà été traité à l'échelle de la planète par John Brunner en 1968, avec Tous à Zanzibar, et à l'échelle de la galaxie par Larry Niven en 1970, avec L'Anneau-Monde.
Si Robert Silverberg reprend ce thème, c'est pour le traiter d'une manière originale. La surpopulation n'est pas présentée comme un problème démographique ou écologique qu'il convient de régler rapidement par des lois eugéniques, mais comme une véritable volonté politique empreinte de religiosité. Dans l'univers des monades urbaines, la surpopulation est encouragée et présentée comme le résultat nécessaire du respect sacré de la vie.
Robert Silverberg présente dans son roman la réalisation concrète de quelques revendications typiques de la pensée 68 : une nouvelle conception du « Moi » qui s'exprime par exemple dans une musique psychédélique (Dillon Chrimes et son concert cosmique d'anthologie), l'accès légalisé aux psychotropes et aux drogues (avec des « distributeurs d'extase » à chaque coin de rue et le « multiplexer ») et enfin la libération totale des mœurs sexuelles.
Mais ces symboles de liberté et d'émancipation, revendiqués par la génération des années 70, apparaissent dans le roman comme totalement pervertis. Chez Robert Silverberg, ils se retrouvent instrumentalisés par une idéologie totalitaire et très conservatrice. La musique psychédélique jouée par Dillon Chrimes dans les différentes cités de la Monade 116 n'est tolérée qu'en tant que défouloir pour les masses laborieuses, l'ingestion de drogues est recommandée pour évacuer le stress induit par la promiscuité qui règne dans les monades et la liberté sexuelle, privée de tous les affects connexes comme la séduction, l'amour, la passion, la jalousie, se réduit à une forme d'hygiène ritualisée et n'est pas accompagnée de la faculté de disposer librement de son corps (à cause du diktat de la procréation).