Luc Montagnier - Définition

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Engagement contre les injustices et contre la propagation du SIDA

Se disant agnostique, il milite pour que les religions ne refusent pas les apports des sciences. De façon plus large, il lutte contre les injustices, s'impliquant par exemple dans la défense des infirmières bulgares, accusées en Libye d'avoir inoculé le virus du Sida à leurs patients.

Il a lancé le premier Sidaction aux côtés de Line Renaud en 1994.

Apport scientifique : découverte du virus du SIDA

Modèle du virus VIH en coupe
Virus HIV fixé sur un lymphocyte vu en microscopie électronique (fausses couleurs, le VIH est en vert).

En janvier 1983, Willy Rozenbaum, un infectiologue travaillant à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, prélève un ganglion cervical chez un jeune homosexuel de trente-trois ans, « Bru », qui présentait des adénopathies suspectes depuis un mois. Il avait séjourné à New York en 1979 et avait eu de nombreux partenaires sexuels. Ce dernier mourut du SIDA en 1988.

Les lymphocytes du prélèvement furent mis en culture le jour même à l’Institut Pasteur par L. Montagnier en présence d’IL-2 et de sérum anti-interféron. Le 15 janvier 1983, Françoise Barré-Sinoussi détecta une faible activité transcriptase réverse qui persista jusqu’au 26, avant de disparaître, parce que le virus détruisait les lymphocytes. On propagea alors le virus sur une culture de lymphocytes provenant d’un donneur de sang, et l’activité enzymatique réapparut, suite à l’infection de nouveaux lymphocytes. Il s’agissait donc bien d’un rétrovirus, mais différent des rétrovirus humains connus comme le HTLV-1, qui ne détruit pas les cellules infectées. D’ailleurs, les anticorps anti-HTLV-1 fournis par Robert Gallo, le découvreur du rétrovirus, ne reconnaissaient pas le nouveau virus.

Le 4 février, le virus est vu au microscope électronique à la surface des lymphocytes par Charles Dauguet, à l’institut Pasteur. Il est entouré d’une enveloppe et ressemble davantage à un lentivirus qu’à un HTLV-1. Il fut appelé LAV, pour Lymphadenopathy-Associated Virus, après avoir été isolé chez d’autres patients atteints d’un SIDA avéré et que son tropisme pour les lymphocytes CD4 fut démontré.

La découverte fut publiée dans le numéro de Science du 20 mai, à côté d’un autre article de Gallo et Essex impliquant le HTLV-1 (renommé Human T-Leukémia virus) comme cause du SIDA.

En septembre 1983, Montagnier présenta ses résultats à Long Island, en apportant la preuve de l’existence d’anticorps anti-LAV détectés par un test ELISA mis au point à l’hôpital Claude-Bernard. Gallo contesta l’appartenance du LAV au groupe des rétrovirus, rapporta la présence du HTLV-1 ou d’anticorps anti-HTLV-1 chez des patients atteints du SIDA, et présenta pour la première fois le virus HTLV-III (Human T-Lymphotropic Virus). C’était le début de la controverse.

À partir du HTVL-III isolé par culture entre le 15 novembre 1983 et janvier 1984, l’équipe de Gallo mit au point un test sérologique positif chez 88% des malades du SIDA. Cette souche ne fut pas comparée au LAV, mais, en fait, il s’agissait du même virus, qui fut appelé LAV/HTLV-III puis HIV (Human Immunodeficiency Virus) par une commission de nomenclature en 1986.

Le séquençage du génome de ce virus à ARN, réalisé dès 1984 à l’institut Pasteur, montra qu’il était très variable en raison des erreurs commises par la transcriptase inverse lors de la réplication, or la souche du LAV isolée par Montagnier et celle du HTLV-III de Gallo étaient pratiquement identiques. Montagnier avait envoyé son virus à Gallo (à la demande expresse de Mikulas Popovic, collaborateur de ce dernier) dès le 17 juillet 1983. Gallo n’admettra jamais avoir triché, mais la polémique se termina par un compromis et le partage des droits sur la mise au point du test sérologique de dépistage. Bien que les travaux ultérieurs de Gallo aient été essentiels pour la connaissance du virus, la paternité unique des Pasteuriens dans la découverte du virus fut définitive, et, après une longue controverse, entérinée par la communauté scientifique, en attribuant le Prix Nobel de physiologie ou médecine le 6 octobre 2008 à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, et en excluant de facto le groupe de Gallo de la découverte.

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