Marguerite Klein est un médecin français, épouse du rabbin et résistant français Samy Klein fusillé le 7 juillet 1944. Elle continue son oeuvre auprès des Éclaireuses éclaireurs israélites de France (EIF, devenus EEIF) et comme médecin au service de la communauté juive de France.
Sans doute, à cause de ses études, Samy Klein habite à Strasbourg, chez un oncle, un frère de son père, le docteur Salomon Klein.. Il épousera d'ailleurs sa fille, Marguerite Klein, sa cousine germaine, durant la guerre, le 29 juin 1941, à Vichy. Marguerite était docteur en médecine.
A la demande de Robert Gamzon ("Castor") , en juillet 1941, Samy Klein, avec Marguerite (ils sont de tous jeunes mariés), fait un séjour en Algérie.Il intervient pour l'observance de la cacherout et des fêtes juives pour les jeunes Juifs se trouvant dans des unités spéciales près de Tlemcen. Il aide les chefs E.I.F. de différentes villes d'Algérie dans leurs camps d'été.
Leur premier enfant, Annie-Rose, naît peu de jours après l'invasion de la Zone libre (Zone Sud). C'est le 11 novembre 1942 que la Wehrmacht pénètre dans cette zone. Marguerite Klein rejoint sa belle-mère, Selma Klein, à Saint-Symphorien-de-Lay, à dix sept kilomètres à l'est de Roanne. Cet endroit devient, selon l'expression de Hammel, "le port d'attache de Samy". Il y passe le Chabbat, autant que possible. En février 1944, cinq mois avant que Samy Klein soit fusillé, sa deuxième fille, Elsie, naît à Saint-Symphorien.
Samy Klein cesse de venir à Saint-Symphorien sur les conseils de Marguerite. En effet deux événements l'ont convaincue qu'il y a danger:
Dans son dernier message, écrit six mois avant d'être fusillé, Samy Klein brosse le tableau de sa vie, exprime ses espoirs et ses regrets.
Il s'adresse directement à son épouse:
"Pendant toute la durée de mon absence, c'est toi, Marguerite chérie, qui sera chef de famille. A toi d'être forte pour cinq. Je sais que je puis entièrement compter sur toi pour cela : Pendant ces trois années de vie commune, qui furent un inappréciable bonheur, tu as montré tant de courage et de compréhension pour ma vie dangereuse que je te confie maman qui, elle-même, au cours de sa vie, a constamment fait preuve d'une vaillance exceptionnelle, qui me fut un exemple constant et me guidera, si Dieu m'inflige la souffrance. Veille aussi sur Jeanne, affecteueuse et bonne à l'extrême."
(...)
"Sachez que la mort et la souffrance ne me seront rien parce que j'aurai accompli mon devoir d'homme, parce que, en partant, je laisse une femme qui saura affronter la vie, une fille devouée, une mère extraordinairement bonne, tout cela en une personne. Ne me déçois pas, chérie. Je désire donc que pour leur bien, tu sois sévère avec les enfants afin qu'elles deviennent, non pas de ces filles insouciantes et superficielles, mais des femmes cultivées et intelligentes, fortes et travailleuses et pour qui le sentiment de l'honneur - si bafoué aujourd'hui - ne soit pas un vain mot. Tu ne négligeras rien pour leur formation juive: je désire qu'elles soient instruites en hébreu, en Bible, en prières et en prescriptions et de bonne manière. Enseigne toi-même les rudiments et prends pour elles par la suite, un Maître compétent; je serais heureux qu'elles sachent lire l'hébreu à l'âge de cinq ans, comprendre les prières essentielles à l'âge de huit ans et traduire la Bible à douze ans. Si le Mouvement des E.I.F. évolue dans le sens où il semble s'orienter, alors qu'elles y entrent. Mais qu'elles soient Éclaireuses d'esprit en tout cas. Au point de vue de la culture générale, quelles que soient leurs aspirations, veille surtout à la formation littéraire, à la correction de leur langage, à la beauté de leur style. Ne néglige pas de surveiller leur caractère, que je voudrais ferme sans excès et affectueux et sociable. Ne néglige rien pour éliminer sans retard tout défaut grave, quoi qu'il t'en coute. Et qu'elles deviennent des juives françaises, imbues de l'honneur, d'Israël et de la double richesse que confèrent Israël et la France. Qu'elles fassent honneur à leur famille. Qu'elles soient des Klein, non dans leurs paroles, mais en leur âme. Quant à toi, mon amour, que Dieu te guide et t'accorde sa bénédiction pendant tout le temps que nous serons séparés. Maman et Jeanne chéries, ne vous laissez pas aller et serrez-vous les coudes. Papa, si courageux, héroïque même dans sa pure conception du devoir, vous y aidera, j'en suis sûr. "Ainsi, unies, fortes et confiantes, ayant cher Papa d'un côté, chère Liliane et Théo de l'autre pour vous soutenir, vous vous direz que j'ai accepté avec résignation la décision du Très-Haut et je vous demande de l'accepter de même."
"Si les circonstances le permettent et si vous désirez encore m'associer à vos débats, invitez Marguerite à vos délibérations : sa timidité de femme ne l'empêchera pas de refléter avec exactitude ma pensée et l'essentiel de mes projets."