Mineuse du marronnier | |||||||||
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Classification | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Arthropoda | ||||||||
Classe | Insecta | ||||||||
Super-ordre | Endopterygota | ||||||||
Ordre | Lepidoptera | ||||||||
Famille | Gracillariidae | ||||||||
Sous-famille | Lithocolletinae | ||||||||
Genre | Cameraria | ||||||||
Nom binominal | |||||||||
Cameraria ohridella Deschka & Dimic, 1986 | |||||||||
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Le Cameraria ohridella est un petit lépidoptère dont la chenille ravageuse est appelée mineuse ou teigne minière du marronnier. Cet insecte qui était inconnue de la science avant les années 1980 est en quelques années, pour des raisons inconnues, devenu ravageur, infestant des millions de marronniers (Aesculus hippocastanum) dans presque toute l'Europe occidentale, provoquant le dessèchement du feuillage prématurément en été.
Une nouvelle maladie (chancre bactérien du marronnier) et apparue peu après son arrivée. Elle se propage également en Europe. On suspecte donc qu'elle puisse être facilitée par les ouvertures que le papillon laisse dans les feuilles après son émergence et il n'est pas impossible que ce papillon participe à disséminer la bactérie responsable. Mais ces soupçons ne sont pas encore confirmés par des preuves scientifiques.
Ce minuscule papillon (3 mm) a été découvert en 1984 au bord du lac d'Ohrid (d'où il tire son nom spécifique), à la frontière entre la Macédoine et l'Albanie. Décrit comme espèce nouvelle en 1986, il s'est rapidement répandu dans toute l'Europe, principalement grâce à une colonisation anthropique. En effet, l'homme reste le moyen préféré pour C. ohriddella pour se propager. En vingt ans, le ravageur s’est installé sur tout le continent, de l’Angleterre à la Russie. Il a ainsi été repéré en Albanie, Bulgarie, Roumanie, Croatie et Autriche en 1989. Il a ensuite colonisé l’Italie du nord en 1992, l’Allemagne et la Tchéquie en 1993, la Slovaquie en 1994, la Slovénie en 1995. Les pays limitrophes de la France sont enfin contaminés, avec la Suisse en 1998, puis la Belgique et les Pays-Bas en 1999. Le ravageur est arrivé en France en 2000 par l'Alsace venant d'Autriche et d'Allemagne. Parallèlement, il est repéré en Île-de-France autour de l'aéroport d'Orly, probablement grâce à l'import de bois contaminé. Les pays les plus excentrés sont aussi touchés, comme l’Angleterre et l’Espagne en 2002, puis le Danemark en 2003. En 2005, 80 % du territoire français est touché. Seuls les départements du Finistère et du Sud-ouest sont épargnés.
C. ohridella a un cycle de développement particulier, qui s’étend sur sept à onze semaines (30 jours env pour la 1ère génération, moins pour les suivantes).
Certains documents laissent penser que quatre ou cinq générations par an sont possibles en climat favorable, mais selon ces découvreurs et après plusieurs années d'étude, cette espèce présente toujours dans la nature sur les marroniers sauvages et dans toute son aire de répartition trois générations par an. La chrysalides de la 3ème génération (la dernière de l'année n-1) hiverne dans les feuilles tombées au sol à l'automne précédent. L'émergence de printemps est simultanée pour tous les pupes de la première, deuxième et troisième génération de l'année précédente. Elle produit une nouvelle génération, la première de l’année. Au printemps, l'éclosion et le premier vol ont lieu vers fin mars-mi avril dans la région d'origine du papillon et vers mi-avril en région parisienne (mi-avril à fin avril en France). L'émergence de cette génération dure environ 30 jours (plus ou moins selon la température). Cette émergence est plus longue que les deux générations qui suivront, ce qui est expliqué par la période de l'année (plus froide).
Lors des observations de terrain, il n'est jamais arrivé que certains pupes restent en diapause jusqu'au moment de l'émergence de la génération suivante ou de l’année suivante.
Le début et le cours de la phénologie de la floraison des marroniers sauvages varie fortement selon le lieu et l’année (de plus, il n’est pas simultané pour tous les arbres même à un même endroit). Les premiers papillons émergent toujours - sans exception ni modification liée au lieu ou à l’année - au moment de la floraison du premier marronier. Et, dans une région donnée, l'émergence de la première génération (fin d'hivernage) est toujours synchronisé avec l'épanouissement des marroniers (sauvages, dans la zone d'origine de l'espèce). La première génération, qui est la plus importante, ne peut ni ne doit donc être contrôlés par des insecticides afin de protéger les insectes pollinisateurs, rappellent les découvreurs de l'espèce qui continuent à l'étudier.
Les mâles éclosent quelques jours avant les femelles dès que la température moyenne dépasse 12° C durant plus de 48 h. La sortie se fait en nombre ; les adultes sont visibles sur les troncs (presque toujours sur les troncs de marronniers) où ils s'accouplent. Après fécondation, la femelle pond des dizaines d’œufs minuscules (de 20 à près de 1000 œufs suivant la littérature) à la surface des feuilles, le long des nervures.
Trois semaines après, dès l’éclosion, de minuscules chenilles s’enfoncent dans la cuticule foliaire, y forant une galerie de 1 à 2 mm de long pour se nourrir. La chenille (0,5 à 5 mm selon le stade de développement) est alors très plate, à segments abdominaux mamelonnés et tête triangulaire. Le développement larvaire présente deux formes : un premier stade apode et adaptés à la réalisation de mines dans la feuille de marronnier. Au second stade le corps a une section plus cylindrique, des embryons de pattes et peut tisser un cocon de soie. La chenille passe 20 à 45 jours dans sa mine, puis nymphose en un peu moins de 15 jours, le plus souvent dans un petit cocon blanc à l’intérieur de la mine. La chrysalide perce ensuite la paroi du cocon, puis l’épiderme de la feuille. Le papillon sort dès cet instant, laissant souvent l’exuvie coincée dans le trou de sortie. Toutefois, on peut en été trouver tous les stades de développement sur une même feuille attaquée. La seconde génération n’apparaît plus sous la forme d’un pic d’émergence, mais s’étale sur tout le mois de juillet, en raison d'une hétérogénéité dans le développement de la première génération. La troisième génération émerge fin août. La population totale dépend du niveau atteint à la seconde génération. S’il y a surpopulation, le taux d’entrée en diapause est important et le vol est amoindri par rapport aux deux précédentes sorties. Sinon, la population du ravageur peut encore augmenter.
En première génération, un pourcentage faible des chrysalides reste en diapause dans les feuilles où elles passeront l’hiver. Elles s’ajoutent aux chrysalides des deux autres générations qui hivernent dans les feuilles tombées au sol, et donneront une nouvelle génération d’adultes au printemps suivant. La litière sèche non dégradée constitue donc le principal foyer de réinfestation des marronniers.