Le palais Bourbon est le nom communément donné au bâtiment qui abrite l’Assemblée nationale française, sur la rive gauche de la Seine, dans le 7e arrondissement de Paris, dans l’enfilade du pont de la Concorde et de la place de la Concorde. Il est gardé par le 2ème Régiment d'Infanterie de la Garde Républicaine.
...Le cardinal Louis de Bourbon Vendôme (1493-1557) est nommé évêque de Tréguier vers 1537 et c'est peut être à cette époque qu'il fit bâtir à Paris l'Hôtel dit "de Bourbon" où il devait mourir, auprès du Louvre...
Le palais Bourbon a été construit pour Louise Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan, qui avait épousé Louis III de Bourbon-Condé, duc de Bourbon et 6e prince de Condé.
La construction du bâtiment commence en 1722. Plusieurs architectes se succèdent, Giardini, Pierre Cailleteau dit Lassurance, tous deux prématurément décédés, puis Jean Aubert et Jacques V Gabriel qui termine les travaux en 1728. Il devient la propriété du prince de Condé qui l’agrandit en 1764. Il a alors la forme d’un vaste palais dans le style du Grand Trianon à Versailles et proche de l’hôtel de Lassay, construit simultanément et auquel il va bientôt être rattaché par une galerie.
Confisqué en 1791, le palais « ci-devant Bourbon » est déclaré bien national. Il abrite en 1794 la future École polytechnique avant d’être affecté en 1795 au Conseil des Cinq-Cents. Un hémicycle est alors aménagé par les architectes Jacques-Pierre de Gisors et Emmanuel-Chérubin Leconte : de cette première salle des séances il ne reste aujourd’hui que le « perchoir » et la « tribune ». À la Restauration, le palais ainsi que l’hôtel de Lassay sont officiellement restitués au prince de Condé, mais celui-ci est forcé de louer par un « bail de 3 ans » le palais à la Chambre des députés, avant que l’État n’en deviennent définitivement propriétaire en 1827.
C’est entre 1827 et 1832 que le palais prend, dans son organisation intérieure, sa physionomie actuelle sous la direction de l’architecte Jules de Joly. Ces travaux comprennent alors : l’édification d’un nouvel hémicycle (conservé jusqu’à nos jours, quoique ayant subi plusieurs modifications pour supporter les variations du nombre de députés au gré des différentes constitutions), l’avancement de la façade sud (côté cour) qui a permis de créer trois salons et l’édification, accolé à l’aile est, de la bibliothèque, décorée par le peintre Eugène Delacroix.
Le bâtiment n’a pas subi de modifications majeures depuis lors, seulement des rajouts :
Le palais Bourbon a accueilli, à partir de 1795, toutes les chambres basses des parlements français, à l’exception d’une courte période de 1871 à 1879 (période pendant laquelle elle siège au château de Versailles, suite à l’insurrection de la Commune de Paris) puis après la fuite du gouvernement et du Parlement à Bordeaux puis à Vichy durant la Seconde guerre mondiale en 1940 :
C’est Napoléon Ier qui, sur les plans de l’architecte Bernard Poyet, fait modifier entre 1806 et 1810 la façade nord, élevant douze colonnes en temple grec qui font pendant à celles de l’église de la Madeleine sur la rive droite. L’imposant fronton allégorique est sculpté à l’origine par Antoine Chaudet et représente Napoléon Ier à cheval offrant au Corps législatif les drapeaux conquis à Austerlitz. Au retour des Bourbons sur le trône, les bas-reliefs sont martelés et remplacés par une scène magnifiant la Charte constitutionnelle octroyée aux Français par Louis XVIII, scène sculptée par Évariste Fragonard. À son tour, la monarchie de Juillet remplacera ce fronton par l’actuel : la France, drapée à l’antique, debout devant son trône, accompagnée de la Force et de la Justice, appelant l’élite à la confection des lois, œuvre de Jean-Pierre Cortot.
Les quatre statues au pied de l’escalier sont celles de quatre grands commis de l’État censés symboliser les fonctions du législateur et l’organisation de l’administration : Maximilien de Sully (le réformateur, par Pierre-Nicolas Beauvallet), Jean-Baptiste Colbert (l’organisateur de l’économie, par Jacques-Edme Dumont), Henri François d'Aguesseau (l’unificateur du droit et de la jurisprudence, par Jean Joseph Foucou) et Michel de L'Hospital (le conciliateur, par Louis Pierre Deseine). La colonnade est restaurée lors des grands travaux du bicentenaire de la Révolution française en 1989, et à cette occasion les quatre statues sont remplacées par des moulages.
La symbolique du fronton est également héritée de la mythologie gréco-romaine : l’escalier est flanqué de part et d’autre par deux statues d’Athéna (déesse de la sagesse associée à la démocratie athénienne, par Philippe-Laurent Roland et pris sur le modèle de la Giustiniani Minerva du temple de Minerve Medica conservée au musée du Vatican) et de Thémis (titanide symbolisant la justice, portant dans sa main gauche une balance, par Jean-Antoine Houdon). À cela il faut ajouter les deux bas-reliefs qui ornent chaque côté de la façade, commandés en 1837, qui représentent à droite Prométhée animant les Arts (architecture, sculpture, peinture, musique et poésie) par François Rude et à gauche l’Instruction publique (Minerve ou Athéna enseignant l’alphabet à de jeunes enfants, entourée des neufs muses et des représentants de l’enseignement religieux) par James Pradier.