Le pont Saint-Laurent, aussi appelé Pont suspendu, aujourd'hui réservé aux piétons, fut, jusqu'au milieu du XVIIe siècle le seul pont de Grenoble. Il relie le centre historique de Grenoble, rive gauche, à la place de la Cymaise, dans le quartier Saint Laurent, rive droite.
À cet endroit, où le lit de l'Isère se resserre et se stabilise à cause de la falaise du Rabot, se trouvait primitivement un gué. C'est le point le plus favorable à la construction d'un pont permanent, ce qui était impossible sur au moins 40 kilomètres à l'amont et à l'aval, tant l'Isère divaguait à chaque crue. Le premier pont connu est un pont provisoire construit par Lucius Munatius Plancus gouverneur de la Gaule Transalpine et ancien lieutenant de César, le 12 mai 43 av. J.-C., pour faire passer son armée. Dans sa correspondance avec Cicéron, après l'assassinat de César, il fait allusion à un pont (de bateaux ? de bois ?) utilisé par ses soldats puis détruit après leur passage, pour franchir à Cularo l'Isère, qu'il qualifie de flumine maximo.
Au XVIe siècle le pont est surmonté d'une tour abritant une horloge astronomique et deux jaquemarts, surmontant une chapelle dédiée à Notre-Dame, et des constructions (maisons, échoppes) s'installent sur ses piles, comme sur beaucoup de ponts à l'époque. En février 1524, le Drac et l'Isère étant en crue en même temps, il faut se déplacer en barques dans Grenoble. En septembre 1579, une crue de l'Isère emporte des maisons sur le pont, ce qui effraya beaucoup la reine Catherine de Médicis, de passage à Grenoble.
Pendant le siège de Grenoble, qui s'acheva en 1590, l'artillerie de Lesdiguières détruisit les jacquemarts, mais une fois nommé gouverneur, le duc entreprit de grands travaux défensifs et d'embellissement de la ville, parmi lesquels la reconstruction de l'horloge, achevée en 1603. Mais l'inondation exceptionnelle du 14 Novembre 1651 fit s'écrouler deux arches et la tour, emportant l'horloger, son épouse, ses trois filles et leur domestique. Un pont de bateaux est mis en place, mais le 30 novembre une autre crue exceptionnelle détruit ce qui reste du pont. La reconstruction du pont dès 1652 exigea la mise en place d'un péage de 25 ans pour son financement, péage qui fut prorogé par lettre de Colbert en 1682.
Il n'y a aucun renseignement sur les événements avant l'an mil, sauf deux crues exceptionnelles en 580 et 592. Au début du XIe siècle, une crue ayant emporté le pont existant, l'évêque Saint Hugues (1053-1132) fait construire, vers 1095, le premier pont de pierre, qui fut emporté, un siècle plus tard, par la catastrophique inondation de septembre 1219, le Déluge de Grenoble, dont Grenoble mit des années à se remettre. Les inondations et les inévitables réparations se succèdent : 1377, 1469, 1471.
Construit en 1837 en même temps que les travaux de construction des quais, c'est un pont suspendu en fil de fer à tablier en bois. Le projet initial qui comportait trois arches, se transforme en deux arches fixes de 8 m en pierre de taille et d'une travée centrale de 59 mètres. Le tablier a une largeur de 6m 70. La construction du pont, d'un coût de 256 000 francs est financée par la ville (c'est exceptionnel à l'époque) qui contracte un emprunt. Un péage autorisé par ordonnance royale du 21 Août 1838 est mis en place pour 50 ans pour financer cette construction, qui résiste aux dernières grandes crues que connait la ville en 1840, juillet 1843, 1856 et même à l'inondation catastrophique du 1-2 novembre 1859 et celle de 1875.