Est un texte qui constitue un tournant pour la psychanalyse. Il contient en germe les profondes modifications de la deuxième topique. Outre l'aspect descriptif du phénomène narcissique qu'on retrouve dans les choix amoureux, dans la psychologie de la femme et dans son rôle dans la psychose, il remet en cause la première et radicale dualité freudienne : pulsions sexuelles contre pulsions d'autoconservations. Le moi peut être l'objet d'investissement de la pulsion sexuelle et pas seulement une sorte de régulateur qui leur impose un travail psychique (rêve, compromis, symptômes) au nom de la conservation . Le dualisme de Freud se trouve rétabli en 1920 lorsqu'il introduit une division entre Éros et la pulsion de mort (Freud n'a jamais nommé cette dernière Thanatos comme d'autres psychanalystes l'ont fait). De la première topique, Éros inclut les pulsions sexuelles et d'autoconservation alors que la pulsion de mort représente la tendance innée à l'abaissement des tensions Principe de Nirvana, à la répétition et à la mort.
La névrose est la pathologie du conflit psychique, qu'il s'agisse de doute ou de culpabilité, d'angoisses etc. Sa particularité réside dans le refoulement qui est la conséquence du conflit psychique et des symptômes qui s'ensuivent.
La psychanalyse en explique l'émergence du fait de l'impossibilité de satisfaire une pulsion dans la réalité. La pathologie apparaît alors comme un compromis : le symptôme. La guérison emprunte selon Freud trois voies :
Plusieurs névroses sont distinguées :
Pour Freud, le travail de culture implique des renoncements qui parfois amènent à des névroses ou autres troubles psychiques. C'est l'impossibilité de ce renoncement qui conduit à la névrose ou à d'autres « solutions » (délire, retraits psychiques, perversion, etc.). La pulsion sexuelle ne peut faire l'objet ni d'un interdit absolu ni d'une satisfaction totale. Le compromis névrotique est une voie de dégagement mais il peut induire une énorme souffrance et c'est ce qui conduit quelqu'un à souhaiter et à entreprendre un traitement psychanalytique.
Pour Freud la psychose résulte d'un conflit, non-pas entre instances internes (ça, moi, surmoi, idéal du moi), mais entre le ça et la réalité. Dans le névrose, le conflit intrapsychique se situe entre le ça et les exigences du surmoi incluant l'idéal du moi. Dans la psychose, en fait on devrait dire les psychoses, il s'agit donc et avant tout de la perte de la réalité, ce dernier terme se référant tant la "réalité interne" qu'externe (perception). Freud n'a pas lui-même traité de psychotique et ses théorisations résultent pour la plupart du texte du "président Schreber" qu'il a lu et interprété sur la base de la psychanalyse. Au niveau théorique, le fondateur de la psychanalyse reste fidèle à ses idées sur la sexualité, notamment pour les interprétations concernant le Président Schreber qui lutte contre son désir homosexuel en construisant un délire à propos d'un lien intime avec Dieu par l'entremise des rayons, etc. Freud considérera plus tard que la psychose n'est pas accessible à la cure psychanalytique du fait d'un fonctionnement narcissique en circuit fermé: le psychotique ne peut - selon lui - opérer de transfert sur un psychanalyste et aucune cure n'est ainsi possible. Ses successeurs tiendront plus ou moins la même position, par exemple dans le brillant article de Victor Tausk sur la machine à influencer qui explique magnifiquement les mécanismes à l'œuvre mais ne donne que peu ou pas du tout de piste pour les traitements.
C'est dans les années 1950 et suivantes que des analystes s'essayeront au traitement des psychotiques, une des précurseurs a été la psychologue suisse Marguerite Sechehaye qui a traité une patiente schizophrène puis ce sont essentiellement les kleiniens (Herbert Rosenfeld, Donald Meltzer et en France Paul-Claude Racamier et autres) qui se ont attelés à appliquer les théories psychanalytiques aux psychotiques, soit dans le milieu hospitalier, soit en ambulatoire soit en conjonction des deux ou encore dans des dispositifs d'hôpitaux de jour. Harold Searles est célèbre et reste emblématique du traitement des schizophrènes par la psychanalyse. Son livre: L'Effort pour rendre l'autre fou a marqué des générations de psychiatres, de psychologues et d'analystes pour l'impact qu'il a eu dans les traitements de psychotiques.
Ce terme n'a pas été utilisé par Freud. Les « cas limites » ne relèvent ni de la névrose, ni de la psychose ni encore de la perversion. Il s'agit d'une catégorie descriptive, puisqu'aucune étiologie commune ne permettrait de rendre compte des problématiques fort différentes que supposent les différents états limites. Le trouble de la personnalité borderline se comprend donc comme métaphore.
La notion d'état limite est cependant par elle-même critiquée et la définition qu'en donnent le DSM et la CIM sortent du modèle psychanalytique dans le sens où elles en font une maladie à symptômes déterminés, fixés et même réifié. Il s'agit de « naturalisation » du symptôme, vision opposée à celle de Freud et de ses successeurs.
La perversion est corollaire de la notion de sexualité infantile et de ses évolutions. Selon la formule, « L'enfant est un pervers polymorphe » - dans le sens où la pulsion se satisfait aux plaisirs d'organes, indépendamment du but et de l'objet. Ceci est à différencier d'une perversion structurée d'adulte où le plaisir d'organe et ses conditions priment sur la génitalité. La perversion prend cependant un autre sens en psychanalyse, puisqu'elle en vient, à partir de la sexualité, à désigner une structure, une réalité psychique particulière. Cette perversion s'oppose à la névrose, puisque le refoulement de la motion sexuelle n'a pas lieu. Mais cette structure n'est pas non plus la psychose, puisque il n'y a pas construction d'une nouvelle réalité.
Freud, à partir de l'étude du fétichisme sexuel, en vient à décrire la perversion comme « solution » face à l'angoisse de castration, donc comme mécanisme de défense face à une angoisse de type névrotique. Cette solution est le clivage : une partie de la personnalité reconnaît la castration, l'autre la dénie, ces mécanismes (le clivage et le déni) appartenant aux solutions psychotiques. Ce modèle de la perversion en fait donc une structure à part, et à part entière.
Presque en même temps que ses « Études sur l’hystérie » qui ont été publiées en 1895, Freud avait déjà découvert, avec cette jeune science de l’inconscient qu’il était en train d’inventer, qu’il pouvait, à partir des mécanismes de formation des symptômes hystériques, rendre compte également de la fabrication d’autres symptômes, obsessions, phobies et psychoses. Ainsi faisait-il ses premiers pas dans ce repérage nécessaire de la structure et de la différence, d’une part entre l'hystérie et la névrose obsessionnelle et d’autre part, entre la névrose et la psychose. Ce ne furent que des premiers pas, mais ils furent quand même décisifs au moins au sujet de la névrose. Ces mécanismes sont décrits dans deux articles qui ont pour titre « Neuropsychoses de défense », de 1894, et « Nouvelles remarques sur les neuropsychoses de défense », de 1896.
Dans le premier texte, il réussit à décrire comment se forment un symptôme hystérique ou une obsession. Ce qui les départage, c’est la possibilité ou non de pour chacun de transformer une souffrance psychique en souffrance corporelle. Quand cette possibilité n’existe pas, ou n’est pas suffisante, cette souffrance reste dans le psychique et se traduit par des obsessions. Une obsession est une idée qui vient au sujet, sans qu’il puisse la chasser de son esprit, même si, par ailleurs, elle lui parait totalement saugrenue. De ces obsessions, Freud en donne déjà quelques exemples, l’obsession pour quelques femmes de se jeter par la fenêtre ou encore de blesser leurs enfants avec un couteau. On ne peut se libérer de ses symptômes, hystériques, au niveau du corps, et de ses obsessions dans le psychisme, que si l’on réussit à retrouver leur sens refoulé par le travail de l’analyse. Ce sens, selon la découverte freudienne, est toujours sexuel.
Freud, en ce premier temps de l'élaboration de la psychanalyse, a déjà découvert, que dans la psychose, la représentation dite inconciliable qui a été littéralement arrachée hors du conscient, rejetée, forclose, dira Lacan, ne laisse aucune trace inconsciente, et revient par contre à solliciter le mécanisme du délire. Dans le délire du Président Schreber, ce qui n’avait pas été assumé par lui d’une position féminine par rapport au père aurait ressurgi au délire de l'idée d’être transformé en femme, devenir l’épouse de Dieu et en recevoir des milliers d’enfants nés de son esprit.
Lacan amènera plus tard en avancée l'hypothèse de la forclusion du Nom du père, comme un mécanisme propre à la psychose.