Psychanalyse - Définition

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Méthode d'exploration du psychisme

La psychanalyse n'est pas qu'un ensemble théorique, une métapsychologie, c'est également une méthode d'exploration du psychisme humain. Cette méthode peut être appliquée afin d'étudier des œuvres d'art, des philosophies, etc. L'exploration du psychisme elle, se fait par diverses techniques :

  • L'interprétation des rêves qui sont, selon Freud, « la voie royale à la connaissance de l'inconscient ». Dans le cours de la cure, l'analyse du rêve permet notamment de découvrir les mécanismes de travail de symbolisation du psychisme.
  • Le patronyme du sujet, son lieu de naissance et l'actualité du moment.
  • L'analyse des actes du quotidien :
    • Les lapsus, les oublis, les négligences : ces actes manqués traduisent un conflit psychique qui met en jeu une tendance consciente et une autre, pré-consciente ou inconsciente, qui vient troubler le déroulement normal de la première. L'observation de ces tendances contradictoires permet de rendre vraisemblable l'hypothèse de l'inconscient.

Souvenirs d'enfance et souvenirs-écrans

Quand un analysant rencontre pour la première fois un analyste, sans doute lui décrit-il tout d’abord ses angoisses, ses symptômes et ses inhibitions, il parle aussi des circonstances de sa vie mais très vite, il commence à évoquer ses souvenirs d’enfance. Or Freud a donné à quelques-uns de ces souvenirs un nom plus précis, celui de « souvenirs-écrans ». C’est assez dire que ces souvenirs ne sont pas à prendre pour argent comptant, mais que, par contre, ils sont à prendre à la lettre, c'est-à-dire qu’ils sont à déchiffrer tout à fait comme le texte d’un rêve. Un souvenir-écran doit être interprété, car derrière des évènements apparemment anodins, sans intérêt, se cachent les évènements les plus importants de la vie du sujet, ce qu’on peut qualifier d’événements traumatiques, à condition bien sûr de donner à ce qualificatif sa portée exacte.

Freud a consacré deux textes à ces souvenirs-écrans, un daté de 1899, « Sur les souvenirs-écrans », le second, qui fait partie de La psychopathologie de la vie quotidienne, a pour titre « souvenirs d’enfance et souvenirs-écrans ». Le titre est en lui-même intéressant puisque il pose que tous les souvenirs d’enfance ne seraient donc pas des souvenirs-écrans.

Il écrit, dans ce dernier texte : «  je suis parti de ce fait bizarre que les premiers souvenirs d’enfance d’une personne se rapportent le plus souvent à des choses indifférentes et secondaires, alors qu’il ne reste dans la mémoire des adultes aucune trace (je parle d’une façon générale, non absolue) des impressions fortes et affectives de cette époque ». Tout a sombré dans l’amnésie des premières années de l’enfance, tout, sauf quelques souvenirs souvent indifférents mais de plus incongrus.

Un des exemples de ces souvenirs-écrans que Freud indique démontre à quel point il était un lacanien avant la lettre et que, dans le déchiffrage de toutes ces petites formations de l’inconscient, il procédait toujours comme un linguiste, alors que la linguistique en tant que science n'était pas encore été inventée. Un homme, l’un de ses analysants, ayant déjà eu beaucoup de déboires dans sa vie sentimentale, était l’aîné de neuf enfants, et il était âgé de quinze ans lorsque naquit sa dernière petite sœur. Or il semblait ne garder aucun souvenir d’avoir vu sa mère enceinte, alors que pendant ces quinze années cela aurait dû pour le moins le frapper. Seul un souvenir-écran lui permit d’en prendre conscience : Il « finit par se rappeler qu’à l’âge de onze ou douze ans il vit un jour sa mère défaire hâtivement sa jupe devant une glace… Il complète ce souvenir en disant que ce jour-là sa mère venait de rentrer et s’était sentie prise de douleurs inattendues. Or, le délaçage (Aufbinden) de la jupe n’apparaît dans ce cas que comme un souvenir-écran pour accouchement (Entbindung). Il s’agit là d’un « pont verbal » dont nous retrouverons l’usage dans d’autres cas ». En tout cas, c’est ce pont verbal Aufbinden implique Entbindungqui permet de franchir cet écran du délaçage de la jupe à la mise au monde de l’un de ses nombreux frères et sœurs.

Parmi ces souvenirs d'enfance analysés par Freud, celui de Goethe est remarquable.

Principe du déterminisme psychique

L'hypnose qu'utilisaient Joseph Breuer et Jean-Martin Charcot est une méthode qui ne put satisfaire Freud qu'un temps, ne convenant pas à tous les patients et n'allant pas de pair avec un travail au long terme sur le transfert. Pour la remplacer, Sigmund Freud utilisera un principe qu'il attribue à Jung, principe suivant lequel une idée qui se présente à l'esprit ne peut être arbitraire et doit donc avoir un antécédent déterminé. Dans les Cinq leçons sur la psychanalyse, il précise ainsi sa pensée :

« Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a, à ses yeux, rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on n'a pas l'idée d'en supposer. »

Le rêve n'est donc pas le théâtre d'images hallucinatoires dépourvues de sens, le lapsus n'est pas un simple accident sans conséquence, pas plus qu'une idée ne traverse l'esprit sans raison apparente. L'idée subit une déformation plus ou moins forte avant de parvenir à la conscience, mais conserve toujours, selon l'hypothèse, une certaine "ressemblance" avec ce dont elle est la manifestation. Tous ces phénomènes peuvent donc faire l'objet d'une méthode d'interprétation qui révèle l'existence de tendances non-conscientes, refoulées par l'individu. Sans doute faut-il voir dans l'affirmation de ce principe le souci de Freud de hisser la psychanalyse au rang de science. « On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique inconscient et de travailler scientifiquement avec cette hypothèse », proteste-t-il en 1915 (in Métapsychologie). Mais le principe du déterminisme, qui est le requisit de toute science expérimentale, est bien la « foi » du psychanalyste : pas plus dans le monde psychique que dans le monde physique, un phénomène ne peut se produire sans cause.

« Bien plus : il fait souvent appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique. (op. cit) »

Interprétation du rêve

Pour Freud, tout acte psychique a un sens ; le rêve doit donc posséder un sens susceptible d'interprétation. La méthode d'interprétation sera une transposition de la méthode pour le traitement des troubles psychiques, car, selon lui, il y a des analogies entre ces derniers et la vie onirique. Comme dans un symptôme, la conscience perçoit des idées qui lui sont étrangères et dont elle ignore l'origine. La méthode sera fondée sur le même principe de déterminisme psychique : le patient énonçant librement une suite d'idées se rapportant à son rêve doit pouvoir s'en faire lui-même l'interprète.

La thèse de Freud sur le rêve est que celui-ci est la réalisation d'un désir. Le rêve de l'adulte est en ce sens identique au rêve de l'enfant, mais il est déformé par les nombreux interdits qui résultent de l'éducation et de la culture.

Le rêve est composé du contenu manifeste et du contenu latent. Le travail du rêve est celui des mécanismes psychiques qui déforment le contenu latent ; le travail d'analyse consiste à interpréter le contenu manifeste pour retrouver le sens caché. Cette interprétation passe donc par le travail d'analyse du rêve.

Types de rêves

Dans sa première théorisation Freud distinguait trois types de rêves suivant la relation des contenus :

  • rêves simples et non voilés, c'est-à-dire que contenus manifeste et latent sont identiques : rêves d'enfants, réalisation de désirs (rêve de confort) ;
  • rêves cohérents mais en apparence immotivés ;
  • rêves incohérents, absurdes ; ce sont souvent les rêves les plus longs.

Mécanismes du rêve

Freud distingue plusieurs mécanismes psychiques :

  • La dramatisation : la production du rêve se situe dans un contexte narratif (histoire, fable, mythologie) ou transformation d'une pensée en situation ;
  • La figuration : tout rêve est une expression métaphorique (imagée), sous forme de sensations visuelles accompagnées d'affects ou sous forme de rébus ;
  • La condensation : le rêve représente par un seul élément du contenu manifeste une multiplicité d'éléments (image, représentation...) du contenu latent. Inversement, un seul élément du contenu latent peut être représenté par plusieurs éléments du contenu manifeste. C'est un travail de « compression » dont Freud dit qu'il est différent d'un simple résumé. Par exemple, une personne peut tout à coup revêtir l'apparence d'une autre et prendre le caractère d'une troisième ;
  • Le déplacement : procédé par lequel un trait secondaire ou un détail insignifiant dans le récit acquiert dans l'interprétation une valeur centrale. Il n'y a pas de correspondance entre l'intensité psychique d'un élément donné du contenu manifeste et celle des éléments du contenu latent auquel il est associé.

Psychopathologie de la vie quotidienne

Freud en vient, en 1905, à appliquer le principe du déterminisme psychique afin d'expliquer les comportements les plus habituels. À partir de la maladie, à partir des théories que lui inspirèrent la névrose, Freud analyse les comportements qui relèvent du commun : l'analyse va du pathologique vers le normal.

Si le rêve est un processus particulier réservé à une partie du vécu seulement, la psychopathologie de la vie quotidienne affirme le « pouvoir » d'interprétation de la psychanalyse quant à la vie de tous les jours. Les erreurs de langage, les oublis, les mots d'esprit deviennent des révélateurs de tendances psychiques inconscientes chez tout un chacun.

Le livre que Freud publie en 1905 ne vaut cependant que comme application du modèle théorique de la psychanalyse afin d'interpréter, car si ce modèle sera remanié bien des fois - il l'est encore -, les premiers modèles psychanalytiques de l'esprit humain apparaissent dès avant 1900.

Avec l'interprétation des rêves et le livre sur le rapport du mot d'esprit à l'inconscient, la psychopathologie de la vie quotidienne met en évidence la structuration de l'inconscient comme un langage, ce que Lacan reprend dans son enseignement.

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