Résidence Palace | |
Localisation | Bruxelles, Belgique |
Usage | Conseil de l'Union européenne, Hôtel, Piscine, Théâtre |
Construction | |
Date | 1923 à 1927 |
Architecte | Michel Polak Marcel Peeters |
Hauteur | |
Toit | |
Détails techniques | |
Étages | |
Superficie | Superstructure 45.000 m² (bureaux et salles de conférence) Infrastructure 15.000 m² |
La construction, au cœur du quartier Léopold, du Résidence Palace, à mi-chemin entre l’hôtel et l’immeuble à appartements de luxe, semble rétrospectivement anachronique. Elle témoigne en effet d’une foi dans une vocation résidentielle du quartier qui régressera de manière spectaculaire après la Seconde Guerre mondiale, pour se transformer en principal quartier d'affaires de la capitale belge.
Descendre à la station de métro : Schuman. |
L’initiative est due à un des pionniers du développement des immeubles à appartement de luxe à Bruxelles, Lucien Kaisin, fondateur du Crédit général hypothécaire et mobilier. À l’instar de la Société Belge Immobilière, il surfe sur une nouvelle vague encouragée par la législation sur la copropriété et le crédit hypothécaire, censée résoudre les problèmes de logement de la classe moyenne.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale en effet, non seulement le coût de la construction est devenu inabordable mais la domesticité se fait de plus en plus exigeante et indocile. Alors qu’elle avait marqué jusque-là un attachement inconditionnel à la maison individuelle, une partie de la bourgeoisie est désormais mure pour la vie en appartement, avec toutes les commodités modernes. Des complexes d’appartements luxueux, pourvus de services collectifs comme le restaurant, la salle des fêtes, le club privé, le théâtre ou la piscine, existent déjà dans les grandes capitales. Pourquoi pas à Bruxelles ?
Après le Résidence Palace, l'homme d'affaires bruxellois Lucien Kaisin finance encore Les Pavillons Français, immeuble de 15 étages situé à la rue du Noyer, 282 à Schaerbeek et la Résidence de la Cambre, premier gratte-ciel bruxellois de 17 étages planté le long du boulevard Général Jacques (No. 20), qui s’inspire des formes de l’art déco new-yorkais. Les deux immeubles sont signés par l’architecte Marcel Peeters.
Inauguré en 1927, le Résidence Palace connaît un engouement aussi massif qu’éphémère. Les appartements sont loués en un temps record et la vie mondaine y déploie chaque semaine ses fastes. La résidence s’adresse à une clientèle fortunée très cosmopolite où se côtoient gens de la noblesse, diplomates et hommes d’affaires. Promise à de beaux jours, la mayonnaise ne prend pourtant pas. Durant la guerre une partie du bâtiment est utilisée par l'occupant nazi. Au lendemain de la guerre, le complexe ne se relève pas des réquisitions dont il a été l’objet.
L’État belge, à la recherche de vastes immeubles pour y abriter ses fonctionnaires, s’en porte acquéreur en 1947. Situé dans le prolongement de la rue de la Loi, l’immeuble est idéalement situé. Il le transforme en bureaux et n’hésite pas à le surélever d’un étage (1953).
Une campagne de rénovation et d’extension du Résidence Palace est ensuite confiée à André et Jean Polak au début des années 1970. L’arrière de l’immeuble, encore séparé de la rue de la Loi par quelques maisons particulières, sert alors de support à une extension de bureaux dont le mur-rideau de verre et d’aluminium est censé s’harmoniser avec la façade du Berlaymont qui vient d’être achevé en face. Des infrastructures d’origine subsistent toutefois le théâtre, le restaurant et la piscine.
Ainsi, en 1986, le metteur en scène et directeur de théâtre Albert-André Lheureux obtient de réaffecter le théâtre à une programmation permanente. Faute de moyens financiers, il devra cependant abandonner la direction quelques années plus tard.
En 1988, le Résidence Palace est amputé de l’aile Juste Lipse et d’une partie de l’aile Cinquantenaire pour accroître le périmètre destiné au bâtiment du Conseil de l'Union européenne. Une nouvelle façade latérale est construite dans un style d’intégration.